Dans les centres de Dianova, la radio aide à la reconstruction de l’identité et pour promouvoir des comportements positifs chez les usagers
Par Ana Benet – A l’occasion de de la Journée Mondiale de la Radio, le 13 février, Dianova souligne quelques-unes des pratiques visant à promouvoir la participation active de ses bénéficiaires.
Les expériences de Dianova en matière de radio
La mise en œuvre de méthodes innovantes de réinsertion sociale et d’autonomisation est l’objectif de tous les membres du réseau Dianova. En Norvège, par exemple, RIO, une association d’usagers dans le domaine de l’alcool et des drogues – membre associé de Dianova International, anime depuis 2020 un podcast dénommé RIO-Pod. À ce jour, six émissions ont été enregistrées avec des invités du monde politique, de la police, des représentants des minorités ethniques et des spécialistes des comportements addictifs.
Au Togo, le Groupe de réflexion des amis pour le développement de l’humain (GRADH), également membre associé, utilise la radio dans le cadre de son objectif d’éducation et de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène et à la prévention des maladies transmissibles.
Un outil d’interaction à Dianova Uruguay
L’équipe du centre de « Chanaes », situé à San José et géré par la fondation Dianova Uruguay, anime un atelier permettant d’utiliser la radio comme outil d’interaction.
La radio facilite la relation entre les gens et, selon l’équipe du centre, elle permet d’obtenir de meilleurs résultats thérapeutiques.
La fondation Dianova Uruguay travaille à la prévention et à la réinsertion des personnes ayant des problèmes avec les drogues. Entre autres services mis en place, la Fondation offre un soutien aux familles, un programme destiné aux jeunes, ainsi que des services de soins ambulatoires et de prévention des rechutes.
Lutter contre la stigmatisation sociale
Le centre de Chanaes est un centre résidentiel public géré par la Fondation Dianova Uruguay, en coordination avec le Réseau National des Drogues (RENADRO). Le centre est spécialisé dans l’accueil des hommes de 15 à 29 ans présentant une double pathologie, c’est-à-dire la coexistence de troubles psychiatriques et de l’usage de substances.
L’atelier radio de Dianova Uruguay contribue à lutter contre la stigmatisation sociale dont sont victimes les personnes souffrant de troubles liés à la consommation de substances, notamment lorsqu’elles souffrent aussi d’autres troubles mentaux. Les résidents du centre peuvent exprimer leurs idées, leurs opinions et leurs émotions grâce à un média qui stimule la liberté d’expression, en leur offrant, selon les termes des Nations unies : « l’expérience d’une société dans sa diversité, et constitue le cadre parfait pour que toutes les voix s’expriment librement, se sentent représentées et soient entendues ».
Le moyens de communication les plus utilisé
A l’ère des réseaux sociaux, on pourrait penser que la radio est un média dépassé. C’est faux. A l’heure actuelle, c’est encore le moyen de communication le plus utilisé dans le monde. La radio a toujours été un média capable de s’adapter facilement aux situations de crise. Tout au long de l’histoire, la radio a joué un rôle de premier plan car il s’agit du média le plus universel et le plus accessible. A l’occasion de la crise sanitaire actuelle, la radio apparaît une fois de plus comme un vecteur essentiel pour l’organisation d’actions de solidarité visant à faire face aux conséquences de la pandémie.
Se connecter avec soi-même
L’atelier radio du centre Chanaes offre aux utilisateurs le plaisir de se connecter avec eux-mêmes. L’atelier se caractérise comme un espace où les participants dissimulent leur identité derrière un pseudonyme afin de mieux pouvoir faire face à la société ou à eux-mêmes.
« Le fait d’être anonyme les aide à raconter leur histoire et à exprimer leurs opinions sans craindre d’être jugés », explique Diego Cabral, le médiateur de l’atelier. « C’est une façon de faire qui leur convient, qui les met plus à l’aise, tout en leur permettant de progresser dans leur programme de traitement. »
Enfin, la radio sert de mécanisme d’autodétermination, car de façon indirecte, elle permet aux résidents de renouer avec eux-mêmes et de croire à nouveau en eux. Comme le souligne Fabrizio Glisenti, directeur général de la Fondation Dianova Uruguay : « L’objectif de l’atelier n’est pas de diffuser le contenu des programmes de Dianova, mais de trouver un espace où les résidents peuvent faire entendre leur voix et donner leur opinion ».
Se connaître sans se connaître
La radio crée une situation unique où l’émetteur et le récepteur peuvent parvenir à se connaître sans se connaître, uniquement parce que ce média fonctionne sur la base d’une réalité façonnée par les participants. Une réalité dans laquelle on peut créer de toutes pièces des histoires, des joies, des aventures, etc., et les transmettre et les faire aimer. Un tel média peut-il survivre à l’heure d’Internet et des réseaux ? En tout cas, car il permet de construire un nouveau paradigme permettant d’aider à combler le fossé entre les personnes concernées par le problème des addictions et la société.