L’Afrique crie !

Eugène Etse, directeur du GRADH, membre associé du réseau Dianova au Togo, fait le bilan de sa participation au CoDeS 2019

L'Afrique crie!

L’Afrique crie ! Nous devons commencer à changer l’Afrique avec les Africains. Avec notre connaissance du terrain et notre enthousiasme. Le soutien des partenaires extérieurs est d’une grande aide, mais il nous revient à nous Africains, de trouver les solutions les mieux adaptées à notre mode de vie, notre culture et notre identité

Par Yawo (Eugène) Etse – Durant cinq jours, du 1er au 5 octobre 2019, j’ai eu l’occasion unique de rejoindre à Valladolid, Espagne, un groupe de professeurs et d’étudiants aussi énergiques que compétents. La troisième édition du Congrès de formation sur le développement durable – CoDeS 2019 accueillait également, et ce pour la première fois, une journée de sessions parallèles consacrées aux articles universitaires, le CoDeS Academico.

Sous le thème: « Africa Grita ! » (L’Afrique crie), des universitaires et des représentants d’ONG d’Europe et d’Afrique se sont réunis pour participer à une semaine de conférences et d’ateliers, de discussions de groupe et d’autres activités sociales. J’ai participé à diverses de ces activités, ce qui m’a permis d’accéder à une foule d’idées et de points de vue intéressants que j’ai ramenés au pays afin de les utiliser au sein de l’ONG que j’ai fondée et que je dirige, le Groupe de Réflexion des amis pour le Développement de l’Humain (GRADH).

J’ai également eu la chance de partager mon expérience de travail au sein du GRADH avec notamment l’organisation du festival annuel de théâtre (FESTEH) lors de ma participation à l’atenir animé par Mme Jenny Mbaye : Villes créatives et transformation urbaine par l’art.

Les activités artistiques et culturelles privées changent le visage de la production artistique dans les pays africains. En même temps, le pouvoir transformateur de l’art et de la culture a la capacité d’influencer le comportement des gens. C’est précisément en puisant dans cette énergie vivifiante que le GRADH est capable de diffuser des messages positifs sur la santé et la coexistence pacifique dans les communautés togolaises locales, à travers des contes, des chansons et du théâtre traditionnels.

L’atelier sur la défense de l’environnement et la consommation durable des ressources naturelles, animé par Mme Elisabeth Wathuti, m’a donné matière à réflexion sur l’importance de la lutte contre le changement climatique. Le récit est en train de changer, et la lutte contre le changement climatique porte davantage sur le nombre d’arbres que nous pouvons faire pousser que sur le simple nombre d’arbres plantés. La survie à long terme est essentielle pour les arbres, car pour qu’ils puissent compenser les émissions de gaz à effet de serre générées par l’homme, ils doivent vivre au moins 100 ans.

Les jeunes et les écoliers ont un rôle clé à jouer dans cette lutte pour un avenir meilleur. Dans les sociétés occidentales, l’éducation les sensibilise à ces défis et les motive à prendre des mesures environnementales positives. En Afrique, cependant, il reste encore beaucoup à faire.

 

Le jeu de rôle interactif et la visite de la belle ville de Castronuño ont également été extrêmement inspirants. Dans le cadre du programme social CoDeS, nous avons parcouru 50 km pour rencontrer la population locale et partager un jeu sur la lutte contre le changement climatique. Cela m’a montré, d’un point de vue proactif, comment les actions individuelles et collectives peuvent façonner la manière dont nous abordons les conséquences du changement climatique.

Eugène Etse avec des représentants de la Croix-Rouge espagnole

Eugène Etse (au centre), Directeur général du GRADH, avec des représentants de la Croix-Rouge espagnole

 

Enfin, le 4 octobre, j’ai eu l’occasion de présenter mon article académique sur les Clubs des mères de la Croix-Rouge togolaise au CoDeS académique. Les Clubs de mères (CM) sont des groupes de femmes qui reçoivent une formation de la Croix-Rouge togolaise en matière de gestion d’activités génératrices de revenu, de santé maternelle et infantile, d’identification, d’hygiène et d’assainissement, de résilience et d’alphabétisation. Les 2 486 clubs de mères actuellement actifs rejoignent aujourd’hui plus de 50 000 Togolaises. Grâce aux activités menées par les clubs, la santé communautaire s’est améliorée, la participation des femmes au développement communautaire s’est accrue et elles ont maintenant un meilleur accès aux ressources financières. En outre, le nombre de filles scolarisées a augmenté. Les clubs de mère ont d’ailleurs fait l’objet de ma thèse de doctorat sur le rôle des volontaires dans le développement durable. C’était vraiment excitant et gratifiant de pouvoir présenter ce travail à un public international et de le faire examiner par un comité d’universitaires. Si l’article est publié, il contribuera grandement à l’obtention de mon doctorat.

Je suis très heureux d’avoir eu l’occasion de participer à ce congrès et de rencontrer autant de personnes et de représentants d’autres associations et universités, avec lesquels je poursuivrai mes échanges et préparerai de futures collaborations. Ce congrès était riche en éléments positifs. Les bonnes pratiques apprises des autres participants et des enseignants m’aideront à mieux utiliser la culture pour promouvoir des changements dans les comportements de santé et les habitudes de vie susceptibles d’avoir un impact sur l’environnement. Je suis maintenant plus convaincu que jamais qu’au lieu d’attendre des actions collectives, nous devons commencer à transformer nos villes en tant qu’individus – nous devons partir de nous-mêmes.

Enfin, j’aimerais souligner que j’ai pu vivre cette expérience fantastique grâce au soutien technique et logistique de Dianova et à la généreuse contribution de ses sympathisants à travers une campagne de crowdfunding dédiée. Je ne trouve pas les mots pour exprimer toute ma gratitude.

Africa grita. L’Afrique crie ! Nous devons commencer à changer l’Afrique avec les Africains. Avec notre connaissance du terrain et notre enthousiasme. Le soutien des partenaires extérieurs est d’une grande aide, mais il nous revient à nous Africains, de trouver les solutions les mieux adaptées à notre mode de vie, notre culture et notre identité. Des événements comme le CoDeS ouvrent la voie à de nouveaux processus de réflexion et d’échanges, où des solutions innovantes sont co-créées et développées dans un climat d’amitié et d’engagement pour le bien commun.

Merci au CoDeS. L’Afrique crie, maintenant c’est à notre tour de répondre !