‘Le multilatéralisme est la seule option’

Face à la crise du Covid-19 tout comme aux autres menaces au plan mondial, le multilatéralisme est un remède contre la vulnérabilité des États

Multilateralism matters

Les organisations multilatérales doivent être soutenues afin de sortir plus fortes de la crise actuelle, tout en apportant des réponses aux autres problèmes mondiaux – photo: Alliance for Multilateralism

Par María Victoria Espada – Le 24 avril, le monde célèbre la Journée du multilatéralisme et de la diplomatie pour la paix. Initiée en 2019, cette journée permet de promouvoir les trois piliers fondamentaux des Nations unies : le développement durable, les droits humains, ainsi que la paix et la sécurité. Elle vise en outre à communiquer, à défendre et à soutenir le multilatéralisme et la coopération internationale, valeurs intrinsèques de la Charte des Nations Unies et de l’Agenda 2030 pour le développement durable.

Au plan des relations internationales, le terme « multilatéralisme » désigne l’activité conjointe de plusieurs pays sur des questions d’intérêt commun. C’est une forme de prise de décision où le consensus et la négociation entre les parties concernées sont essentiels. Les principaux organismes multilatéraux ont été créés après la Seconde Guerre mondiale pour assurer la stabilité et la paix dans le monde et éviter les erreurs du passé, dues en partie à des actions unilatérales. Les Nations Unies représentent l’organisme multilatéral le plus connu.

À l’ère de la mondialisation, des questions comme le changement climatique, les tensions géopolitiques, les conflits armés, les défis posés par les nouvelles technologies, la protection des droits humains, les crises humanitaires et migratoires, les inégalités et la discrimination, le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le problème des drogues et les crises sanitaires mondiales sont, pour tous les pays, autant de questions transversales nécessitant une prise en charge et des réponses collectives.

Comme la pandémie de Covid-19 l’a mis en évidence au cours des derniers mois, les stratégies nationales indépendantes sont inefficaces et ce n’est qu’en agissant collectivement que les pays peuvent espérer y faire face.

Un autre exemple de collaboration inter-agences, suivi de près par Dianova, a été l’adoption en 2018 de la position commune des Nations Unies sur les drogues. Ce document a permis aux différentes organisations de s’entendre et de parler d’une seule voix.

Il semble évident que pour aborder les problèmes à l’échelle mondiale, nous avons besoin de réponses et d’initiatives qui sont le fruit de la solidarité et de la coopération internationale. Le multilatéralisme représente la meilleure, et même la seule option valide, pour contrer ces menaces mondiales.

 

Le multilatéralisme traverse pourtant une période de crise et il est depuis plusieurs années confronté à plusieurs défis. Parmi ces derniers il faut mentionner la divergence des intérêts et des positions au sein du système international, mais aussi la régionalisation du système, le bilatéralisme et le nationalisme, le protectionnisme et la xénophobie, la rhétorique populiste et l’extrémisme. Qui plus est, les conflits non résolus participent à réduire encore le rôle nécessairement limité des organisations multilatérales. Enfin, la reconfiguration des forces armées, le poids nouvellement acquis par certains pays avec la recomposition de l’économie mondiale, ainsi que la priorité donnée au national aux dépens de l’international, amènent des changements dans un équilibre mondial fragile, changements qui représentent un risque pour la paix et la sécurité de tous et un frein au développement durable.

Pour ces raisons, la coopération internationale est plus essentielle que jamais. Les organisations multilatérales doivent être soutenues afin de sortir plus fortes de ces crises, tout en apportant des réponses concrètes aux problèmes mondiaux. Mais elles doivent aussi être réformées et modernisées afin de pouvoir travailler en réseau avec le secteur privé, les universités, la société civile et d’autres acteurs sociaux afin de mieux répondre aux besoins des citoyens et ne « laisser personne derrière ». Comme la Conférence des ONG ayant des relations consultatives avec les Nations Unies (CoNGO) (dont Dianova International est vice-président) l’a souligné dans sa déclaration, le 75e anniversaire des Nations Unies (UN75) en 2020 représente une chance à ne pas manquer de promouvoir un multilatéralisme inclusif et faire ainsi avancer l’innovation en matière de gouvernance mondiale.

La société civile a également fait entendre sa voix par le biais d’initiatives comme celle d’UN2020, destinées à souligner l’importance du multilatéralisme et de l’ONU en proposant des recommandations collectives visant à renforcer l’organisation et le système de gouvernance mondiale.

Pour protéger les droits humains, la paix et la sécurité, et pour parvenir à un développement durable pour tous, la meilleure et même l’unique option est davantage de multilatéralisme, de dialogue, de collaboration et de solidarité.