COVID-19 et drogues : conversation avec l’OEDT

Alexis Goosdeel, directeur de l’OEDT, explique en quoi le COVID-19 a influé sur la situation des drogues, les enseignements tirés et le rôle des professionnels

Alexis Goosdeel, directeur de l'OEDT

Alexis Goosdeel, directeur de l’OEDT, travaille dans le domaine de la santé publique au niveau national, européen et international depuis plus de 30 ans – photo: EMCDDA, tous droits réservés

l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) a joué un rôle crucial dans le domaine des drogues durant la pandémie. L’agence européenne a réagi de manière proactive, en fournissant des informations et en analysant les tendances dans des domaines tels que la consommation, la fourniture de services et l’évolution des marchés des drogues. L’agence a également été l’une des principales voix à réclamer plus d’attention et de soutien aux services de prise en charge des dépendances dans le cadre du COVID-19.

Membre de l’OEDT depuis 1999, Alexis Goosdeel a travaillé dans les domaines de l’élargissement de l’Union européenne, des relations internationales et a dirigé le réseau Reitox ainsi que l’unité de coopération internationale. Alexis Goosdeel est directeur de l’agence depuis 2016 ;  son mandat a été renouvelé jusqu’en 2025


 

Nous savons que la crise du COVID-19 a perturbé les services de prise en charge des addictions en Europe. Quels ont été les plus touchés et comment ont-ils fait face à la situation ?

Comme cela a été le cas pour de nombreux prestataires de soins de santé généraux pendant cette crise de santé publique, les services de prise en charge des addictions ont dû rester opérationnels dans des conditions strictes. Cela a souvent nécessité des adaptations importantes aux modèles de prestation de services établis.

Une nouvelle note d’information de l’OEDT publiée en mai — Impact du COVID-19 sur les services d’addictologie et sur la demande d’aide en Europe — donne un aperçu de la façon dont les services se sont adaptés et ont innové pendant la crise. Selon nos résultats préliminaires, il y a eu une baisse de la disponibilité des services d’addictologie européens au cours des deux premiers mois de la pandémie, à la fois ceux qui fournissent des traitements et ceux qui fournissent des interventions de réduction des risques. En règle générale, les services d’addictologie ont été affectés de la même façon que les autres services de santé de première ligne.

Dans certains pays ou régions, on rapporte que les services de traitement ont été interrompus ou fermés, incluant les services de traitement ambulatoire et résidentiels. Les services qui n’ont pas été en mesure de mettre en œuvre les mesures de protection requises au plan national ont dû fermer dans plusieurs pays. Étant donné que les services de counselling en face à face et les visites sur site ont dû s’interrompre ou réduire leurs activités de façon considérable, et ce dès le début des mesures de confinement, la télémédecine via téléphone ou vidéo a été largement adoptée dans la plupart des services d’addictologie en Europe. Cette option a été d’abord mise en œuvre en faveur des clients des services de traitement engagés dans un suivi psychologique (comme pour les usagers de cannabis ou de cocaïne), ainsi que pour les premiers contacts et les personnes suivant depuis longtemps un programme de substitution aux opiacés (TSO).

De nombreux établissements résidentiels de traitement, comme les communautés thérapeutiques, ont indiqué avoir suivi une approche similaire à celle d’autres établissements de soins résidentiels non liés aux addictions, comme les maisons de retraite. Cette approche incluant la fermeture de l’accès aux programmes pour les nouveaux clients et une réduction des activités de groupe au sein des établissements. Dans la plupart des cas, les visites externes ont été suspendues et la sortie des clients en fin de parcours thérapeutique a été retardée. Parmi les défis auquel les services d’addictologie ont dû faire face, il y a eu la nécessité de réduire, voire de mettre un terme aux interventions nécessitant une proximité physique ou une thérapie de groupe, lesquelles représentent souvent une part importante du processus de soins dans ces établissements.

L’étude de l’OEDT met en évidence comment un large éventail d’adaptations et d’innovations a été introduit par les services d’addictologie en Europe. Dans certains pays, on estime que les ONG et les organismes de la société civile ont joué un rôle primordial, en particulier pour la continuité des interventions de réduction des risques en première ligne.

Quel a été le rôle de l’OEDT durant la pandémie ? Comment l’agence a-t-elle réussi à recueillir des informations fiables et à jour ?

Comme réponse immédiate, l’OEDT a activé son plan de continuité des activités et tout le personnel a commencé le télétravail à la mi-mars. Par la suite, nous avons mis en place un groupe de travail sur le COVID-19 afin de coordonner les activités scientifiques et la communication relative à la pandémie. Dès le mois de mars, nous avons mis en ligne bon nombre de nos activités clés, notamment les réunions de notre réseau d’experts, les réunions du conseil d’administration et du comité scientifique, les évaluations des risques sur les nouvelles substances psychoactives et l’École d’été européenne sur les drogues.

