La déclaration ministérielle reconnaît le rôle de la société civile dans les politiques en matière de drogue et recommande l’utilisation de pratiques fondées sur des preuves scientifiques
Par Lucía Goberna Lehman – En 2009, une Déclaration politique et un Plan d’action étaient approuvés en vue d’instaurer une la coopération internationale en faveur d’une stratégie globale et équilibrée de lutte contre le problème mondial des drogues. Ces documents ont guidé la communauté internationale dans son action en matière de drogues durant 10 ans, mais en 2019, l’heure est venue d’analyser les conséquences de ces politiques.
Organisé les 14 et 15 mars derniers à l’Office des Nations Unies de Vienne (Autriche), le segment ministériel a réuni à cette fin un certain nombre de représentants de haut niveau, dont le président de la Bolivie, Evo Morales, le Premier ministre de Maurice, Pravind Kumar, ainsi qu’une trentaine de ministres des Affaires Etrangères, de l’Intérieur, le la Justice et de la Santé de différents pays.
Les résultats du segment ministériel se sont concrétisés par une déclaration ministérielle approuvée à l’unanimité. Entre autres éléments, la déclaration insiste sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des engagements pris en matière de politiques des drogues. Il faut noter que le document a été négocié au préalable, lors des intenses sessions préparatoires qui ont eu lieu depuis l’automne 2018.
Parmi les aspects positifs de la Déclaration ministérielle, il faut souligner le renouvellement des engagements de l’UNGASS 2016, dont le document final insiste sur une prise en compte du problème des drogues axée sur la santé publique et les droits humains, un point que nous jugeons indispensable à tout progrès en la matière.
En outre, le nouvel engagement politique reconnaît le rôle joué par les organisations de la société civile et s’engage pour une plus large participation de leur part aux stratégies de lutte contre le problème mondial des drogues à tous les niveaux. Nous nous félicitons également de voir se renouveler les engagements pris en faveur des politiques et des pratiques reposant sur des preuves scientifiques, et pour les initiatives destinées à améliorer le suivi et l’évaluation des politiques via un meilleur recueil de données et la préparation de futures réunions destinées à analyser ces questions.
D’autre part, bien que la déclaration reconnaisse l’ampleur des défis qui restent à relever (elle souligne par exemple l’insuffisance des services de traitement des addictions et autres services de santé par rapport aux besoins en la matière), nous estimons que le processus de l’examen des conséquences des politiques en matière de drogue aurait pu être fait de manière plus complète et plus approfondie pour fonder l’avenir sur les leçons du passé.
Le segment ministériel a été organisé avec une large représentation et participation de la société civile. Lors de la cérémonie d’ouverture, le président du Comité des ONG sur les drogues de Vienne, Jamie Bridge, s’est adressé à tous les participants à qui il a présenté les principaux aspects sur lesquels les organisations de la société civile s’accordent, tels que, entre autres, la perception d’une aggravation de la situation mondiale en matière de drogue au cours des dix dernières années, le consensus selon lequel le document final de l’UNGASS est le plus exhaustif en matière de drogues, le consensus pour la mise en œuvre d’approches fondées sur la santé publique et les droits humains, et enfin, le rejet définitif de toute peine de mort pour les crimes liés aux drogues.
Outre la séance plénière, deux tables rondes ont été organisées pour faire le point sur les politiques en matière de drogue mises en œuvre au cours des dix dernières années et pour déterminer la voie à suivre dans l’avenir. Le groupe de travail de la société civile sur les drogues était chargé de sélectionner parmi plus de 80 candidatures, deux représentants de la société civile devant participer en tant que conférenciers et quatre autres pour faire connaître leurs points de vue lors des tables rondes.
Il faut souligner que le Groupe de travail sur la société civile a récemment publié les résultats de la Consultation mondiale de la société civile, lesquels ont eu une influence sur la préparation de la Déclaration ministérielle. Vous trouverez plus d’informations sur la participation de la société civile aux processus préparatoires du segment ministériel ici.
Dianova International a été très active dans le processus de préparation du segment ministériel grâce à son rôle en tant que vice-présidente du Comité des ONG de Vienne ainsi que dans le groupe de travail sur la société civile. La représentante de Dianova Lucía Goberna a assisté à l’ensemble de réunion ministérielle au nom de l’organisation.