CND58 – éléments clés

La question de la prévention enfin abordée lors de la 58ème session de la CND

La 58ème session de la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) rassemblait la session ordinaire ainsi qu’une session spéciale dans le cadre des travaux préparatoires à  la Session Spéciale de l’Assemble Générale des Nations Unies sur le thème des drogues (UNGASS), qui aura lieu en 2016. Des représentants de niveau ministériel se sont joints aux débats et des décisions importantes ont été prises.

Cette session de la CND s’est transformée en un véritable thermomètre de la problématique drogues et de comment les différents Etats se positionnent à cet égard. Les sujets les plus abordés cette année représentent l’essentiel de la politique sur les drogues au plan mondial.

Depuis 2008, une délégation de Dianova International participe aux différentes activités de la CND et remplit de multiples fonctions.

Le texte suivant ne prétend pas être un rapport exhaustif de la session (ce rapport est accessible en ligne), en revanche nos lecteurs pourront y trouver plusieurs éléments que nous pensons pertinents et qui pourraient même marquer une tendance. 

Nous avons relevé les éléments suivants, parmi les plus notables cette année :

Le thème de la prévention, qui est si cher au réseau Dianova, mais qui pour une raison ou l’autre est toujours relativement absent des débats, a réussi à obtenir pignon sur rue en finlande, ce qui nous l’espérons, servira d’exemple aux autres pays. Le représentant de la Finlande a expliqué que l'équivalent d'un  « Ministère de la Prévention » remplacerait désormais les différents secteurs prévention présents aux différents niveaux de l’action publique (directions générales, agences de santé, écoles, hôpitaux), afin d’aborder la question de la prévention d’un point de vue holistique (en matière de santé, d’éducation, d’environnement, etc.). Cette annonce a été accueillie avec enthousiasme par l’UNODC.

L’évaluation a été confirmée comme un processus essentiel pour tous les projets liés à l’UNODC, à travers la création d’un département ad hoc composé d’évaluateurs salariés ou indépendants. Le processus d’évaluation va de la conception du projet, jusqu’à sa mise en œuvre et son suivi.

La recherche ne cesse d’avancer.  L’UNODC a invité les chercheurs les plus en vue dans le monde entier à se joindre à des rencontres au cours desquelles ces derniers ont discuté des bases légales pour la création d'une nouvelle unité ; ils ont également abordé les stratégies et les bases opérationnelles de celle-ci. Il existe un consensus sur la nécessité et l'importance de fonder toutes les initiatives sur des pratiques scientifiquement validées. Comme l’a indiqué Yuri Fedotov, président de l’UNODC, lors de la clôture de la session : « Nous devons nous libérer de l'influence néfaste de l'idéologie et apporter une aide uniquement basée sur la recherche et sur la science ».

Comme on l’a plusieurs fois répété lors des dernières séances, la question des droits humains en matière de drogues fait l’objet d’une grande préoccupation. On a dénoncé l’utilisation de la peine de mort pour trafic de drogue dans plusieurs pays ainsi que la prison en tant qu’alternative aux traitements pour les trafiquants mineurs. On a également mis l’accent sur l'horreur de la surpopulation dans les prisons en Amérique latine.

Nous souhaitons aussi souligner le problème de l'inégalité de l’accès aux drogues à des fins médicinales, notamment dans les pays en développement. L'une des fonctions de l'OICS est d’établir des listes de drogues sous contrôle et de veiller au respect de la réglementation. Mais il existe de fait des problème d’approvisionnement très importants, étant donné que 75% de la population mondiale n’a pas accès aux morphiniques ou autres analgésiques en cas de douleur intense. En tant que membre de la société civile, nous exigeons des gouvernements et de l'OICS que des solutions soient proposées afin d’améliorer l’accès aux drogues à des fins médicinales ou humanitaires à tous ceux qui en ont besoin.

Enfin, nous nous dirigeons vers l’UNGASS qui aura lieu en avril de l’année prochaine et ce que les chefs d’état et de gouvernement décideront lors de cette session conditionnera les politiques sur les drogues pour les décennies à venir. Les partisans de deux principaux courants font actuellement entendre leur voix : ceux qui sont en faveur du maintien des conventions actuelles sur les drogues tout en assouplissant la façon dont ces dernières sont mises en vigueur ; et les partisans d’une nouvelle convention.

Le défi est lancé, beaucoup est en jeu et il est de notre responsabilité de participer  et de nous unir à d’autres pour prendre position. Ensemble nous irons plus loin.