Surdoses: des solutions existent pour sauver des vies, il faut agir

Dianova s’associe à l’IOAD afin de promouvoir des stratégies efficaces de prévention des surdoses et plaider pour une approche de santé publique face aux drogues

En finir avec les overdoses

L’incidence et la prévalence des overdoses ont fortement augmenté dans plusieurs pays du monde au cours de la dernière décennie, mais l’attention portée à ce problème de santé publique au niveau mondial a été limitée par rapport à son ampleur – Photo de Anthony Tran sur Unsplash

Par l’équipe de Dianova – La Journée internationale de sensibilisation aux surdoses (International Overdose Awareness Day ou IOAD) le 31 août, est une initiative visant à sensibiliser le public à la question des surdoses de drogues et à encourager actions et débats pour mieux les prévenir. La campagne a d’abord été lancée en Australie, en 2001, avant de devenir aujourd’hui une initiative mondiale autour de laquelle s’articulent plus d’un millier d’événements organisés sur tous les continents.

Une crise mondiale

L’épidémie de surdoses de drogues constitue une crise mondiale. Au cours des vingt dernières années, le nombre de décès par surdose a explosé dans de nombreuses régions du monde. Tous les ans, on enregistre un nombre record de décès principalement associés à l’utilisation d’opioïdes, souvent en combinaison avec d’autres drogues, notamment les benzodiazépines, les stimulants et l’alcool.

Selon le rapport mondial sur les drogues de l’UNODC (2023), en 2021 une personne sur 17 âgée de 15 à 64 ans a consommé une drogue au cours des 12 derniers mois, soit une augmentation de 23% par rapport à 2011.

L’usage d’opioïdes est responsable des deux tiers (69%) des décès par surdose. Le nombre  estimé de personnes consommant des opioïdes dans le monde a doublé, passant de 26 à 36 millions en 2010 à 61,3 millions en 2020. Plusieurs épidémies de surdoses d’opioïdes sont actuellement en cours. La première est liée à la présence accrue du fentanyl, un opioïde synthétique très puissant, aux États-Unis et au Canada. La deuxième sévit en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest, au Proche et au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Ouest, en raison de l’usage non médial de tramadol, un autre opioïde synthétique. De plus, une autre classe d’opioïdes synthétiques parfois plus puissants que le fentanyl, les nitazènes, a récemment fait son apparition dans plusieurs pays industrialisés, provoquant une augmentation du nombre de morts par surdose.

#IOAD2024 #TogetherWeCan #EndOverdose

L’une des brochures du Rapport mondial sur les drogues 2024 consacrée aux questions contemporaines sur les drogues propose un cadre multidimensionnel sur le droit à la santé dans le contexte de la consommation de drogues. Cette section, demandée par un groupe de quelque 24 États membres, est particulièrement opportune car elle donne un aperçu de la situation mondiale en ce qui concerne les décès liés à la drogue (le rapport se réfère à des données de 2019). L’UNODC souligne que les personnes qui  utilisent des drogues continuent à faire face à un niveau alarmant de mortalité par surdose, que les personnes qui utilisent des drogues par injection ont 14 fois plus de risques de contracter le VIH que la population générale et que la moitié du nombre de décès associés à l’usage de drogues continue d’être liée avec une hépatite C non prise en charge.

Il est temps de se souvenir. Il est temps d'agir.

Perdre quelqu’un suite à une overdose peut être presque insupportable, mais agir pour aider à prévenir les overdoses dans nos communautés est la meilleure façon d’honorer sa mémoire – Photo de Валерия Прокопович sur Unsplash

Certaines des nouvelles drogues disponibles aujourd’hui – notamment les opioïdes de synthèse et les stimulants de type amphétamine – sont plus dangereuses que leurs équivalents ne l’étaient il y a vingt ans ou même dix ans. En dix ans, 1 235 nouvelles substances psychoactives ont été signalées dans 142 pays et territoires. Les opioïdes sont le groupe de nouvelles substances le plus nocif, mais aussi celui qui connaît la croissance la plus rapide: quelque 88 types différents de ces nouvelles substances ont été enregistrés dans le monde en 2021, contre un seul en 2009 (Source: Global Overdose Snapshot, Pennington Institute)

En dehors de quelques pays et régions, il existe peu de données fiables sur les surdoses. Dans de nombreux pays à faibles ressources, les décès causés par les surdoses sont souvent classés comme des crises cardiaques ou des insuffisances respiratoires. Cette situation est notamment liée à la stigmatisation généralisée de l’usage de drogues, la peur du harcèlement policier, les pressions politiques et le caractère inadéquat du suivi médico-légal dans ces pays. Enfin, la nature illégale de nombreuses drogues et la stigmatisation associée à leur consommation entraînent dans de nombreuses régions du monde une réticence énorme à reconnaître, et plus encore à signaler, les décès liés aux drogues.

