La campagne montrera que la stigmatisation nous concerne tous et qu’elle pourrait aussi être l’une des principales causes de la mortalité liée aux drogues

Les mots peuvent faire mal: éviter un langage stigmatisant dans les problèmes d’addiction peut changer notre perception des troubles de l’abus de substances et aider les personnes à en sortir
Pendant des années, Monica a bu toute seule, loin du regard des autres, afin d’échapper à la stigmatisation sociale associée à l’alcoolisme. Une stigmatisation plus grande encore lorsqu’on est femme. Quand il est question d’alcool ou de drogues, la plupart des gens se référent encore à des stéréotypes dépassés. Si un homme ivre est présenté comme un bon vivant, une femme qui boit est vite étiquetée comme la pocharde de service. Un tel stéréotype est susceptible d’entraîner chez les femmes une forme d’autocontrôle social et les amener à boire seules, ce qui revient à faire un pas vers la dépendance. De telles expériences peuvent également affecter les proches qui sont rarement prêts à faire face au problème. « Mon conjoint essayait toujours de me faire honte tout en faisant la chasse aux bouteilles que je cachais dans toute la maison. Mais au final, je me montrais toujours plus maligne et j’avais ma ration quotidienne » souligne Monica.
Ce qui précède n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la façon dont les stéréotypes et la stigmatisation peuvent aggraver une situation déjà difficile. Cette stigmatisation est commune à tous les types de troubles de l’abus de substances. Et elle est liée au fait que pour la plupart des gens, l’addiction est synonyme de faillite morale ou de faiblesse de caractère.
La campagne
Communiqué de presse
La stigmatisation au travail
« Nous sommes des gens, un point c’est tout »
La dépendance n’est pas un choix personnel, interview de Montse Rafel
La stigmatisation, l’une des causes principale de la mortalité liée aux drogues
Les conséquences de la stigmatisation
En fait, la stigmatisation et la discrimination sont des phénomènes si répandus qu’ils figurent aujourd’hui parmi les principaux obstacles que doivent surmonter celles et ceux qui font face à une consommation problématique d’alcool ou d’autres drogues. Tous doivent subir la stigmatisation au quotidien. Qu’elle soit du fait de la société dans son ensemble, de la communauté, des professionnels de santé, des amis ou même des proches, la stigmatisation peut faire mal.
La stigmatisation est non seulement difficile à vivre, mais elle peut aussi amener les gens à ressentir des sentiments de colère, de rejet, de désespoir et d’inutilité qui peuvent à leur tour provoquer encore plus d’abus d’alcool ou d’autres drogues. La stigmatisation représente un frein pour les personnes qui ont besoin d’une aide professionnelle ou qui sont déjà en traitement. Elle nuit à la capacité des gens à renouer avec leur communauté, à accéder à des opportunités d’emploi ou d’éducation. Enfin, elle est susceptible d’aggraver les inégalités et conduire à l’isolement et à l’exclusion sociale, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner pour la santé physique et mentale.
Même s’il existe un consensus selon lequel les troubles de l’abus de substances sont liés à des facteurs biologiques et comportementaux complexes qui nécessitent souvent une prise en charge, le système dans lequel nous vivons ne fait qu’alimenter la stigmatisation et contribue ainsi à la létalité associée aux dépendances. En fait, l’idée même que les personnes souffrant d’un trouble de l’abus de substances sont « des êtres faibles, qui méritent leur sort et sont moins dignes d’être soignées » est si profondément enracinée qu’il est quasi impossible de séparer la dépendance de la honte et de la culpabilité.
À l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues, le 26 juin, Dianova International lancera une campagne sur le problème de la stigmatisation et de la discrimination. Grâce à une série d’articles et d’infographies, nous examinerons comment la stigmatisation nous concerne tous, consciemment ou non, et comment elle pourrait très bien être la cause principale du taux de mortalité associé aux troubles de l’abus de substances. Enfin, la campagne s’attachera à faire des recommandations auprès des décideurs, du grand public, des professionnels de santé et du secteur privé afin de réduire le fardeau de la stigmatisation chez les personnes concernées.