La crise du Covid, un défi majeur pour l’égalité entre les sexes

La pandémie entraîne une stagnation de la participation des femmes à la vie publique et une augmentation des violences de genre

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En dépit de l’efficacité des quotas mis en œuvre pour accroître la participation des femmes aux processus décisionnels aux niveaux national et local, seuls 36 pays les ont mis en œuvre – logo CSW65, licence CC

Par María Victoria Espada – Bien que les femmes participent de plus en plus à la vie publique, elles restent largement sous-représentées dans tous les aspects de la prise de décision. Selon les données d’ONU Femmes, seuls 22 pays ont actuellement une femme chef d’État ou de gouvernement et 75 pour cent des parlementaires sont encore des hommes.


Les femmes exclues des processus de décision

De nos jours, les femmes représentent 70 pour cent du personnel de santé, pourtant malgré les nombreux engagements mondiaux et nationaux en faveur d’une gouvernance mondiale de la santé plus égalitaire, le COVID-19 a entraîné la réponse habituelle – exclure les voix des femmes. Sur les 115 groupes d’experts et de décision identifiés, seuls 3,5 pour cent atteignent la parité de genre.

 

« Participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique, élimination de la violence, réalisation de l’égalité des sexes et autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles »

Tel était le thème prioritaire de la 65e session de la Commission de la condition de la femme (CSW65), qui s’est réunie du 15 au 26 mars dans un format largement virtuel en raison de la pandémie. Cette session avait une importance particulière étant donné que la précédente avait été réduite à une réunion unique de deux heures à cause de la pandémie. De plus les célébrations prévues pour le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing avaient été annulées.

La parité, un défi hors d’atteinte ?

Lors de la session d’ouverture, on a souligné à quel point la parité entre les sexes semblait encore un défi hors d’atteinte. Parmi les obstacles qui limitent la participation des femmes à la vie publique, on peut souligner des facteurs tels que les préjugés et les stéréotypes sur les rôles des hommes et des femmes, les normes, les lois et les politiques discriminatoires, ainsi que des barrières structurelles persistantes.

En dépit de l’efficacité des quotas mis en œuvre pour accroître la participation des femmes aux processus décisionnels aux niveaux national et local, seuls 36 pays les ont mis en œuvre rappelle ONU Femmes. Comme l’a souligné António Guterres, secrétaire général des Nations unies : « Nous vivons toujours dans un monde et une culture dominés par les hommes ; cela doit changer ».

António Guterres et Phumzile Mlambo-Ngcuka

António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, et Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, à l’ouverture de la 65e session de la Commission de la condition de la femme (CSW65), le 15 mars. – licence: CC

Des niveaux de violence disproportionnés

En dehors des limites imposées à leur participation à la vie publique, les femmes subissent aussi des niveaux disproportionnés de violence. Les femmes impliquées dans la vie publique et les militantes pour les droits humains font face à des situations de violence en ligne et de harcèlement sexiste de  plus en plus nombreuses.

Selon une enquête menée en 2016 auprès de parlementaires femmes, plus de 80 pour cent des répondantes indiquaient avoir subi des violences psychologiques au travail, 2 %, des violences physiques et 20% des violences sexuelles.

La pandémie a accru la vulnérabilité des femmes

Les données générales sur les violences sexistes nous montre un tableau plus dramatique encore. ONU Femmes souligne que dans le monde, quelque 35 pour cent des femmes déclarent avoir subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou d’une personne autre  qu’un partenaire.

 

Trop peu de femmes demandent de l’aide

A l’échelle mondiale pourtant, peu de femmes se tournent encore vers les institutions pour demander de l’aide. Moins de 40 pour cent des femmes victimes de violences demandent une aide, quelle qu’elle soit, et moins de 10 pour cent de celles qui le font se tournent vers la police. Comme l’indique Phumzile Mlambo-Ngcuka, directrice exécutive d’ONU Femmes : « C’est la crise la plus discriminatoire [à l’égard des femmes] que nous ayons jamais connue ; les avancées passées [en matière d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes] sont en danger ».

L’engagement de la société civile

Les organisations de la société civile ont pu exprimer leurs préoccupations face à la participation limitée des femmes à la vie publique et l’augmentation des violences sexistes. Plus de 25.000 personnes partout dans le monde ont participé aux  plus de 700 événements organisés par le Forum virtuel des ONG en parallèle à la session formelle de la Commission.

Pour la dixième année consécutive, Dianova a participé au Forum avec l’organisation de deux événements parallèles sur les liens entre les troubles liés à la consommation de substances et les violences, la stigmatisation et la discrimination sexistes, ainsi que sur la nécessité de mettre en œuvre des programmes de traitement des addictions incluant une perspective sexospécifique.