Prévenir les surdoses, c’est possible

Toutes les surdoses sont évitables. Il existe un ensemble de stratégies et de pratiques scientifiquement validées permettant d’inverser les effets physiologiques des surdoses ou de les prévenir avant qu’elles ne surviennent. Ces pratiques s’inscrivent dans le cadre des politiques visant à réduire les dommages associés à la consommation de drogues et répondent à une perspective de promotion des droits humains.

L’un des objectifs de cette Journée internationale est de mieux faire connaître ces stratégies et ces outils afin de prévenir les dommages et les décès liés aux surdoses. Cependant, si l’on veut apporter une réponse efficace à cette épidémie mondiale, il faut impliquer l’ensemble des communautés afin de sensibiliser et de lancer des actions de plaidoyer pour que les choses changent. Il faut aussi générer de nouvelles idées et connaissances en écoutant celles et ceux qui ont une expérience vécue des surdoses et de la consommation de drogues.

Mettre un terme à la guerre contre la drogue

Les promoteurs de la campagne IOAD estiment que pour s’attaquer véritablement à la crise des overdoses il faut aller au-delà de la criminalisation et adopter des alternatives bienveillantes, fondées sur des données probantes et axées sur la santé et la dignité – Image : capture d’écran de la page d’accueil de la campagne IOAD, tous droits réservés.

La question des surdoses est complexe car elle implique un grand nombre d’incompréhensions et de malentendus vis-à-vis des drogues et des personnes qui en consomment, mais aussi un niveau très élevé de stigmatisation et de discrimination à l’égard de ces dernières. En conséquence, trop de gens sont encore très mal informés s’agissant des risques associés à l’usage de drogues. En matière de prévention des surdoses, notre réponse collective exige un engagement global de la part des gouvernements, des organisations associés à la santé et au-delà, et enfin d’une communauté bienveillante et informée.

Nous devons nous positionner activement et déconstruire les faux récits qui voudraient que le seul fait d’informer et de prévenir sur les surdoses reviendrait à faire l’apologie de l’usage de drogues. Une information sans jugement ni stigmatisation sur les usages sécuritaires et la prévention des surdoses doit être présente et accessible au sein de tous les services d’accompagnement et de soins des troubles addictifs, depuis les programmes de prévention, les communautés thérapeutiques et autres centres résidentiels, jusqu’aux services de réduction des méfaits. Les personnes doivent disposer des outils qui leur permettent de prendre des décisions informées, tout en respectant leurs droits et leur autonomie.

Dianova International et ses membres plaident pour une prévention des surdoses qui s’inscrit dans le continuum de soins des programmes et des services d’addictologie. Pour Dianova, avoir accès à une information scientifiquement validée est un droit fondamental.

La campagne: des outils pour sauver des vies

La page en ligne de la campagne dédiée à la prévention des surdoses est disponible en près de trente langues. Cette page vise à aider les personnes et les communautés à prévenir les surdoses, notamment en apportant des informations sur les principaux facteurs de risques associés aux surdoses (polyconsommations, dépendance, modification de la tolérance aux drogues, substances frelatées ou contaminées, etc.). De plus, elle encourage les gens à se doter d’outils et de connaissances leur permettant de réagir face à une surdose en fonction du type de drogues ou combinaison de drogues utilisées.

Enfin, la page propose un ensemble de liens (en anglais) permettant d’en savoir plus sur les différents types d’outils disponibles en matière de prévention des surdoses, dont les programmes de distribution de Naloxone – un médicament qui sauve des vies en inversant les effets d’une surdose d’opioïdes – les sites de consommation sécurisés, les traitements de substitution aux opioïdes, les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues, et enfin les services permettant d’analyser le contenu réel des substances consommées.

Nous avons les outils nécessaires pour prévenir les surdoses et sauver des vies; la naloxone, les services de réduction des méfaits, les outils d’information sur les surdoses, les espaces de consommation sécurisés ont fait leurs preuves. Des solutions existent, utilisons-les

La campagne: un engagement

Enfin, la campagne représente un engagement en termes de plaidoyer. D’abord en soulignant que la criminalisation de l’usage de drogues fait plus de mal que de bien. Pour surmonter la crise des surdoses, il faut aller au-delà de la vision réductrice de la criminalisation et promouvoir des alternatives bienveillantes, scientifiquement validées, axées sur la santé des personnes et le respect de leur dignité.

Les politiques et les lois existent avant tout pour protéger les personnes et les communautés et garantir que leurs droits humains et leurs besoins fondamentaux soient respectés. C’est pourquoi, Dianova s’associe à cette Journée et plaide pour des politiques qui donnent la priorité aux soins plutôt qu’à la répression. En favorisant des approches qui soutiennent plutôt que punissent, on peut construire un système qui répond véritablement aux besoins des personnes concernées par l’usage de drogues.

Quelques ressources d’intérêt