Notre rôle pendant la pandémie a été triple : garantir la disponibilité d’informations et de ressources fiables et à jour sur une situation complexe et en évolution rapide ; évaluer l’impact initial de la pandémie sur le marché et les services en matière de drogues en Europe ; et partager des informations en temps opportun sur les risques et les meilleures pratiques, le cas échéant.

Dans un premier temps, l’agence a rapidement publié un compte rendu, dès le mois d’avril, sur les implications du COVID-19 pour les personnes qui utilisent des drogues et les fournisseurs de services d’addictologie (lequel a été largement traduit et visionné près de 40.000 fois). Un centre de ressources sur le COVID-19 a également été mis en ligne pour donner accès aux principales lignes directrices et aux documents de politique de santé publique dans différentes langues. La gamme complète des matériels de l’OEDT relatifs au COVID-19 peut être trouvée sur une page dédiée.

Plusieurs activités ont été lancées afin d’évaluer l’impact de la pandémie sur les marchés des drogues et sur les réponses données au problème. Une version en ligne de la méthodologie « trendspotter » de l’OEDT (observateur de tendance)  a notamment été utilisée pour évaluer rapidement l’impact du COVID-19 sur l’usage de drogues, les méfaits liés aux drogues et les services d’addiction. Deux rapports aux résultats pertinents ont ainsi pu être publiés dans l’espace de six semaines seulement. Le premier, comme mentionné ci-dessus, est relatif à l’impact du  COVID-19 sur les services d’addictologie et la recherche d’assistance en Europe, tandis que le second concernait l’impact du COVID-19 sur les modèles de consommation de drogues et les méfaits liés aux drogues en Europe.

Pour ce faire, des données ont été recueillies auprès d’un large éventail de réseaux européens impliqués dans le domaine des drogues, incluant les points focaux nationaux du Réseau Reitox. Cela comprenait plusieurs groupes de discussion avec des professionnels européens en matière de drogues, des chercheurs et des représentants de groupes de plaidoyer, notamment un groupe virtuel animé par 10 professionnels italiens, ceux-là même qui se trouvaient dans l’œil du cyclone du COVID-19 au moment de l’étude. En outre, nous avons effectué une enquête Web parmi les personnes qui consomment des drogues, avec plus de 11 000 répondants, dans le but de recueillir des informations sur les changements dans les habitudes de consommation de drogues pendant le confinement.

En outre, deux études ont été menées sur l’impact du COVID-19 sur les marchés desss drogues. La première a été réalisée avec Europol et concernait les Marchés européens des droguse : Impact du COVID-19 et la seconde abordait la question de l’approvisionnement en drogues  via les marchés du darknet.

Enfin, nous avons été en mesure de lancer rapidement une série de webinaires sur le COVID-19, principalement destinés aux praticiens travaillant sur le terrain et axés sur des sujets tels que la prévention des drogues, l’usage des drogues et les méfaits liés aux drogues, les services, les politiques et les marchés du darknet.

Siège OEDT

Le siège de l’OEDT à Lisbonne (Portugal) – image: Shutterstock

Comment voyez-vous la situation des drogues après la pandémie en termes d’offre et de demande? Qu’est-ce qui nous attend ?

Concernant la demande de drogues…

En premier lieu, les données actuellement disponibles suggèrent qu’il y a eu quelques changements dans les habitudes de consommation au cours des phases initiales de la pandémie en Europe, résultant principalement de la mise en œuvre des mesures de confinement et de distanciation sociale. Il est urgent de continuer à suivre de près l’évolution de la situation dans ce domaine — notamment en ce qui concerne les modalités d’usage particulièrement dommageables ou à risque.

 

Il faudra sans doute attendre des mois, voire des années, pour que les implications à moyen et long terme deviennent claires. Une perspective plus éloignée peut aussi nous permettre de mieux appréhender les éventuelles  implications à long terme des troubles que nous connaissons aujourd’hui. Avec l’assouplissement des mesures de confinement et l’émergence progressive d’une nouvelle réalité sociale, de nombreuses incertitudes demeurent et un large éventail de questions reste à résoudre. Par exemple, certaines personnes se sont abstenues de consommer ou ont diminué leur consommation de drogues pendant le confinement en raison des opportunités limitées, d’une disponibilité réduite des drogues ou de difficultés à y avoir accés. À mesure que les restrictions sont levées, l’accès aux drogues par les canaux habituels (par exemple, les revendeurs connus, les amis) peut reprendre ou non.

