La campagne ‘Le prochain normal’ de l’Unesco nous rappelle que ce que nous estimions normal dans le monde d’avant ne devrait plus l’être dans celui d’après

« Un enfant meurt d’une pneumonie toutes les 39 secondes, 43 ans après la découverte d’un vaccin » (normal) » – Capture d’écran de la campagne « le prochain normal » de l’Unesco
« Les désastres et les catastrophes n’éclairent pas seulement le monde tel qu’il est. Ils déchirent le tissu de la normalité´. Par l’ouverture ainsi créée, nous entrevoyons d’autres mondes possibles » Peter C Baker, The Guardian
C’est quoi le « normal »?
Qu’est-ce qui est « normal » ? Le fait que la pollution tue plus de huit millions de personnes chaque année ? Qu’un influenceur gagne un million de dollars pour un simple post ? Qu’un enfant sur cinq ne soit toujours pas scolarisé ?
La pneumonie est una maladie que l’on peut prévenir grâce à un vaccin qui existe depuis 43 ans. Pourtant, elle continue de tuer plus d’enfants que toute autre maladie infectieuse. Est-ce qu’est normal ?
Chaque jour, entre 150 et 200 espèces de plantes, d’insectes, d’oiseaux ou de mammifères disparaissent. Comment peut-on s’y habituer ?
Une crise qui n’a rien de normal
La période que nous vivons n’a rien de normal. A cause de la gravité de la pandémie, beaucoup d’entre nous vivent avec la peur au ventre. Tout le monde est concerné. Mais les personnes vulnérables plus encore. Par exemple, les personnes âgées, atteintes d’une maladie chronique, sans-abri ou utilisatrices de drogues.
Certains ont été emportés par la maladie. D’autres vivent avec les séquelles de la maladie. Sans compter la crise économique qui pointe le bout de son nez.
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Mais on a vu aussi de belles choses…
Avec un très beau clip de 2 minutes, la campagne « le prochain normal » de l’Unesco nous rappelle que ce n’est pas parce que nous nous sommes peu à peu habitués à une certaine forme de normalité que nous devons la reproduire dans « le monde d’après ».
Pourtant, nous avons vu aussi de belles choses durant la crise. En mars dernier, Monica Falocchi, infirmière-chef de l’unité de soins intensifs de l’hôpital civil de Brescia, fait la couverture du New York Times Magazine. Son visage exprime la douleur et la fatigue de tous les soignants. Mais c’est aussi un hommage mérité pour celles et ceux dont le métier est de sauver des vies.
En mars dernier encore, aucune école américaine n’a connu de fusillade ce mois-là. C’était la première fois depuis dix-huit ans.

Monica Falocchi, infirmière chef à l’hôpital civil de Brescia fait la couverture du New York Times Magazine – Capture d’écran de la campagne « le prochain normal » – Voir les autres photos de la série par Andrea Frazzetta
Une autre façon de voir le monde
La crise sanitaire internationale nous force à travailler autrement. Elle impose une autre façon d’entrer en relation avec les autres. Une autre façon de voir le monde. Des chercheurs du monde entier ont mis leurs savoirs en commun. A la suite de ce partage, ils sont parvenus à décoder le génome du virus. Il leur a fallu trois jours seulement! Cela n’était jamais arrivé auparavant.
Partout, la pollution a diminué. En raison de la meilleure qualité de l’air, les Indiens ont pu voir les sommets de l’Himalaya à 200 kilomètres de distance. En trente ans, c’était la première fois. Même les grandes villes chinoises, parmi les plus polluées au monde, ont vu leur ciel s’éclaircir.
Autre signe d’une nature qui reprend (un tout petit peu) ses droits, deux baleines d’une vingtaine de mètres ont été filmées dans le Parc national des Calanques, près de Marseille.
Durant la pandémie, onze pays en guerre ont déclaré un cessez-le feu. En Afrique, des sociétés de téléphonie mobile ont fourni un accès gratuit aux ressources éducatives en ligne. Leur souhait? Que tout le monde puisse apprendre.
Non, tout cela n’avait rien de « normal » dans le monde d’avant.
Inventer « le prochain normal »
Et si chacun d’entre nous faisait un effort pour que ces belles choses deviennent la normalité ? La campagne « le prochain normal » pose cette question à tous.
Comment pouvons-nous agir contre les inégalités et les injustices sociales ? Individuellement et collectivement, que pouvons-nous faire pour contrer le phénomène d’extinction de masse des espèces ?
Les scientifiques parlent d’une 6ème extinction causée par l’agriculture et la déforestation. Voulons-nous vivre dans ce monde-là ? Élever nos enfants dans ce monde-là ? (Bon à savoir: l’action la plus efficace à notre disposition : diminuer notre consommation de viande)
Nous avons accepté l’inacceptable depuis trop longtemps. Notre réalité d’avant ne peut plus être acceptée comme normale. L’heure est venue de changer.
Changer, ce n’est pas seulement l’affaire des politiques. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer. La campagne « le prochain normal » nous invite à tirer les enseignements de ces derniers mois, en inventant « un monde d’après » plus respectueux de la nature. Plus juste. Plus paisible.
Découvrez le clip pour un « nouveau normal » ci-dessous (conseil : à voir en plein écran)