Nommé en juillet dernier par le secrétaire général des Nations Unies, le diplomate russe Yuri Fedotov vient de prendre ses fonctions à Vienne (Autriche), au titre de directeur de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC). Il devient également directeur de l’Office des Nations Unies à Vienne.
La mission de l’UNODC est d’aider les états membres des Nations Unies à atteindre un objectif de sécurité et de justice pour tous face aux menaces posées par la criminalité, les drogues et le terrorisme. Elle est notamment guidée dans son action par un ensemble d’instruments juridiques internationaux, à l’exemple des trois conventions sur les substances psychotropes (1).
Après avoir été assumée pendant huit ans par l’Italien Antonio Maria Costa, la direction de l’UNODC est désormais entre les mains d’un diplomate russe, Yuri Fedotov. La nomination de M. Fedotov a soulevé de nombreuses inquiétudes parmi les opposants à toute approche répressive de la question des drogues, dont nombre d’ONG.
Il est vrai que sa nomination viendra probablement renforcer la Fédération de Russie dont les prises de position en la matière, parfois qualifiées de rétrogrades, vont de ses appels répétés pour une reprise des campagnes d’éradication du pavot en Afghanistan, à son refus d’autoriser sur son sol quelque programme de réduction des risques que ce soit – du banal échange de seringues, aux programmes de maintien par la méthadone – en dépit d’une très forte augmentation dans le pays des taux d’addiction à l’héroïne et d’infection par le VIH.
Malgré ces inquiétudes, nul ne peut juger quelqu’un sur ses intentions supposées. M. Fedotov semble au contraire offrir toutes les garanties de vouloir inscrire l’action de l’UNODC dans le cadre des grands enjeux de notre siècle. Lors de son discours de prise de fonction, le 13 septembre dernier, il a souligné que:
« Vienne représente un axe central pour l’avancement des réformes lancées par le Secrétaire-général pour adapter les Nations Unies aux défis mondiaux de ce siècle: du changement climatique à l’accès universel à la santé, à l’énergie, à la sécurité alimentaire et en eau (…); la protection des communautés contre les abus de pouvoir; et la protection des jeunes contre l’addiction aux drogues et le VIH/sida. »
En outre, M. Fedotov promet de préserver la santé, les droits de la personne et la justice, s’agissant des politiques sur les drogues et la criminalité: « Je souhaite que cet Office fasse une contribution significative en faveur du progrès social et économique » a-t-il déclaré.
L’UNODC bénéficie d’un allié précieux dans la poursuite de ses objectifs: les ONG ainsi qu’une grande partie de la société civile qui participent aux efforts de sensibilisation sur les politiques globales en matière de contrôle des drogues. C’est à ce titre qu’intervient le Comité de Vienne des ONG sur les Stupéfiants (VNGOC), un organisme dont la vocation, depuis 1983, est d’offrir un lien entre l’UNODC et les ONG qui œuvrent dans ce domaine partout dans le monde. Le conseil d’administration du VNGOC est composé de représentants de six ONG reconnues, dont Dianova International (2).
M. David Turner, président du VNGOC, a adressé dernièrement un courrier à M. Fedotov pour le féliciter de sa prise de fonction et l’inviter à poursuivre le travail de son prédécesseur, en termes d’ouverture aux ONG et à la société civile:
« (…) les efforts menés pour faire face au problème mondial posé par la drogue et la criminalité et la corruption qui en sont les corollaires, doivent passer par une collaboration étroite et efficace entre les gouvernements, les organisations internationales et la société civile. Cependant, si une telle collaboration est devenue une réalité avec les gouvernements et qu’elle continue de progresser avec les autres organisations internationales, elle n’a pas, en revanche, encore été efficacement mise en œuvre avec la société civile et les ONG. (…)
« Nous sommes convaincus que (le Comité de Vienne des ONG) est capable d’offrir un cadre grâce auquel l’UNODC pourrait consulter des ONG à l’heure de développer ses plans stratégiques et opérationnels en lien avec l’un de ses mandats: l’usage inapproprié de drogues. Cela permettrait en outre d’apporter à l’Office une source d’information complémentaire à exploiter dans son analyse des situations mondiale et régionales. »
L’appel est lancé, il appartient désormais au nouveau directeur de l’UNODC d’y donner suite, afin de renforcer le partenariat essentiel entre les ONG et les instances internationales. Par le biais de ses douze organisations membres réparties sur trois continents, Dianova se porte volontaire pour y œuvrer.
Avant sa prise de fonction, M. Fedotov était Ambassadeur de son pays au Royaume-Uni. Il était auparavant Vice-ministre des affaires étrangères et a également été représentant permanent adjoint de son pays auprès des Nations Unies à New York et membre de la délégation russe à de nombreux forums et conférences des Nations Unies.
1) Le système actuel de contrôle international des drogues repose sur trois conventions internationales : la Convention Unique sur les Stupéfiants de 1961 (amendée par le Protocole de 1972), la Convention sur les Substances Psychotropes de 1971, et la Convention contre le Trafic Illicite de Stupéfiants et de Substances Psychotropes de 1988
2) Mme Elena Goti, représentante de Dianova, occupe la fonction de secrétaire adjointe du VNGOC´