Un pays ravagé par les violences sexistes

« La culture du viol est une pandémie en tant que telle, une pandémie que nous connaissons depuis déjà longtemps en Afrique du Sud »

Femme dans miroir

L’Afrique du Sud a l’un des taux de viols et de féminicides les plus élevés au monde – « Suis-je vraiment aussi belle et aussi brisée » – photo : STAND, Licence : CC

Par Stacey Doorly-Jones – Dans un township près de Delft dans le Cap-Occidental, un évènement révoltant s’est déroulé. Une femme a été violée par 20 hommes, à tour de rôle. Un ami et elle ont été attirés dans les buissons pour y fumer une Tik (une pipe de cristaux de méthamphétamine) avec un gars qu’elle connaissait et d’autres qui étaient membres d’un gang. C’est juste un exemple parmi d’autres pour illustrer l’augmentation du nombre de viols et d’autres formes de violences fondées sur le genre en Afrique du Sud. Un rapport sur les statistiques criminelles entre 2019 et 2020 affirme que : « La culture du viol est une pandémie en tant que telle, une pandémie que nous connaissons depuis déjà longtemps en Afrique du Sud ».

Une femme tuée toutes les trois heures

Il existe une forte corrélation entre les troubles liés à l’usage de substances et les violences de genre qui affecte les femmes de manière disproportionnée. L’Afrique du Sud compte l’un des plus forts taux de violence conjugale et des données récentes fournies par Statistics South-Africa ont révélé que le viol et les violences sexuelles sont devenus hautement endémiques avec une femme tuée toutes les 3 heures.

 

Historiquement, la plupart des recherches réalisées en Afrique du Sud se sont davantage concentrées sur les personnes qui consomment des drogues et de l’alcool dans les zones métropolitaines. Il y a très peu de recherches, avec preuves à l’appui, qui ont été menées dans des zones rurales et STAND s’efforce de travailler avec l’UNDOC et le Réseau sud-africain des usagers de drogues (SANPUD) pour s’assurer que toutes les personnes à travers l’Afrique du Sud soient prises en compte lors de l’élaboration des politiques et procédures, indépendamment du lieu où elles vivent.

Femmes rurales en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, les femmes des zones rurales sont l’un des groupes les plus vulnérables à la violence dans leurs communautés et dans leurs foyers – photo : STAND, licence : CC

Des réponses à la pandémie de COVID

Le confinement national qui a été mis en place en Afrique du Sud pour endiguer la pandémie du COVID-19, a entraîné une augmentation écrasante du nombre d’appels désespérés de femmes et d’usagers de drogues à la recherche d’interventions urgentes en matière de troubles de l’usage de substances, de violences de genre ou d’autres traumatismes. Un tel besoin et un tel manque au sein des services concernés a amené un consortium d’organisations à but non lucratif spécialisées, telles que STAND, le département des services sociaux de l’Université du Cap et le président du Forum sur les toxicomanies du Cap-Occidental au sein du ministère, à mettre en place un plan d’action et d’intervention sur les troubles de l’usage de substances et les violences de genre.

Ce plan a été adopté par le Forum sur les toxicomanies du Cap-Occidental en tant que modèle à mettre en œuvre pour l’ensemble de la province. Ces services s’adressent aussi aux communautés transgenres et aux travailleurs et travailleuses du sexe, lesquelles se perçoivent souvent comme des personnes de la rue et en tant que telles, plus vulnérables au VIH et à l’hépatite C.

Mettre en œuvre un processus d’empowerment

STAND travaille en partenariat avec le SANPUD et l’ONUDC pour fournir des services sexospécifiques de réduction des dommages pour les femmes qui consomment des drogues dans le Cap-Occidental. Les évaluations rapides en matière de violence de genre que nous avons menées récemment indiquent que ce qui fait avant tout défaut c’est un processus d’empowerment (autonomisation).  Ces femmes sont souvent en morceaux, aux plans physique, émotionnel, financier et même spirituel. Nous avons clairement déterminé le besoin d’intégrer une combinaison de thérapie cognitivo-comportementale et d’autoanalyse de groupe, incluant des aspects tels que :

  • Qui suis-je désormais ? Pourquoi suis-je ici ? Comment en suis-je arrivée là ?
  • Stigmatisation et confiance en soi – recoller les morceaux de soi après un abus.
  • Identifier mes compétences.
  • La vie après le foyer d’hébergement – à quoi dois-je m’attendre ? Que faire ?
  • Comment rester en sécurité ? Les 4 grandes questions (Quel est mon objectif ? Que me réserve l’avenir ? Comment préparer cet avenir ? et Qui en fera partie ?)
  • Changer, cela commence par moi – qu’est-ce que je dois changer ? Quels sont les obstacles à ce changement ?
  • Utiliser des substances en toute sécurité (réduction des dommages)

 

Survivre à la violence

Pour les victimes, la confiance, la compréhension et le fait de pouvoir compter les uns sur les autres sont une partie essentielle du processus de guérison – photo : STAND, licence : CC

A propos de STAND

STAND fournit un service mobile communautaire de traitement des addictions (drogues et alcool) destiné aux personnes enfermées dans le cycle de l’addiction, de la violence de genre et autres traumatismes, ainsi qu’à leurs proches, issues des communautés à risques les plus vulnérables des zones rurales et urbaines du Cap-Occidental, Afrique du Sud

STAND joue également un rôle de plaidoyer important pour en finir avec la stigmatisation des troubles de l’usage de substances, et est un membre fondateur de la Fédération mondiale contre les drogues (WFAD). L’organisation est notamment impliquée dans un groupe de travail visant à lutter contre les violences de genre et contre les obstacles qui empêchent les femmes utilisatrices de drogues d’accéder au traitement dont elles ont besoin.