Rencontre avec Inmaculada Gómez Ortiz, coordinatrice du financement public et international pour la Fondation Atenea
La Fondation Atenea est une entité généraliste à vocation internationale. Sa mission est de garantir les droits et améliorer la qualité de vie des personnes se trouvant en situation d'exclusion grave ou à risque de l'être; prévenir les facteurs qui en sont la cause et; promouvoir une transformation sociale et économique par l'innovation, l'intervention, la formation et la recherche dans le domaine social.
Depuis plus de 25 ans, la Fondation Atenea se spécialise non seulement dans l'intervention auprès des groupes les plus vulnérables – en termes de prévention, traitement, réduction des dommages et intégration sociale, entre autres – mais aussi dans la recherche sociale, via des projets en nom propre, des analyses et des projets d'évaluation des politiques publiques. Partageant des objectifs similaires, Dianova et la Fondation Atenea travaillent ensemble lors des différents forums internationaux.
Dianova: Quelles sont vos actions dans le domaine de l'intervention sociale?
Inmaculada Gomes Ortiz: Dans ce domaine, la Fondation Atenea développe des programmes pour les personnes touchées par différents facteurs d'exclusion (mineurs à risques ou en situation de conflit social, jeunes et familles en situation de vulnérabilité, personnes addictes, immigrés, personnes vivant avec le VIH, femmes victimes de violence, chômeurs, détenus et ex-détenus, etc.)
Nous nous concentrons sur les personnes et sur leurs droits. Nous travaillons avec et pour les personnes par le biais d'une analyse des facteurs susceptibles de favoriser l'inclusion sociale, mais tout en donnant priorité à l'intervention auprès de ceux qui sont les plus vulnérables et les plus exposés au risque. Par ailleurs, nous nous dédions à la recherche sociale, à la formation et aux actions de plaidoyer.
Quelles sont les tendances et les besoins émergents, comment y répondez-vous?
Je ne parlerais pas de besoins nouveaux ou émergents mais plutôt d'un nouveau contexte. Les causes de l'exclusion n'ont pas changé mais elles ont été exacerbées par la crise. Les inégalités existaient bien avant la crise, mais au fil des ans la fracture s'est encore élargie et les personnes les plus vulnérables sont les toutes premières concernées.
Nous sommes confrontés en même temps à une baisse des ressources et à une augmentation des besoins. C'est la raison pour laquelle nous essayons d'impliquer de plus en plus les bailleurs de fonds privés, sans oublier le rôle nécessaire que l'administration publique doit continuer à jouer afin de protéger les droits des plus vulnérables.
Le plaidoyer est d'une importance capitale dans le sens où il permet de faire entendre les personnes avec qui nous travaillons et de transmettre leurs demandes aux différentes personnes susceptibles d'influencer la conception des politiques publiques. Au cours des dernières années, la Fondation Atenea a accru ses efforts dans ce domaine en rejoignant de multiples réseaux et plates-formes d'organisations de la société civile, en assumant même des responsabilités au niveau du conseil d'administration dans plusieurs d'entre elles.
Quels sont les axes de recherche menés par la Fondation?
Depuis sa création, la Fondation Atenea mise sur la recherche sociale, sur l'évaluation de ses propres projets et des différentes politiques publiques, plans et autres programmes sociaux mis en œuvre par le gouvernement et agences associées. Cet engagement se traduit en une équipe stable qui observe et analyse la réalité qui nous entoure afin d'identifier de nouveaux domaines et méthodes d'intervention, tout en fournissant des indicateurs utiles visant à l'amélioration des politiques publiques qui concernent directement les personnes avec qui nous travaillons.
Nos recherches sont étroitement liées à nos domaines d'intervention et aux situations que vivent les personnes avec qui nous travaillons. On peut trouver sur notre site web les dernières recherches et études portant sur différents thèmes (enfants, femmes, immigrés, etc.)
Comment se projette votre travail au plan national et international?
En tant qu'entité à vocation internationale, la Fondation Atenea s'est proposé dans dernier plan stratégique 2011-2015 d'élaborer un plan d'internationalisation qui permettra de nous positionner dans de nouveaux territoires. Le travail a été concentré dans trois domaines d'intervention, plaidoyer, recherche et conseil et collecte de fonds, et dans trois espaces d'intérêt: les Nations Unies, l'Union européenne et l'Amérique latine.
Dans cette optique, la Fondation Atenea obtenu un statut consultatif auprès de l'ECOSOC en 2011 et depuis lors, nous avons augmenté notre participation auprès des réseaux internationaux, tels que le Comité de Vienne des ONG sur les drogues, le Forum de la société civile sur la drogue, ou encore le réseau latino-américain des ONG œuvrant dans le champ des dépendances (RIOD). Notre participation au RIOD est d'autant plus pertinente que notre directrice Paz Casillas Martinez en est la trésorière depuis 2014.
Etant donné que notre travail trouve son origine dans l'intervention et la recherche dans le domaine des addictions, il était naturel pour nous de commencer notre engagement d'internationalisation sur la base de ce champ d'intervention. Heureusement pour nous, le débat sur les politiques de drogues est depuis devenu un thème d'actualité et de dimension internationale grâce à l'UNGASS 2016 qui aura lieu prochainement.
Notre participation dans ces réseaux nous donne non seulement l'opportunité de partager et de comparer notre travail avec celui que réalise les organisations dans d'autres pays, mais nous permet aussi de construire des partenariats. A l'heure actuelle, nous avons de nombreux défis à relever, mais nous le ferons dans un esprit de défense des droits des plus vulnérables, y compris au-delà de nos frontières.