Extraits de la préface du Rapport mondial sur les drogues, par Ghada Waly, directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Comme le montre le rapport mondial sur les drogues, malgré ses conséquences dramatiques, le COVID-19 a également suscité des innovations dans les services de traitement et de prévention des addictions – Capture d’écran de l’ONUDC, tous droits réservés
Les drogues coûtent des vies et freinent le développement
(…) La consommation de drogues a tué près d’un demi-million de personnes en 2019, tandis que les troubles liés à la consommation de drogues ont fait perdre 18 millions d’années de vie en bonne santé, principalement à cause des opioïdes. Les maladies graves et souvent mortelles sont plus fréquentes chez les consommateurs de drogues, en particulier ceux qui s’injectent des drogues, dont beaucoup vivent avec le VIH et l’hépatite C.
Le commerce illicite de la drogue continue également de freiner le développement économique et social, tout en ayant un impact disproportionné sur les personnes les plus vulnérables et marginalisées, et il constitue une menace fondamentale pour la sécurité et la stabilité dans certaines parties du monde.
Malgré les dangers avérés, la consommation de drogue persiste et, dans certains contextes, prolifère. Au cours de l’année écoulée, environ 275 millions de personnes ont consommé des drogues, soit une augmentation de 22 % par rapport à 2010. D’ici 2030, les facteurs démographiques prévoient que le nombre de personnes consommant des drogues augmentera de 11 % dans le monde, et jusqu’à 40 % en Afrique seulement.
Le cannabis est souvent perçu comme inoffensif
Il existe souvent un décalage important entre les risques réels et la perception du public. Dans certaines régions du monde, par exemple, la puissance des produits à base de cannabis a presque quadruplé. Pourtant, le pourcentage d’adolescents qui considèrent le cannabis comme dangereux a chuté de 40 %, alors qu’il est prouvé que la consommation régulière entraîne des problèmes de santé, en particulier chez les jeunes, et qu’il existe une corrélation entre forte concentration en THC et nocivité.
Perception du risque lié au cannabis chez les ados et concentration en THC – image adapté du rapport mondial sur les drogues 2021 – tous droits réservés
Nouvelles substances psychoactives en hausse dans les pays à faible revenu
Les nouvelles substances psychoactives représentent également un défi, car les marchés sont témoins de l’introduction de nouvelles drogues imprévisibles et mal comprises. Les mesures réglementaires et législatives ont permis d’endiguer le phénomène à l’échelle mondiale, mais le problème est en hausse dans les pays à faible revenu (…)
La pandémie a exacerbé les inégalités
La crise du COVID-19 a fait basculer plus de 100 millions de personnes dans l’extrême pauvreté, et a fortement exacerbé le chômage et les inégalités, puisque le monde a perdu 114 millions d’emplois en 2020. Ce faisant, elle a créé des conditions qui laissent davantage de personnes susceptibles de consommer des drogues et de se livrer à des cultures illicites.
Disparités dans l’accès aux médicaments contrôlés
En outre, les disparités dans l’accès aux médicaments contrôlés essentiels dans le monde continuent de priver les patients souffrant de douleurs intenses de tout soulagement. En 2019, quatre doses standard d’analgésiques contrôlés étaient disponibles chaque jour pour chaque million d’habitants en Afrique occidentale et centrale, contre 32 000 doses en Amérique du Nord.
Des marchés sur le dark web en pleine expansion
En parallèle, les trafiquants de drogue se sont rapidement remis du revers initial causé par les restrictions liées au confinement et opèrent à nouveau à des niveaux pré-pandémiques. L’accès aux drogues est également devenu plus simple que jamais grâce aux ventes en ligne, et les principaux marchés de la drogue sur le dark web représentent désormais quelque 315 millions de dollars par an. Les transactions de drogues sans contact, par exemple par courrier, sont également en hausse, une tendance qui pourrait être accélérée par la pandémie.
Augmentation des ventes de drogues sur le dark web – image adapté du rapport mondial sur les drogues 2021 – tous droits réservés
Les interventions fondées sur la science sont essentielles
Communiquer les faits sur les drogues et promouvoir des interventions fondées sur la science est une nécessité absolue si nous voulons réduire la demande et l’offre de drogues, tout en facilitant l’accès aux médicaments contrôlés pour celles et ceux qui en ont besoin. C’est aussi le moyen le plus sûr d’éliminer la stigmatisation et la discrimination et de fournir un traitement adéquat, car sept personnes sur huit souffrant de troubles liés à la consommation de drogues restent privées de soins adéquats (…)
