L’homme qui répare les femmes

"Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre"

Récipiendaire du Prix Sakharov attribué en 2014 par le Parlement européen, le Dr Denis Mukwege est un gynécologue congolais qui a fondé et travaille à l'hôpital de Panzi à Bukavu (République Démocratique du Congo – RDC), spécialisé dans le traitement chirurgical des victimes de viol. Le Dr. Mukwege est devenu un expert de tout premier plan de la prise en charge des dommages physiques internes causés par les viols collectifs. Outre son travail en tant que médecin, le Dr. Mukwege est également engagé dans la défense des droits humains et poursuit un travail de sensibilisation de l'opinion mondiale sur la question de la violence sexuelle en RDC.

Le Dr. Mukwege et ses patientesLorsque Denis Mukwege a fondé la clinique de Panzi en 1999, il pensait se consacrer à des activités d'obstétrique traditionnelles, telles que naissances et césariennes. "Lorsque je vivais en France, ne n’avais jamais vu de femme mourir en donnant la vie, et je pensais que je pouvais être utile à mon pays d'origine, où ces choses se produisent de façon quotidienne, en offrant de meilleures conditions d’accouchement". La réalité hélas confine à une horreur encore bien plus grande. "Mes premières patientes étaient des femmes dont le système reproductif tout entier avait été massacré par des armes à feu". Le Dr. Mukwege était totalement sidéré: "Jamais je n'aurais pu imaginer une telle chose".


Depuis ces premières expériences, plus de 40.000 femmes ont été soignées dans la clinique du Dr. Mukwege, un chiffre qui donne une idée de l'ampleur sans précédent de la tragédie.

Le viol en tant qu'arme de guerre

"Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre", a déclaré le Dr. Mukwege en Novembre l'année dernier lors de la remise du prix Sakharov du Parlement européen pour la liberté de pensée. "Dans chaque femme violée, je vois ma femme. Dans chaque mère violée, je vois ma mère et dans chaque enfant violé, je vois mes propres enfants" poursuit-il. "Nous avons passé trop de temps et d'énergie à réparer les conséquences de la violence. Il est temps de s’occuper des causes de cette violence"

Un récent film du cinéaste belge Thierry Michel, L'homme qui répare les femmes – La Colère d'Hippocrate souligne les efforts de Mukwege pour restaurer les vies brisées de ces femmes. Cependant le film de Michel ne s’attache pas seulement à suivre le Dr Mukwege  et son équipe de l'hôpital de Panzi dans leur engagement à soigner les blessures physiques et psychologiques des victimes de viol, il dénonce aussi l'utilisation systématique de la violence sexuelle contre les femmes par les forces armées et les milices dans l'est de la RDC, ainsi que l'impunité dont bénéficient les auteurs de ces violences.