Concernant l’offre de drogues…

Notre récente analyse conjointe avec Europol sur l’impact immédiat du COVID-19 sur le marché des drogue au sein de l’UE a mis en évidence des prix plus élevés, des pénuries locales et une pureté moindre pour certaines drogues, tout en notant une violence continue entre fournisseurs et revendeurs. Pour autant, la situation continue d’être sujette à des changements rapides tandis que la pandémie perdure. Les mesures sont mises à jour en fonction des circonstances et des besoins locaux dans les États membres (par exemple, suspension des déplacements / de la circulation, les  interdictions de partir en weekend, les mesures légales de la chaîne d’approvisionnement des marchandises, mesures relatives aux frontières).

Concernant le marché de gros, comme le souligne l’analyse publiée, le crime organisé est resté actif et résilient pendant les premiers mois de la pandémie en adaptant ses modèles de transport, ses itinéraires de trafic et ses méthodes de dissimulation. Le trafic de drogue par voie maritime s’est poursuivi à des niveaux similaires à ceux d’avant la pandémie, bien que la contrebande via des mules utilisant l’aviation commerciale ait manifestement été considérablement affectée. Les mouvements d’importants volumes de drogues entre les États membres de l’UE n’ont pas cessé, malgré les nouveaux contrôles aux frontières, et n’ont été que temporairement affectés, en raison du maintien de la circulation transfrontalière de marchandises commerciales licites. Les perturbations de l’approvisionnement en drogues se sont révélé plus évidentes au niveau de la distribution au détail, en raison des mesures de distanciation sociale.

On peut raisonnablement s’attendre à des restrictions résiduelles sur les voyages après la levée des restrictions les plus strictes. Le transport aérien de passagers augmentera progressivement, mais il est peu probable qu’il revienne rapidement aux niveaux pré-COVID-19. Les mouvements internationaux de trafiquants de drogue et de membres de haut niveau du crime organisé (GCO) en Europe vers les pays d’origine et de transit sont actuellement limités en raison des restrictions liés aux voyages. Malgré cela, les importations de drogues à grande échelle se poursuivent, probablement organisées grâce à des canaux de communication sécurisés. Après la pandémie, il est possible que les gens se fieront beaucoup moins aux contacts en personne à ce niveau.

Drogues en Europe

Les services chiffrés de communication interpersonnelle ou de réseaux sociaux étant de plus en plus utilisés, il sera de plus en plus difficile de les circonscrire, voire de les surveiller. – photo: Shutterstock, licence: CC

Le deal de rue étant fortement limité par les restrictions de mouvement, les consommateurs et les revendeurs se sont de plus en plus tournés vers des méthodes alternatives (par exemple, l’utilisation du darknet, des plateformes de réseaux sociaux et des applications de communication cryptées), avec des paiements sans numéraire et moins d’interactions en face à face. Même si les restrictions sont progressivement levées, il est très probable que certaines des nouvelles pratiques vont persister, car elles sont sans doute un moyen plus pratique de mener son business. On s’attend à une augmentation de l’utilisation des technologies numériques et de la communication par les organisations associées au trafic de drogues.

Ceci nous amène à la question de la récession économique potentielle et de ses implications possibles pour le marché européen des drogues. Les projections à long terme en matière d’impact économiques peuvent avoir un effet amplifié sur les usagers de drogues dépendants, ce qui pourrait entraîner des niveaux plus élevés de crimes (violents) liés aux drogues ; diverses communautés, villes et pays pourraient en voir des manifestations disproportionnées. On s’attend à ce qu’une grande partie de la population ait moins de revenus disponibles, ce qui implique moins d’argent pour acheter des drogues, d’autant plus que les prix de ces produits sont susceptibles d’augmenter. Cela pourrait conduire les utilisateurs à augmenter leur consommation d’alcool ou à rechercher des substances alternatives moins chères, telles que le nouvelles substances psychoactives, ou des voies d’administration plus dommageables, comme l’injection.

Les effets à plus long terme de la pandémie de la COVID-19 auront probablement des répercussions sur le blanchiment des revenus illicites des drogues ; le ralentissement économique probable pourrait lever les barrières à la corruption et à d’autres pratiques permettant de faciliter le commerce des drogues. Par exemple, des organisations criminelles riches en liquidités pourraient prendre le contrôle d’entreprises légitimes en difficulté financière afin de poursuivre leurs activités criminelles, soit immédiatement, soit à long terme.

Quelles sont les leçons tirées de cette crise et quels changements pourraient-elles ou devraient-elles entraîner dans un proche avenir ?

L’exercice de recueil, d’analyse, de compréhension et d’interprétation des données n’a que peu de valeur s’il ne nous permet pas d’en tirer des enseignements pour l’avenir. Ce n’est que grâce à cela que nous pourrons être mieux préparés à des événements similaires. Il y a de nombreuses leçons à retenir de cette crise. La première, c’est que nous devons moderniser nos modes de recueil de données, nous devons être en mesure de produire des preuves beaucoup plus rapidement et, surtout, utiliser les nouvelles preuves pour stimuler des réponses rapides et proactives.

