La CND dans l’ombre de la guerre

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été la question politique principale de la 65e session de la Commission des stupéfiants des Nations unies à Vienne.

United Nations buildings in Vienna

la session de la CND de cette année a été atypique à tous points de vue. C’est dans ces moments difficiles que la diplomatie et le multilatéralisme sont nécessaires pour progresser ensemble. Le problème des addictions est une réalité qui requiert une attention et une réponse constantes de notre part – Image: Shutterstock

Par Lucía Goberna – L’agression militaire de la Russie à l’égard de l’Ukraine a eu un impact majeur sur le déroulement de la Commission des stupéfiants (CND). Les tensions se sont manifestées lors de débats diplomatiques, par le retrait d’une résolution proposée par la Russie et par l’élection du membre du groupe d’Europe orientale au comité FINGOV. Voir l’article d’IDPC           sur ce thème (en anglais)

Comme le souligne le commentaire de conclusion de l’UNODC: « Cette session a été un défi, un événement sans précédent d’une certaine manière. Les circonstances dans lesquelles nous nous sommes réunis nous ont profondément divisés et la commission en a été affectée (…) En fin de compte pourtant, les réunions ont produit des résultats significatifs qui permettront aux États membres d’améliorer leurs réponses en matière de contrôle des drogues et de protéger la santé publique (…) Le problème mondial des drogues ne s’arrête pas en dépit des menaces urgentes qui se font jour. Nous non plus, nous n’arrêtons pas. Les résolutions sont importantes malgré les difficultés rencontrées lors des négociations ».

Soutien à l'Ukraine

La 65e session de la CND des Nations unies s’est déroulée au milieu de la plus grande crise géopolitique que l’Europe ait connue dernièrement – l’invasion de l’Ukraine a perturbé le travail de la Commission et mis en évidence l’isolement croissant de la Russie à l’ONU – image : Soutien à l’Ukraine, Shutterstock

Malgré la réalité effroyable qui nous rattrape, le rôle des institutions est de continuer à travailler et à aller de l’avant. C’est ainsi que des représentants de 130 pays, 17 organisations internationales et 86 ONG se sont réunis à Vienne du 14 au 18 mars 2022 pour la 65e session de la CND, qui s’est tenue dans un format hybride avec quelque 1400 participants. En plus des sessions formelles et des négociations sur les résolutions, 130 événements parallèles en ligne ont eu lieu durant cette semaine, sur un large éventail de thèmes.

Pour la 11ème année consécutive, Dianova a participé à la session (cette fois virtuellement), en organisant et en participant à des événements parallèles, des rencontres avec la société civile et en soumettant une déclaration écrite.

Session formelle

Les déclarations des pays membres et des agences internationales ont tenté de répondre à la situation présente, notamment sur la façon d’améliorer la disponibilité des médicaments essentiels en Ukraine ou sur comment soutenir celles et ceux qui ont besoin de services de réduction des risques, de traitement des dépendances ou de prévention du VIH dans ce pays.  (lire par les déclarations de l’ONUSIDA à cet égard).

Vous pouvez accéder aux transcriptions des sessions fournies par le CND Blog géré par le Consortium international des politiques de drogues (IDPC), à qui nous sommes très reconnaissants pour leur travail de documentation.

Parmi les points de l’ordre du jour, il faut citer notamment l’examen de la situation mondiale en matière de drogues et l’état d’avancement de la mise en œuvre des accords internationaux, ainsi que l’examen et les décisions sur les substances sous contrôle international. Les résolutions présentées et discutées portaient sur des sujets divers tels que la prévention précoce, le trafic de drogues, la fabrication illicite de drogues et la prolifération de précurseurs, le développement alternatif et la relation entre les politiques en matière de drogues et l’environnement.

Vous trouverez de plus amples informations sur le site officiel de la CND65 et sur la page de documentation.

Enfin, Dianova a publié une déclaration écrite sur la nécessité de mettre l’accent sur la situation des enfants de personnes qui utilisent drogues, laquelle a été incluse dans la documentation officielle de la session.

Événements parallèles de la CND

Dianova a participé à quatre événements parallèles :

Les enfants et les familles touchés par la consommation de drogues des parents : lacunes actuelles et pratiques prometteuses.

Cet événement, qui a attiré près de 140 participants, a donné une visibilité aux enfants dont les parents consomment des drogues et a permis de présenter des recommandations concrètes à prendre en compte lors de la conception et de la mise en œuvre  des interventions auprès des familles et des enfants concernés.

Lucia Goberna a accueilli les participantes au nom de Dianova avant de céder la parole à la Dr. Gisela Hansen qui a présenté le travail les publications de Dianova sur l’introduction d’une perspective des droits de l’enfant dans les services de prise en charge des addictions.

L’événement était organisé par Dianova International avec le soutien des gouvernements croate et italien, du Groupe Pompidou (Conseil de l’Europe) de l’Asociación Proyecto Hombre et de la Fondation San Patrignano.

Programmes de prévention auprès des familles fondés sur des données probantes

L’événement s’est concentré sur la manière d’aider les ONG à mettre en œuvre des programmes de prévention en collaboration avec les Rotary clubs locaux et en partenariat avec le Groupe d’action du Rotary pour la prévention des addictions (RAG AP).

