ODD : un dialogue ouvert avec la société civile

Premier Forum des organisations de la société civile organisé en parallèle au deuxième Sommet sur les objectifs du développement durable pendant l’Assemblée générale des Nations Unies

74ème assemblée de l'ONU

la mise en place des groupes de travail multilatéraux et interdisciplinaires permettrait de faciliter la participation des femmes, des peuples autochtones et des autres groupes vulnérables aux discussions sur le développement – Photo: UNGA tous droits réservés

Par María Victoria Espada – Au cours de la semaine de la 74ème Assemblée générale des Nations Unies, les États membres et les dirigeants du monde entier se sont réunis à l’occasion du Sommet sur les objectifs du développement durable afin d’examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme 2030 et des 17 objectifs du développement durable (ODD) et accélérer leur mise en œuvre. Outre le sommet, trois événements spéciaux ont été organisés : le Forum des entreprises, le Forum des gouvernements régionaux et locaux et le Forum des organisations de la société civile.

Le Forum des organisations de la société civile a été conçu comme un espace constructif, axé sur les propositions et le dialogue entre la société civile et les États membres des Nations Unies, ainsi que d’autres organisations et groupes internationaux liés à la mise en œuvre du Programme 2030. Le forum était animé par les groupes principaux et autres parties prenantes (MGoS). Il visait non seulement à identifier les réponses possibles aux défis rencontrés au cours des quatre années écoulées depuis la mise en œuvre des ODD, mais aussi à discuter des stratégies permettant de faire avancer le Programme 2030, poursuivant ainsi le travail réalisé par le Forum de haut niveau sur le développement durable (HLPF) organisé en juillet dernier.

Le premier groupe thématique s’est concentré sur les obstacles systémiques au développement demandant l’attention de la communauté internationale, ainsi que sur les politiques permettant une meilleure interconnexion entre les différents défis liés au développement.

Certains de ces obstacles ont été identifiés, incluant notamment :

  • l’affaiblissement des démocraties ;
  • l’absence d’un véritablement engagement des pays contre le changement climatique ;
  • le rôle croissant des acteurs financiers et des marchés dans l’économie mondiale ;
  • le manque de décaissement des fonds engagés en faveur de la mise en œuvre des initiatives internationales, telles que l’Accord de Paris ou le Fonds pour l’égalité des sexes ;
  • les flux financiers illicites provenant des pays en développement et limitant leur perspective de croissance ;
  • les inégalités croissantes entre les pays au sein des pays ; le vieillissement de la population mondiale et ses effets sur les politiques publiques ;
  • la nécessité d’une couverture médicale universelle pour réduire la pauvreté et les inégalités ;
  • l’absence de données ventilées permettant d’identifier les population vulnérables ;
  • et, enfin, l’absence de véritable engagement politique pour lutter, entre autres, contre les inégalités entre les sexes et l’exclusion.

 

SDG Summit

 

Pour surmonter ces obstacles, les pays doivent concevoir des politiques publiques globales et systémiques, donnant priorité aux actions de réseautage entre les différents ministères et programmes et permettant d’atteindre les différents objectifs, interdépendants, de développement en tirant conjointement profit de ressources limitées. En outre, des partenariats avec le secteur privé, les milieux universitaires, les organisations non gouvernementales et la société civile en général permettraient d’identifier à la fois les obstacles et les solutions pour y remédier.

 

De plus, ces groupes permettraient de faciliter l’inclusion des femmes, des peuples autochtones et d’autres groupes de population vulnérables dans les débats en tant que bénéficiaires et acteurs de leur propre développement et afin de ne laisser personne derrière.

Enfin, le troisième groupe thématique a proposé des initiatives susceptibles d’améliorer le Forum de haut niveau dans le cadre du processus de suivi et d’examen du Programme 2030. Les propositions suivantes ont été considérées:

  • inclure un document final davantage axé sur l’action que sur le discours politique,
  • intégrer les processus locaux et régionaux de suivi des ODD dans le débat général,
  • améliorer la collecte de données ventilées permettant le suivi des objectifs,
  • inclure la voix de la société civile dans les examens nationaux volontaires, jusqu’à présent préparés presque exclusivement par les gouvernements.

D’autres initiatives ont également été proposées : la nécessité pour tous les pays de ratifier les accords internationaux et de concevoir des politiques publiques cohérentes fondées sur les droits humains, la prise en compte des représentants de la société civile et des ONG en tant qu’agents de transformation, ainsi que leur rôle dans le développement et la localisation des ODD, et, enfin, la nécessité de préserver des espaces publics pour le libre échange des idées.

 

C’est un moment historique car un forum de la société civile s’est pour la première fois tenu en marge d’un sommet sur le développement. Pourtant, seuls quelques-uns des représentants des Nations Unies et des Etats membres ont rejoint les quelque 400 représentants et plus d’organisations de la société civile, dont Dianova International. Les débats ont malgré tout été très riches, permettant ainsi de compenser ce que la majorité des participants a considéré comme « une occasion manquée d’explorer ensemble les défis du développement et de trouver un langage commun nous permettant d’avancer vers les objectifs de développement durable et le Programme à l’horizon 2030 ».

Forum société civile

Le forum de la société civile a certainement représenté un moment historique car un tel forum s’est pour la première fois tenu en marge d’un sommet sur le développement, pourtant, seuls quelques-uns des représentants des Nations Unies et des Etats membres – Photo: Dianova CC