Lettre du Comité des ONG sur les migrations

Un appel à condamener le décret rejetant les réfugiés et autres voyageurs de plusieurs pays à majorité musulmane

Réfugiés syriens

Le Comité des ONG sur les migrations est un membre de la Conférence internationale des organisations non-gouvernementales (CoNGO) en relation consultative avec le Conseil économique et social des Nations Unies. La mission du Comité des ONG sur les migrations est d’encourager la protection et la promotion des droits humains des migrants, conformément à la Charte des Nations Unies.

Nous constatons maintenant que ces droits fondamentaux ont été violés par un décret présidentiel de l’un des États Membres des Nations Unies à l’objet d’interdire toute immigration en provenance de sept pays à majorité musulmane. Le décret, promulgué dans le but de protéger le pays contre le risque d’attentat terroriste, interdit de fait tout projet d’immigration aux citoyens de ces Etats, même pour ceux détenant un visa d’entrée valide, incluant les réfugiés ayant été abondamment contrôlés  au cours d’une procédure ayant parfois duré plusieurs années. Beaucoup d’entre eux se sont vus refuser l’accès à bord des avions ; ils ont été expulsés de force des avions, contraints de signer des documents dans une langue qu’ils ne comprennent pas, renonçant ainsi à leur droit d’entrer dans leur pays de destination; ils ont été bloqués dans des aéroports et détenus de force pendant des heures, voire des jours.

Ce décret qui a été mis en application arbitrairement et sommairement est de toute évidence une violation des dispositions de plusieurs des conventions de l’ONU interdisant toute discrimination sur la base de la religion, des origines ou de la race. Au plan personnel, ce décret ne va faire que déchirer des familles pour lesquelles le regroupement familial représentait le seul espoir de guérir de leurs profondes blessures; il enlève aux enfants l’opportunité de recevoir une éducation et de grandir en paix; il enlève aux étudiants, aux chercheurs, aux artistes et aux écrivains l’opportunité d’interagir entre eux, d’imaginer et de créer afin d’enrichir notre esprit, nos mœurs et notre culture; il enlève aux migrants la possibilité de contribuer au développement de technologies essentielles; il enlève à nombre d’entrepreneurs la possibilité de concevoir des projets permettant de renforcer l’économie du pays; enfin, il enlève au pays la possibilité de prêter assistance à sa jeunesse et à ses anciens, qui en ont pourtant grandement besoin.

Il s’agit tout simplement d’un acte de xénophobie arbitraire et extrêmement dangereux, un acte qui rejette toute possibilité de développement, un acte qui nous rabaisse de par son mépris des droits humains fondamentaux et des valeurs humaines qui nous sont chères. Ce décret crée davantage de division, il stigmatise et désigne comme des terroristes potentiels toute une population sur la seule base de son appartenance religieuse, de ethnie et de son origine. Il sème la peur de l’autre, la suspicion et l’instabilité partout.

Maria Pia Belloni-Mignatti, Présidente