Le problème de la drogue en Europe devient « de plus en plus complexe »

Rapport européen sur les drogues 2014

Le problème de la drogue en Europe devient de plus en plus complexe en raison de nouveaux défis suscitant des inquiétudes en matière de santé publique. Telles sont les conclusions du Rapport européen sur les drogues 2014 : tendances et évolutions publié le 27 mai par l’agence sur les drogues de l’UE (EMCDDA) à Lisbonne. 

Dans son rapport annuel consacré au problème de la drogue, l’agence fait de nouveau état d’une situation globalement stable, avec quelques signes positifs concernant les drogues les plus implantées. Cependant, les nouvelles menaces que présentent les drogues de synthèse et notamment les stimulants, les nouvelles substances psychoactives et les médicaments de plus en plus répandus sur un marché européen en constante évolution, viennent contrer cette situation.

« Je suis profondément préoccupée par le fait que les drogues consommées aujourd’hui en Europe puissent s’avérer plus nocives pour la santé des usagers que par le passé. Certains signes montrent que l’ecstasy et le cannabis vendus dans la rue sont de plus en plus fortement dosés. Je remarque également que le système d’alerte précoce de l’Union européenne, notre première ligne de défense contre les nouvelles drogues, subit une pression croissante, le nombre et la diversité des substances étant en progression constante. Cette année, le système a déjà permis d’examiner quatre nouvelles substances liées à des cas d’intoxication aiguë et de décès dans les États membres ». 

Cecilia Malmström, Commissaire européenne aux affaires intérieures

https://www.youtube.com/watch?v= PUVsZJQh_HQ

Aperçu général des tendances et des évolutions à long terme

L’héroïne présente des signes de déclin mais des substances qui la remplacent suscitent des inquiétudes

Les données les plus récents font état d'une tendance à la baisse de l'usage et de la disponibilité de cette drogue; cependant le rapport évoque les inquiétudes de voir l'héroïne remplacée par d'autres substances comme les opiacés de synthèse produits de manière illégale ou détournés de sources médicales (par exemple: fentanyls, méthadone ou buprénorphine)

Décès liés à la consommation de drogues : baisse globale, mais hausse dans certains pays

Le nombre des décès par overdose a diminué de 7 100 en 2009 à environ 6 100 en 2012. Cependant, contrastant une tendance européenne globalement encourageante, le nombre d'overdoses demeure élevé ou est en augmentation dans plusieurs pays. Des taux supérieurs à 50 décès par million d'habitants ont été observés en Estonie, Norvève, Irlande, Suède et Finlande

VIH: la résurgence de l'épidémie dans certains pays a un impact sur la tendance générale

Alors que des progrès importants ont été faits au sein de l'UE dans la lutte contre l'infection par le VIH, les résultats les plus récents montrent que les évolutions dans certains pays (en Grèce, Roumanie et dans certains pays Baltes) compromettent le recul à long terme du nombre de nouveaux cas de VIH diagnostiqués.

Cocaïne stable ou en baisse, mais inquiétudes croissantes concernant la méthamphétamine et la MDMA

La cocaïne reste le stimulant illicite le plus communément consommé en Europe, cependant le rapport souligne une augmentation de la disponibilité de la méthamphétamine ainsi que la réémergence de poudres et de pilules d'ecstasy fortement dosées en MDMA.

Nouvelles substances psychoactives: le système d'alerte précoce de l'UE "sous pression"

Le rapport ne constate aucun ralentissement de l'augmentation du nombre, des variétés ou de la disponibilité des NSP. En 2013, 81 nouvelles drogues ont été signalées, ce qui porte à plus de 350 le nombre de nouvelles substances surveillées par l'agence.

Cannabis : controverses, contrastes et contradictions

Les études montrent que le cannabis reste la drogue qui polarise le plus l’opinion publique, ce quicontribue à animer le débat public récemment alimenté par des événements internationaux en matière de contrôle de la disponibilité et de l’usage. Les débats européens sur le contrôle du cannabis ont tendance à se focaliser sur les questions d’approvisionnement et de trafic plutôt que sur celle de la consommation personnelle. Et ce, alors que le nombre total de délits pour détention et usage de cannabis augmente régulièrement depuis près d'une décennie.