Les marques de l’entreprise Unilever prennent une part active au changement social et mettent le développement durable au cœur de toutes leurs activités
Pour une entreprise, il existe de nombreuses façons de soutenir des causes sociales et de participer aux objectifs de développement durable, par exemple en collaborant avec des ONG comme Dianova ou par le biais de leurs objectifs en matière de responsabilité sociale corporative. Nous avons interviewé Ana Palencia, directrice de la communication et de la RSE d’Unilever Espagne. Depuis 2010, l’entreprise a mis en œuvre le plan Unilever pour un mode de vie durable, un projet transversal visant à améliorer la qualité de la vie de millions de personnes. L’objectif recoupe l’un des grands projets mondiaux de ces dernières années, le Programme 2030 pour le développement durable.
Pensez-vous que l’implication des entreprises est importante pour mener à bien des changements sociaux ?
Chaque jour, quelque deux milliards et demi de gens utilisent l’une ou l’autre des 400 marques d’Unilever. Une entreprise de grande consommation avec une présence mondiale comme Unilever a une grande responsabilité pour la société et la planète. Nous avons le devoir de montrer l’exemple et de promouvoir de nouveaux modèles économiques durables visant à améliorer la qualité de vie, la santé et le bien-être des personnes. Nous sommes capables de conduire de tels changements, mais nous ne pouvons pas le faire seuls: nous avons besoin de l’ensemble de notre chaîne de valeur et des autres entreprises, grandes ou petites. Par le biais du Plan Unilever pour un mode de vie durable, nous nous engageons à améliorer la qualité de vie, la santé et le bien-être de millions de personnes dans le monde d’ici à 2020, tout en développant notre entreprise par ailleurs. En Espagne, ces lignes de travail sont adaptées aux besoins locaux, avec des programmes tels que « Unilever Comparte » à Viladecans, la ville où se trouve le siège de la société en Espagne. Nous mettons aussi en œuvre des initiatives telles que le programme « Soy Frigo » pour lutter contre le chômage des jeunes et des groupes à risque d’exclusion, ainsi que des ateliers sur l’estime de soi destinés aux adolescents. Tout cela nécessite la participation d’organismes publics, d’organisations du tiers secteur et de centres éducatifs. La somme des efforts est la clé du succès et tout le monde est vraiment heureux de pouvoir contribuer.
Nous sommes conscients que les consommateurs accordent une grande importance à notre stratégie de développement durable. En Espagne, nous nous efforçons de mettre en évidence notre travail en matière d’impact social au travers de ces différentes initiatives. Les consommateurs savent que les marques ayant un objectif durable sont meilleures pour leur alimentation et leur hygiène, mais celles-ci prennent aussi une part active au changement social. Nous savons aujourd’hui que les marques engagées, qui représentent 70% de la croissance d’Unilever, se développent presque deux fois plus vite que celles qui ne le sont pas. Ce que nous voulons transmettre, c’est que le mode de vie durable doit intégrer les mœurs, c’est pourquoi nous mettons le développement durable au cœur de toutes nos activités.
A votre avis, quels sont les besoins sociaux les plus urgents et dans quels sont les domaines d’action de la RSE d’Unilever?
Le Plan Unilever pour une vie durable repose sur trois piliers. Deux d’entre eux ont un impact social clair. L’un d’entre eux est l’amélioration de la qualité de la vie. Nous concentrons nos efforts sur la promotion de l’égalité des chances pour les femmes. , l’équité sur le lieu de travail, ainsi qu’un soutien aux petits agriculteurs et aux petits distributeurs afin qu’ils adoptent des pratiques agricoles plus durables et améliorent leurs revenus. L’autre pilier est l’amélioration de la santé et du bien-être de millions de personnes grâce à l’accès à l’eau potable, une meilleure hygiène, une meilleure nutrition, l’accès à la santé bucco-dentaire, à l’estime de soi, etc. Ces objectifs sont sociaux, mais ils ont aussi une composante environnementale évidente. C’est pourquoi les actions que nous menons sont en majorité transversales. Par exemple, améliorer la nutrition signifie, d’une part, travailler sur des aliments durables et plus sains pour l’alimentation humaine, mais cela implique aussi de réduire la consommation d’eau ou de pesticides. Des données récentes montrent que les consommateurs, se préoccupent non pas que de leur propre santé, mais aussi de l’environnement. De fait, l’Espagne est l’un des pays les plus engagés à cet égard dans toute l’Union européenne. 75% des Espagnols préfèrent acheter des produits ayant un emballage respectueux de l’environnement, un chiffre que seuls les Italiens dépassent (81%).
Le Programme 2030 et les ODD veulent parvenir à des sociétés plus justes et plus équitables et des milliers d’organisations œuvrent à leur réalisation. Unilever est-il également impliqué à ce niveau ?
