Les membres du CSFD se sont réunis à Bruxelles, faisant une fois de plus leur part pour transformer la politique en matière de drogues
Via sa représentante, Lucia Goberna, Dianova a participé à l’événement en tant que membre du CSFD. Dianova est membre du Forum depuis 2013, et contribue activement aux groupes de travail sur la politique internationale et les questions émergentes – Image : membres du CSFD, tous droits réservés.
Comme chaque année, les membres du Forum européen de la société civile sur les drogues (CSFD) se sont réunis les 14 et 15 novembre 2023 à Bruxelles (Belgique) pour discuter de certains des sujets de préoccupation prioritaires en matière de politique des drogues, non seulement en Europe mais aussi au niveau international.
La santé mentale des personnes qui consomment des drogues, l’alerte sur l’arrivée possible de fentanyl et d’autres substances en Europe, la situation humanitaire en Palestine, la situation des personnes qui consomment des drogues en prison, l’avenir de l’Agence européenne des drogues ou encore le cadre de la dépénalisation sont quelques-uns des thèmes qui ont été abordés lors de cette réunion par les représentants des 43 organisations de la société civile travaillant dans le domaine des drogues qui composent le Forum.
Les membres du Forum ont rencontré des représentant·e·s de plusieurs institutions européennes, incluant la Commission européenne et le groupe de travail horizontal sur les drogues, ainsi que des représentants de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et du Service européen pour l’action extérieure.
L’objectif de la réunion du Forum était d’une part de présenter les résultats du travail de l’année écoulée et d’autre part d’organiser et de coordonner les différents thèmes de travail pour l’année 20024. La réunion a représenté une occasion unique de rassembler l’ensemble du groupe, car le reste de l’année, les réunions se déroulent seulement en ligne, et au sein des groupes de travail déjà établis, soit ceux qui sont dédiés à la politique de l’UE et aux questions internationales, nationales et émergentes. Parmi les sujets abordés, les thèmes suivants sont à souligner:
Améliorer les politiques et les services pour les personnes souffrant de comorbidité
L’une des priorités du mandat de la présidence espagnole du Conseil de l’UE est de mettre à l’ordre du jour la question de la santé mentale et des personnes qui consomment des drogues. À cette fin, des Conclusions au conseil sont en préparation afin de définir les thèmes spécifiques qui font l’objet de préoccupation ainsi que les actions à entreprendre ou les objectifs à atteindre. Le groupe de travail horizontal sur les drogues a demandé la position du CSFD sur cette question spécifique afin de contribuer à ses délibérations.
En juillet 2023, le CSFD a participé à une session du Groupe Horizontal pour présenter ses recommandations concernant la comorbidité. Par la suite, un rapport écrit sur « Les personnes qui consomment des drogues et la santé mentale » a été préparée (accéder au texte complet ici). La représentante de Dianova, Lucia Goberna, a été chargée de présenter ledit rapport aux représentants de l’Union Européenne. Nous remercions la présidence espagnole pour avoir soutenu l’implication de la société civile dans ce dossier important.
Parmi les principales recommandations figurent la nécessité: de développer davantage de services ambulatoires basés sur le travail communautaire; de veiller à ce que les services de santé mentale et d’addictologie soient offerts au niveau des soins primaires ainsi que dans les programmes de traitement, de réduction des risques et de réinsertion; d’éviter le risque de surmédicalisation; de mettre en œuvre des thérapies fondées sur des approches biopsychosociales; de mieux soutenir les programmes de réinsertion; d’agir contre la détérioration de la santé mentale des jeunes; d’investir dans les services, la recherche et l’innovation; et, enfin, de passer en revue le cursus académique des futurs spécialistes en santé mentale et addictologie afin de garantir l’inclusion d’une approche intersectionnelle et sexospécifique.
Positionnement vis-à-vis du Segment de haut niveau de la CND
En mars 2024 aura lieu le segment de haut niveau de la Commission des stupéfiants (CND), qui sera l’occasion d’examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements internationaux en matière de politique des drogues énoncés dans la déclaration ministérielle de 2019 (l’examen final aura lieu en 2029). Il s’agit donc d’un moment crucial pour la politique internationale en matière de drogues, en particulier compte tenu de la situation actuelle difficile: risques de santé publique importants associés à l’usage de drogues dans différentes régions; violations des droits humains au nom de l’action contre les drogues; augmentation de la consommation et du trafic de différentes substances; impact du crime organisé, etc.
L’UE joue un rôle très important au niveau de la CND et il est donc crucial qu’elle ait une position forte et des priorités claires afin d’exercer plus d’influence et de travailler à l’élaboration d’un document final consensuel davantage conforme à ses principes.
Le CSFD a souhaité faire sa part et dans cet objectif, il a présenté une contribution sur les principaux éléments devant figurer dans les négociations, incluant notamment la mise en avant des perspectives de santé publique et de droits humains, l’adéquation avec l’agenda 2030, l’intégration de la société civile et des communautés affectées dans ce processus d’examen, et enfin, la nécessité de garantir une cohérence au sein du système des Nations unies.
La situation humanitaire en Palestine
En tant qu’organisations de la société civile, les membres du CSFD sont très préoccupés par la situation en Israël et en Palestine. Nous pensons qu’il est crucial d’avoir le plus d’informations possible pour évaluer l’impact de la guerre sur la population civile faisant usage de drogues, sur les services de prise en charge des personnes et sur l’accessibilité aux médicaments essentiels. Toutes ces questions relèvent des politiques internationales en matière de drogues, et sont des questions pour lesquelles l’UE a été très active dans des situations similaires telles que la guerre en Ukraine.
Le CSFD a donc recueilli des informations sur la situation sur le terrain auprès d’ONG travaillant dans la région, notamment sur les risques de santé publique liés aux drogues en Palestine. Puis après avoir analysé les normes et engagements internationaux qui se rapportent à ces situations, le Forum a formulé une série de recommandations.
Le CSFD invite l’UE à plaider de manière objective, audacieuse et cohérente en faveur du respect des droits humains et des engagements internationaux au sein des forums internationaux.
En outre, l’UE est invitée à tirer parti de la CND pour appeler à un cessez-le-feu et pour demander à ce que l’aide humanitaire aille directement aux personnes concernées, incluant l’accès aux médicaments antidouleur essentiels et aux services de prise en charge des addictions. Le recommande également de veiller à la continuation de ces services auprès des personnes qui consomment des drogues ainsi qu’à la situation des enfants, soit environ la moitié de la population concernée.
Le CSFD continuera à mettre à jour le rapport, le travail est donc en cours. Si vous avez des informations complémentaires à apporter à ce sujet, n’hésitez pas à écrire à dianova@dianova.org
Dianova tient à exprimer ses condoléances pour la mort du président de l’ONG palestinienne Green Crescent for Addiction Prevention, le Dr Omar Fraouneh, et des 13 membres de sa famille, décédés suite aux bombardements. Il s’agit de l’une des organisations que nous avons essayé de contacter pour obtenir des informations de première main pour le rapport du CSFD et avec laquelle nous travaillons sur d’autres plateformes telles que le Comité des ONG sur les drogues de Vienne (VNGOC).
Cette réunion a été l’occasion de discuter de questions pertinentes et il est apparu clairement que la réalité des politiques en matière de drogue exige une intervention et une perspective claires, équilibrées et efficaces de la part de l’UE et de tous les acteurs concernés, incluant la société civile. Nous devons être à la hauteur des enjeux présents et à venir et travailler ensemble: comme le souligne la devise de Dianova: Ensemble, plus loin.
