Journée zéro discrimination 2018

La journée Zéro discrimination met l’accent sur le droit des personnes à vivre leur vie sans être victimes des préjugés, quels qu’ils soient

Vue de la campagne mise en oeuvre par ONUSIDA à l’occasion de la journée zéro discrimination

Par Pierre Bremond – Les discriminations en tous genres continuent de miner les efforts visant à parvenir à un monde plus juste et plus équitable. Dans le monde, des millions de personnes doivent faire face à la stigmatisation et à une discrimination ouverte – officielle même – fondée sur ce qu’ils sont ou sur ce qu’ils font.

Aujourd’hui dans le monde, 74 états punissent les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres par des peines de prison, de la torture, la peine de mort ou les travaux forcés. Dans treize de ces pays, l’homosexualité est passible de la peine de mort. En Égypte, le gouvernement prépare un projet de loi criminalisant l’athéisme – des milliers de personnes pourraient se voir infliger des amendes et des peines de prison pour le seul motif qu’ils ne croient pas en Dieu !

 

La discrimination est également omniprésente dans les sociétés les plus progressistes. Il peut s’agir d’un phénomène individuel, parfois interdit par la loi (par exemple : refuser de soigner une personne séropositive) ou d’un phénomène systémique – le fait de mettre des obstacles à l’embauche des personnes racialisées ; exclure des femmes qualifiées de domaines professionnels traditionnellement ‘réservés’ aux hommes ; cibler les personnes de plus de 50 ans en cas de compression d’effectifs ; la discrimination à l’emploi subie à cause d’un handicap, d’une maladie, d’une grossesse ; etc.

campagne onusida - affiche gay

« L’accepteriez-vous encore comme co-équipier s’il était gay? » – extrait de la campagne d’ONUSIDA

Stigmatisation et discrimination dans l’accès aux soins

Les discriminations qui touchent aux soins de santé sont également légion. Et les régions qui disposent d’une législation interdisant ces discriminations (par exemple, l’article  21 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne garantit le droit des personnes à ne subir aucune forme de discrimination) sont pareillement concernées, notamment au sein des populations les plus marginalisées et les plus stigmatisées.

Ces personnes sont souvent victimes de formes de discrimination multiples qui s’entrecroisent et s’aggravent mutuellement : en fonction de leur âge, leur race, leur appartenance ethnique, leur sexe, leur orientation ou identité sexuelle, leur état de santé, leur handicap, leur vulnérabilité face à la maladie, leur nationalité, leur situation de demandeur d’asile ou de migrant, ou leur passé judiciaire.

Ces discriminations prennent des formes diverses et se manifestent souvent par un refus de soins pour certains individus ou groupes – soins pourtant accessibles aux autres. Elles peuvent également prendre la forme d’un refus de services dont seulement certains groupes ont besoin, par exemple les femmes. Certains individus ou groupes peuvent aussi être victimes de mauvais traitements, de violence physique et verbale, de traitement forcé, de violation des principes de confidentialité et de consentement éclairé.

La discrimination qui s’exerce à l’encontre d’une personne en fonction de sa maladie ou de sa situation est également préoccupante. Selon une étude, l’addiction est la condition la plus stigmatisante comparativement aux autres troubles de santé mentale. Dans cette étude, la majorité des répondants acceptaient davantage les pratiques discriminatoires vis-à-vis des personnes addictes, se montraient plus sceptiques sur l’efficacité des traitements, et plus enclines à s’opposer à la mise en œuvre de politiques visant à les aider. Une autre étude souligne que les personnes présentant un trouble de l’utilisation de substances sont considérées par une majorité, y compris au sein du personnel de santé, comme « imprévisibles et dangereuses » et  « responsables de ce qui leur arrive ».

Combattre les discriminations dans l’accès aux soins et dans les établissements de soins est nécessaire à la réalisation d’une partie importante des objectifs du programme 2030 pour le développement durable, en veillant à ne laisser personne de côté. Pourtant il ne suffit pas de dire que « personne ne devrait être victime de discrimination » – il faut surtout agir. En matière de soins, il faut que chaque gouvernement institutionnalise l’égalité multidimensionnelle dans leur système de santé : en envisageant des sanctions dissuasives dans les cas de discrimination ; en proposant des formations aux professionnels de santé ; en encourageant des actions positives pour les personnes confrontées à un risque de discrimination multiple (la mise en œuvre par exemple de programmes de proximité mobiles ciblant différentes communautés ethniques).

Campagne ONUSIDA - affiche VIH

« Voudriez-vous encore d’elle pour amie si elle était séropositive? » Campagne ONUSIDA