Un outil moderne : la communauté thérapeutique

Tandis que le XVIème symposium EWODOR s’ouvre aujourd’hui à Rome sur le thème de la communauté thérapeutique et du processus d’empowerment, Dianova publie un éditorial qui démontre que les communautés thérapeutiques ont su s’adapter aux nouveaux besoins et qu’elles ont aujourd’hui toute leur place dans l’offre de soins aux personnes addictes.

helping-handsPar Montse Rafel, directrice de Dianova International

Depuis leur création dans les années 50, les communautés thérapeutiques (CT) pour le traitement des addictions ont d’abord eu un développement rapide, d’abord en Amérique du Nord, puis en Europe, avant de peu à peu laisser la place aux traitements ambulatoires et aux programmes de traitement de substitution à partir des années 90.

Les CT modernes offrent un programme résidentiel en long séjour (de trois mois à plus d’un an) destiné aux personnes dépendantes des drogues ou de l’alcool. Elles procurent aux usagers un environnement sûr et sans drogues dans lequel la vie communautaire joue un rôle essentiel. La réadaptation des usagers s’effectue non seulement au travers d’une prise en charge professionnelle et  individualisée (psychologue, psychiatre, thérapeute), mais aussi et surtout grâce aux éléments restructurant apportés par l’influence du groupe et par les modèles d’identification positifs – c’est le fameux role model  joué par les usagers seniors. Les usagers se voient confier des niveaux de responsabilité croissants au fur et à mesure  de leur implication dans la communauté et de leur respect de ses règles collectives. Ainsi, l’usager va cheminer dans son propre processus de changement, reprendre peu à peu confiance en lui-même et en ses capacités et avancer vers la resocialisation et l’autonomie.

Par ailleurs, le succès réel des traitements de substitution (méthadone, buprénorphine) dans la prise en charge des personnes dépendantes des opiacés, ne doit pas occulter les problèmes inhérents à ce type de traitement : mauvaise utilisation ou détournement des produits (injection, revente), opposition de certains patients à ce projet thérapeutique, ou encore difficultés de prise en charge des maladies psychiatriques. Les expériences conduites entre autres par Dianova (notamment au Canada et en Espagne, avec ou sans projet de sevrage) montrent que les CT peuvent aussi être une solution à ce type de problème : les patients en traitement de substitution ont pu y bénéficier de la prise en charge globale de la communauté thérapeutique, sans impact particulièrement négatif sur les autres usagers ou sur la dynamique du groupe.

Terrebonne therapeutic communityAu cours des trente dernières années, les CT se sont modifiées, parfois spécialisées, pour s’adapter à l’évolution des profils cliniques des personnes en demande de traitement. Elles ont intégré des ressources professionnelles ainsi que des approches psychosociales reconnues comme les thérapies cognitives comportementales ou l’entretien motivationnel – tout en préservant leur projet thérapeutique fondé sur « la communauté comme méthode ».  Ces CT modifiées peuvent apporter une réponse efficace à des besoins thérapeutiques toujours plus complexes, face auxquels les traitements ambulatoires (comorbidités psychiatriques) ou les stratégies de substitution (polytoxicomanies, nouvelles drogues, non-adhérence au projet) sont parfois démunis.