Interview de João Goulão

João Goulão

"Nous sommes très satisfaits quand un pays cesse de considérer le toxicomane comme un criminel"

Elena Goti et Michèle Bellasich, représentants de Dianova, ont rencontré João Goulão durant la 58ème session de la CND (Vienne, mars 2015). João Goulão est membre du Conseil d’administration de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) et directeur du Service d’intervention sur les conduites addictives et les dépendances (SICAD), au Portugal.

Médecin de formation, M. Goulão possède plusieurs dizaines d’années d’expérience dans le domaine des drogues, au plan politique mais aussi dans la prévention et le traitement, au plan national, européen et international.

Notre première question était liée à la position qu’il occupe au conseil d’administration de l’OEDT. Nous lui avons demandé si l’OEDT avait noté des changements dans les données qu’elle enregistre du fait des nouvelles tendances en matière de législation sur le cannabis.

Sa réponse a été négative. Il a cependant ajouté que même si les registres européens ne montrent pas de changement significatif, les responsables des pays concernés restent malgré tout en alerte.

En tant que principal responsable des politiques drogues au Portugal, M. Goulão a ajouté que la situation économique de son pays est grave et que la majeure partie des efforts sont orientés aux questions de logement, de santé, de pauvreté ainsi qu’au problème de la marginalisation croissante d’une partie de la population. Il affirme cependant que les autorités sont attentives face à la question des drogues et que davantage de ressources seraient alloués dans l’avenir.

En tant que chef de la délégation portugaise auprès de la 58ème session de la CND, M. Goulão nous a indiqué que le Portugal soutenait la participation de la société civile à toutes les étapes préparatoires de l’UNGASS.

Durant ces dernières décennies, l'Europe a progressé en matière de prévention, de traitement et de respect des droits de l'homme. C’est pourquoi, plutôt que de penser en termes de changement, l’Europe entend soutenir et encourager les pays à progresser dans certains domaines.

M. Goulão a fait part d’une émotion certaine lorsqu’il a déclaré : « Nous sommes très heureux quand un pays cesse de considérer le toxicomane comme un criminel, lorsqu’il abandonne la peine de mort et le compte parmi ceux qui ont besoin d’aide et de soins ».

Nous lui avons demandé quels étaient selon lui les changements à attendre dans la préparation de l’UNGASS et dans les résolutions de la CND. M. Goulão a réaffirmé que la question drogue et les modalités de traitement sont désormais relativement équilibrés sur le continent européen. Au plan général, il faut selon lui progresser sur la question des droits humains et l’amélioration des traitements en Amérique Latine et en Asie, ce à quoi le groupe européen s’engage. Il a terminé en soulignant combien le groupe européen était satisfait de voir certains pays abandonner le recours à la peine de mort pour les trafiquants, ou bien lorsque ces mêmes pays préfèrent désormais confier les personnes addictes au système de santé plutôt qu’à la prison.