 

Les services chiffrés de communication interpersonnelle ou de réseaux sociaux étant de plus en plus utilisés, il sera de plus en plus difficile de les circonscrire, voire de les surveiller. Une question clé est de savoir si davantage de personnes s’habitueront à ces nouvelles formes d’achat de drogues et si elles continueront à les utiliser après la période de confinement.

L’OEDT et Europol travaillent étroitement pour identifier les enseignements tirés du passé et des situations actuelles, sur la façon dont nous pourrions mieux anticiper les menaces émergentes et agir rapidement pour répondre aux besoins immédiats et à long terme pour éclairer les politiques, la prise de décision et les réponses opérationnelles. Il est désormais indispensable d’identifier les domaines dans lesquels des adaptations rapides aux réponses opérationnelles et aux politiques futures sont nécessaires.

L’OEDT a publié une déclaration commune le 26 juin (Journée internationale contre l’abus et le trafic des drogues), avec les directeurs d’Europol et du Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies. Dans ce document, ils invitent les institutions de l’UE et les États membres à prendre un certain nombre de mesures « Tirer les enseignements du COVID-19 pour renforcer la préparation de l’UE dans la perspective d’une éventuelle nouvelle flambée épidémique ». La déclaration conclut que : ‘La façon dont les différents services et autorités ont collaboré au sein de l’Union Européenne durant la pandémie a montré que « l’approche équilibrée » de la politique antidrogues de l’UE a contribué à soigner et à protéger, plutôt qu’à punir’.

Comme l’a souligné l’OEDT, les professionnels des addictions ont joué un rôle essentiel pendant la pandémie. Comment ce rôle pourrait-il être renforcé à l’avenir ?

Une leçon importante de la pandémie est le rôle central joué par les professionnels de santé de première ligne, aux côtés d’autres professionnels de la santé, pour assurer la continuité des services pour leurs clients. Cependant, dans de nombreux pays européens, les travailleurs du secteur des drogues n’ont pas été considérés comme des agents de santé essentiels et, à ce titre, n’ont pas eu accès aux équipements de protection individuelle (EPI) et aux outils adéquats. Ce problème doit être résolu d’urgence au niveau national, en particulier au moment où nous nous préparons à une éventuelle deuxième vague.

Nous notons également que les professionnels sont en contact direct avec les clients et peuvent percevoir les changements et les problèmes émergents avant même qu’ils ne deviennent des données. Par exemple, dans les groupes de discussion de l’étude Trendspotter avec des travailleurs de première ligne, nous avons entendu parler des besoins émergents des groupes les plus marginalisés, tels que les sans-abri, les personnes sans accès aux outils technologiques, les personnes sans contact régulier avec les services de santé et les victimes de violence domestique.

Des professionnels de tous horizons — depuis ceux des services de santé et des communautés thérapeutiques à eux qui œuvrent au sein des unités de proximité— rapportent avoir utilisé leur créativité et leurs réseaux informels pour mieux répondre aux besoins émergents. De nouveaux modes de collaboration et de partage d’expériences entre les professionnels européens doivent être encouragés. L’OEDT espère soutenir cela à l’avenir, que ce soit par le biais de plateformes et de formations en ligne, de webinaires ou d’autres mécanismes pour encourager les interactions et les échanges multilingues entre les professionnels à tous les niveaux.

Pourriez-vous donner des conseils aux prestataires de services de traitement en Europe ?

Nous apprenons tous encore de cette pandémie, qui continue d’évoluer. Ce que nous avons vu au cours des premières phases d’urgence, ce sont des processus décisionnels plus rapides. Les prestataires de traitement de substitution aux opiacés (TSO) ont agi rapidement pour changer la façon dont ils distribuent les médicaments (par exemple, les TSO mobiles) et ont répondu aux nouvelles demandes de traitement (par exemple, les nouvelles procédures d’accueil), tandis que la plupart des pays ont assoupli les réglementations sur les TSO à emporter pour les patients stables (par exemple, la prescription pour des quantités plus importantes ou durant des périodes plus longues).

Les communautés thérapeutiques ont rapidement élaboré des protocoles pour assurer la sécurité de leurs résidents et celle des parents en visite et, comme nous l’avons mentionné, de nombreux suivis et des entretiens thérapeutiques ont été proposés en ligne. Ces changements doivent maintenant être évalués pour voir s’ils ont été bénéfiques aux clients et s’ils peuvent être maintenus dans la ‘nouvelle normalité’.

Au nom de Dianova, nous tenons à vous remercier pour votre travail et celui de toute votre équipe pour faire face à la pandémie. Vous avez su mettre les personnes au cœur de votre action, tout apportant un soutien remarqué aux organisations de la société civile qui travaillent dans le domaine des addictions.