Trois projets de prévention de terrain ont été présentés : projet de prévention à Malgedem, (Belgique), création d’espaces sûrs pour les mineurs au sein des bidonvilles de Kampala, (Ouganda), par l’organisation UYDEL, et le programme de prévention universelle visant à former les membres de la famille « Ensemble, on grandit: Les familles comme agents de santé« , conçu et mis en œuvre par Dianova. Dianova était représentée par Lucía Goberna et le Dr. Antonio Molina.

En outre, le Groupe d’action du Rotary pour la prévention des addictions a présenté un outil visant à mesurer l’impact social des programmes de prévention, ainsi que les systèmes utilisés pour évaluer et assurer le suivi des projets. Enfin, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a présenté les progrès réalisés dans les programmes de prévention précoce et la nécessité de mettre en place des programmes scientifiquement validés.

L’événement était organisé par le RAG AP, et coparrainé par la section prévention, traitement et réhabilitation de l’ONUDC, Dianova International et la Fédération mondiale contre les drogues.

Innovations centrées sur les personnes dans les communautés thérapeutiques

L’événement a mis en évidence l’importance des communautés thérapeutiques fondées sur des données probantes en tant que partie intégrante des systèmes de santé et a souligné la nécessité de fournir des services tout au long du continuum de soins.

Des pratiques et des réseaux innovants dans le domaine des communautés thérapeutiques ont été présentés par les fédérations régionales de communautés thérapeutiques. L’événement a permis de donner un aperçu du large éventail de services offerts par les communautés thérapeutiques, en coordination avec d’autres services, et des progrès réalisés dans la conception et la mise en œuvre de programmes scientifiquement fondés.

Organisé par la Fédération mondiale des communautés thérapeutiques avec le co-sponsoring de Proyecto Hombre, Dianova International, la Fédération européenne des communautés thérapeutiques, la Fédération latino-américaine des communautés thérapeutiques, la Fédération asiatique des communautés thérapeutiques, l’Association australasienne des communautés thérapeutiques et Treatment Communities of America.

Promouvoir des interventions de la société civile fondées sur des preuves, en partenariat avec les États membres et les organisations internationales

L’événement disposait d’un panel de qualité avec, entre autres, le délégué du Plan national espagnol sur les drogues, le Dr Villalbí, et la responsable de la section prévention et traitement de l’ONUDC, Giovanna Campello.

Trois exemples d’interventions concrètes fondées sur des données probantes dans les domaines de la prévention, du traitement et de la réduction des risques ont été présentés. Ces interventions sont mises en œuvre par des organisations de la société civile d’Europe, d’Amérique et d’Asie, en collaboration avec des organisations internationales et des États membres. Dianova a présenté une bonne pratique de partenariat avec la mise en œuvre du système de gestion de la qualité COPOLAD au sein du réseau uruguayen de traitement des drogues.

L’événement était organisé par l’Asociación Proyecto Hombre, avec le co-parrainage des gouvernements espagnol et uruguayen, de la section prévention, traitement et réhabilitation de l’ONUDC, de Dianova, de la Fondation pour l’Institut de recherche globale, du Réseau ibéro-américain des ONG travaillant sur les drogues et les addictions (RIOD)et du Comité des ONG de Vienne sur les drogues (VNGOC).

Autres événements parallèles

Dianova a également collaboré à l’organisation de l’événement « Driving change from a shrinking space : Challenges for effective civil society participation in drug policy making » en tant que membre du Forum de la société civile de l’UE sur les drogues, et a participé à de nombreux événements parallèles tout au long de la semaine.

Réunions de la société civile

En marge de la CND, d’autres rencontres intéressantes pour la société civile ont eu lieu, comme des dialogues informels avec le directeur exécutif de l’ONUDC, le président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants et le président de la CND. Dianova a profité de l’occasion pour demander à la directrice exécutive, Ghada Waly, quels étaient les indicateurs utilisés par l’ONUDC pour rendre compte au Forum politique de haut niveau des Nations unies de la couverture du traitement des troubles liés à la consommation de substances, étant donné le manque d’informations à ce sujet (services pharmacologiques, psychosociaux, de réadaptation et de suivi).

Comme chaque année durant la session, le Comité des ONG de Vienne sur les drogues (VNGOC) a organisé son assemblée générale annuelle, au cours de laquelle les questions stratégiques et internes de la plate-forme ont été discutées et les élections du Conseil se sont tenues. Dianova tient à féliciter les nouveaux membres de l’équipe : Matej Kosir de UTRIP, qui renouvelle son engagement à ce poste, Beatrix Vas de YouthRISE et Asia Almas Ashraf de la Fédération mondiale contre les drogues. Il faut souligner que le VNGOC dispose d’un processus électif échelonné qui permet chaque de renouveler la moitié des membres du conseil (trois au total) afin d’en assurer la continuité.

la session de la CND de cette année a été atypique à tous points de vue. C’est dans ces moments difficiles que la diplomatie et le multilatéralisme sont nécessaires pour progresser ensemble. Le problème des addictions est une réalité qui requiert une attention et une réponse constantes de notre part