Ma santé, mon droit

Chaque année, la journée mondiale de la santé souhaite attirer l’attention sur l’un des enjeux essentiels en la matière – cette année: « Ma santé, mon droit »

Ma santé, mon droit

La Journée mondiale de la santé est une journée de sensibilisation à la santé mondiale célébrée chaque année le 7 avril, sous le parrainage de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que d’autres organisations connexes – image : OMS, tous droits réservés

Par l’équipe éditoriale – En tout, quelque 140 pays reconnaissent la santé comme un droit humain dans leur constitution. Pourtant, dans ces mêmes pays, il reste encore beaucoup à faire pour s’assurer que les populations ont effectivement accès aux services de santé. Et nous sommes même bien loin du compte. Selon l’OMS, quelque 4.5 milliards de personnes – soit plus de la moitié de la population mondiale – n’ont toujours pas accès aux services de santé essentiels.

Des droits humains menacés

Parler de la santé comme d’un droit, ce n’est pas simplement un concept. Le droit à la santé et les droits humains connexes sont des engagements juridiquement contraignants consacrés par les instruments internationaux relatifs aux droits humains. Ainsi, les pays ont l’obligation légale de mettre en œuvre des lois et des politiques qui garantissent un accès universel à des services de santé de qualité qui s’attaquent aux causes profondes des disparités en matière de santé, incluant notamment la pauvreté, la stigmatisation et la discrimination.

Aujourd’hui pourtant, jamais les droits humains n’ont été aussi menacés. Comme le rappelait le secrétaire général des Nations Unies lors de l’ouverture de la 52ème session du Conseil des Droits de l’homme: « Alors même que nous célébrons son 75ème anniversaire, la Déclaration Universelle (des droits de l’homme) est attaquée de toutes parts ».

Un peu partout les conflits font rage – entre Israël et le Hamas, en Ukraine, au Soudan, en Ethiopie, au Myanmar et au Sahel. La guerre et son cortège d’atrocités, de vies humaines perdues, de souffrances, de détresse physique et mentale. Par ailleurs, l’utilisation de combustibles fossiles continue d’être le premier responsable de la crise climatique, tout en nous privant du droit de respirer un air propre. Selon l’OMS, la pollution de l’air extérieur et intérieur tue une personne toutes les cinq secondes.

Respire

Les données de l’OMS montrent que 9 personnes sur 10 respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants. On estime que la pollution atmosphérique tue chaque année sept millions de personnes dans le monde – Photo par Fabian Møller sur Unsplash

L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée, entraînant des feux de forêt géants, des tempêtes et des sécheresses intenses avec des conséquences dévastatrices pour les conditions de vie de millions de personnes. Les inégalités économiques n’ont fait que croître, tandis que les droits des femmes et des populations LGBT ont reculé dans de nombreux pays. Si la tendance continue, on estime que plus de 340 millions de femmes et de filles vivront dans l’extrême pauvreté d’ici à 2030.

Des enjeux nouveaux et différents

Le 21ème siècle a été marqué par des changements importants associés aux nouvelles formes de communication et d’interaction sociale. Avec les avancées technologiques, de nouveaux enjeux sont apparus du fait d’une distribution inégale de ces mêmes avancées selon les pays, les populations et les classes sociales. Enfin, les changements climatiques et environnementaux, les nouvelles façons de travailler, les crises économiques, financières et migratoires, ainsi que la pandémie de COVID-19 ont également un impact négatif important sur la santé et la qualité de vie.

La santé mentale est, en particulier, devenue un enjeu de santé globale. Selon l’OMS, on observe un augmentation importante de certains troubles psychiatriques dans le monde, avec des conséquences directes  sur la vie quotidienne des personnes et donc sur leur productivité et leur qualité de vie, tandis que les réponses apportées restent insuffisantes ou inadaptées.

Des conditions comme la dépression, l’anxiété et l’usage de substances se sont intensifiées en raison de la pandémie. L’un des enjeux essentiels des prochaines années sera de progresser dans la compréhension et la prise en charge de ces problématiques.

L’engagement de tous

Le thème de la Journée mondiale de la santé 2024, « Ma santé, mon droit » a été choisi afin de mettre en avant le droit de chacun, partout, d’avoir accès à des services de santé de qualité, à l’éducation et à l’information, ainsi qu’à de l’eau potable, un air pur, une nutrition adaptée et des conditions environnementales et de travail décentes. Pourtant, il y a peu de chances qu’une campagne internationale empêche de dormir les autocrates du monde entier et, en règle générale, tous ceux qui bafouent les droits humains au quotidien.

Les causes associées à ces violations des droits humains dépassent les frontières et ne peuvent être résolues par des gouvernements bien intentionnés agissant seuls. Pour répondre à ces menaces, il faut s’appuyer sur les principes universels et internationaux de l’état de droit et des droits humains, des principes fondés sur des histoires humaines communes et acceptés par les nations du monde entier il y a 75 ans.

Les droits humains sont menacés, remis en question partout dans le monde. Pourtant un tel cadre demeure la seule feuille de route que nous ayons pour construire des sociétés inclusives et relever les défis mondiaux qui menacent l’humanité.