Derniers débats autour du statut légal des drogues

Domingo Comas Arnau, président de la fondation Atenea

Les changements législatifs intervenus ces dernières années autour du statut des drogues actuellement illégales entraînent une situation nouvelle. Une situation dont ont rarement conscience ceux qui persistent à utiliser un argumentaire inutile et dépassé – contrôle/responsabilité pour les uns, et liberté/efficacité pour les autres. 

Par Domingo Comas Arnau

Même si de tels changements apparaissent la plupart du temps sans objet, voire isolés, leur continuité est le reflet de quelque chose de plus qu’une simple tendance : c’est une situation nouvelle qu'il nous appartient de comprendre afin de cesser de débattre d’abstractions idéologiques.

Statut du cannabis à usage médical dans le mondeCertes, cette nouvelle situation n’est pas mondiale. Pourtant, elle se produit dans presque tout el monde développé, c'est-à-dire la majeure partie de l’Europe, les  pays anglo-saxons (Depuis le Canada, USA, jusqu’en Australe et Nouvelle Zélande) et de façon très significative, en Amérique Latine. Sans oublier le Japon, à quelques nuances près. Dans tout cet immense territoire, on ouvre la voie à ce qu’on pourrait appeler la « RÉGLEMENTATION » des drogues, en partie administrative et en partie socio-sanitaire.  Il s’agit d’une conséquence des politiques de réduction des risques et des dommages, mais aussi un effet des mobilisations sociales en faveur d’un usage contrôlé du cannabis sous certaines restrictions.

Domingo Comas Arnau est docteur en sciences politiques et en sociologie et diplômé en anthropologie. Professeur à l’Université Nationale d’Education à Distance (UNED – Espagne) et chercheur, il est l’auteur de nombreuses publications dans le domaine des addictions, des centres d’hébergement, de la jeunesse, de l’exclusion sociale et des méthodologies de recherche. Il a rempli diverses tâches au profit de l’administration publique, notamment en tant que superviseur des programmes d’intervention destinés aux personnes en situation d’extrême difficulté. Domingo Comas Arnau est président de la fondation Atenea.

C’est un processus qui concerne aussi bien les drogues légales que les drogues illégales. Si on regarde bien, le nouveau scénario concerne tout autant les pays qui ont été les plus actifs dans la lutte anti-tabac que ceux qui appliquent de façon rigide les normes visant à réduire le tabagisme ; il touche aussi bien les pays les plus sévères en matière de contrôle de l’alcool, que ceux qui sont le plus en avance en matière de politiques des drogues. Le meilleur exemple de convergence réglementaire est sans aucun doute le Canada et les pays qui lui emboîtent le pas sont de plus en plus nombreux.

Réglementer et légaliser suppose-t-il ou signifie-t-il la même chose ? Pas du tout. La légalisation suppose la vente et la consommation sans aucun contrôle, à l’exemple de ce qui se passait avant avec le tabac et l’alcool. Réglementer, c’est ce qu’on a fait avec le tabac ; c’est la rigueur avec la quelle on applique les dispositions légales dans les pays qui ont réussi à éliminer l’épidémie du tabagisme ; c’est avec cette même rigueur que ces pays réglementent l’accès et la consommation de cannabis. Dans certains lieux, la convergence juridique est si ténue qu’on dirait la même chose.

Réglementer signifie-t-il contrôler ? Sans aucun doute. Mais cela implique aussi que les drogues abandonnent la niche du contrôle pénal pour être l’objet d’autres mesures plus efficaces et moins coûteuses en termes économiques et humains.

Peut-on imaginer un système général de réglementation. Globalement, oui. Même si pour certaines drogues, incluant la cocaïne et les « pilules » récréatives, ce n’est pas du tout facile.

Domingo Comas Arnau

Ce mois-ci Dianova s'intéresse au débat concernant la légalisation ou réglementation du cannabis suite aux décisions prises par plusieurs des gouvernements où notre réseau est présent, en faveur de la règlementation de la consommation. Avec la collaboration de plusieurs experts, tels que Domingo Comas Arnau ou le Dr. Kevin Sabet, notre but est de nourrir le débat afin de mieux comprendre tous les enjeux de ces nouvelles règlementations.

N’hésitez pas à participer via les réseaux sociaux!!

Twitter: Dianova_org #Dianova