Comme vous l’avez souligné, le Plan Unilever pour un mode de vie durable est étroitement lié aux objectifs de développement durable de par leur approche transversale. Nous savons quels ODD affectent chacun de nos programmes et de nos actions. Nous estimons qu’il s’agit là d’un progrès important, car ils permettent d’avoir un langage commun pour travailler avec d’autres organisations en vue de l’adoption d’un modèle durable par les entreprises. La somme des différentes initiatives que nous promouvons dans Unilever a donc un impact sur les 17 objectifs de développement durable.
Pour Unilever, rien ne justifie l’augmentation des inégalités et la pression croissante exercée sur les ressources de la planète. La bonne nouvelle est que nous connaissons désormais la réponse à ces grands défis mondiaux, ce sont les objectifs de développement durable. Pour progresser dans la mise en œuvre de ces objectifs, nous devons passer d’une économie linéaire à une économie circulaire, ce qui implique de modifier nos habitudes de consommation. Le coût de l’inaction est supérieur à celui de l’action.
Quel est l’engagement d’Unilever en faveur d’une véritable égalité entre hommes et femmes?
Unilever a récemment obtenu le label Égalité dans les entreprises en Espagne. Et en mars dernier, ONU Femmes a reconnu son travail au Salvador en faveur de l’égalité entre les sexes avec son implication dans la campagne #HeForShe. Chez Unilever, nous pensons que l’autonomisation des femmes est le moteur principal du développement humain et de la croissance économique, et que le fait de modifier les normes et les stéréotypes qui freinent les femmes permettra à notre société et à notre entreprise de se transformer de manière positive.
Devenues autonomes, les femmes jouent un rôle essentiel dans la création d’économies prospères dans lesquelles notre entreprise peut se développer; de même, améliorer leurs opportunités permet aussi d’améliorer les nôtres. Dans le monde entier, les femmes contrôlent 64% des dépenses de consommation et font partie du groupe de consommateurs dont la croissance est la plus rapide.
L’égalité des femmes dans la population active mondiale représenterait 28 milliards de dollars supplémentaires pour l’économie mondiale en 2025 selon le McKinsey Global Institute. Cela représente une opportunité importante pour les entreprises, en particulier pour un pays comme le nôtre, où plus de 70% des consommateurs sont des femmes.
Pour promouvoir l’égalité des sexes, l’entreprise doit pouvoir développer une organisation avec une égalité des sexes axée sur la gestion. Depuis 2009, nous nous sommes engagés à développer une organisation équilibrée en termes de genre. Nous nous sommes fixé comme objectif que 50% des postes de direction soient occupés par des femmes en 2020.
D’autre part, dans le cadre de notre programme de soutien à la maternité et à la paternité, nous avons lancé notre politique mondiale de protection de la maternité, qui propose seize semaines de congé de maternité. Bien que les normes précédentes répondent déjà aux exigences locales, la nouvelle politique constitue une avancée importante étant donné qu’elle surpasse les réglementations locales dans 54% des pays dans lesquels nous travaillons.
Pour atteindre nos objectifs, nous avons créé la Commission pour l’égalité, qui nous a aidés à promouvoir diverses initiatives, telles que l’utilisation d’un langage neutre et inclusif, l’application du CV anonyme et la mise en œuvre de plans de recrutement équilibrés, entre autres.
Comment pensez-vous que l’autonomisation des femmes peut bénéficier à votre entreprise ?
La décision d’acheter nos produits relève en grande partie des femmes; il est donc essentiel d’encourager l’écoute active et la perspective de genre dans nos produits afin de mieux communiquer avec les personnes qui les utilisent. Par ailleurs, les femmes sont de plus en plus déterminées à prendre leur destin en main, également en ce qui concerne la formation et l’environnement de travail. Bien que le pourcentage de femmes dans certaines professions n’atteigne pas encore la parité, il augmente, en particulier dans les domaines liés à la technologie et à la durabilité. Pouvoir compter sur les femmes est essentiel pour offrir les meilleurs produits, de plus l’intégration de la perspective de genre dans tout ce que nous faisons crée un lien plus étroit avec notre chaîne de valeur. Si nous voulons promouvoir la durabilité au quotidien, les femmes sont d’excellents partenaires dans ce processus.
Par exemple, en Espagne, dans le cadre du programme de promotion de l’emploi « Soy Frigo » de 2019, nos participantes seront des femmes victimes de violences sexuelles, grâce à un partenariat avec la Fondation Ana Bella. La participation des femmes est d’autant plus importante que l’on est capable de leur permettre d’améliorer leur qualité de vie. Autre exemple, en Inde nous avons mis en œuvre un système de distribution dans lequel opèrent des femmes micro-entrepreneurs chargées de vendre nos produits. Le lien que nous maintenons avec elles grâce à ce partenariat leur permet d’être financièrement indépendantes et de changer leur réalité sociale. En échange, ces entrepreneuses ont d’excellents résultats du fait de leur parfaite connaissance du territoire. Adapter les initiatives à la réalité sociale de chaque pays est essentiel.