Le 31 août, plusieurs centaines d’événements sont organisés partout dans le monde pour sensibiliser le public à la question des overdoses

Prévenir, c’est essentiel. Aux États-Unis, on estime que les programmes destinés aux usagers de drogues et aux aidants, permettant d’emporter chez soi des doses de Naloxone (un médicament utilisé pour inverser les effets des opioïdes) et d’être formé à son utilisation, ont permis d’éviter 10 000 décès par overdose d’opioïdes – Photo par Maazin Fyroze sur Unsplash
Initialement lancée en 2001, en Australie, la Journée internationale de sensibilisation aux overdoses est aujourd’hui la plus importante campagne en la matière. La campagne vise à lutter contre le phénomène des overdoses, à se souvenir de ceux qui sont partis, sans stigmatisation aucune, et à reconnaître la peine de ceux qui restent, familles ou amis.
La campagne, dont la promotion est assurée par le site https://www.overdoseday.com (en anglais) entend également sensibiliser le public au problème de l’overdose, l’une des crises de santé publique les plus flagrantes, et stimuler actions et débats sur les outils de prévention, scientifiquement validés, de l’overdose et sur les politiques en matière de drogues.
Depuis 2012, la Journée internationale de sensibilisation aux overdoses (International Overdose Awareness Day, ou IOAD) est organisée par l’organisation australienne de santé publique à but non lucratif Penington Institute. L’institut est dédié à promouvoir des stratégies efficaces, à former les acteurs de première ligne et à organiser des activités de sensibilisation dans ces domaines.
Texte adapté du site web https://www.overdoseday.com (cliquer pour plus d’infos et pour consulter la carte des événements organisés partout dans le monde)
Une crise mondiale
Les surdoses, ou overdoses de drogues représentent une crise internationale. Au cours des vingt dernières années, le nombre de décès par overdose a considérablement augmenté un peu partout dans le monde. Chaque année, on signale un nombre de décès record, principalement en raison de l’utilisation d’opioïdes, souvent en combinaison avec d’autres drogues, à l’instar des benzodiazépines, des stimulants et de l’alcool.
En 2020, on estime que 284 millions de personnes – soit une personne âgée de 15 à 64 ans sur 18 – ont consommé une ou des drogues au cours des douze derniers mois, soit une augmentation de 26% par rapport à 2010. Les opioïdes représentent les deux tiers (69%) des décès par overdoses. Le nombre estimé de personnes qui utilisent des opioïdes dans le monde, passant de 26 à 36 millions en 2010 à 61.3 millions en 2020. A l’heure actuelle, les épidémies de surdoses d’opioïdes font des ravages dans différentes régions du monde. L’une est essentiellement liée à la très grande disponibilité du Fentanyl – un opioïde de synthèse particulièrement puissant – aux États-Unis et au Canada.

La campagne vise non seulement à fournir des informations sur le problème des surdoses mortelles et non mortelles et à donner l’occasion aux gens de se souvenir publiquement de leurs proches, mais aussi à réduire les dommages liés aux drogues et à stimuler la discussion sur la prévention des overdoses – Image: International Overdose Awareness Day, Penington Institute
De plus, depuis le début des années 2000, une nouvelle drogue s’est répandu dans les principales scènes de consommation de drogues aux Etats-Unis: la xylazine ou « tranq ». Surnommée la « drogue zombie » ou « drogue mangeuse de chair » en raison de ses effets et de ses conséquences sur les usagers, ce sédatif vétérinaire est mélangé au fentanyl et en augmente les effets, mais aussi les risques – au point que l’administration américaine a déclaré en avril dernier que le fentanyl coupé de xylazine représente désormais une menace pour le pays.
La deuxième épidémie d’overdose sévit principalement en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest, au Proche et au Moyen-Orient, ainsi qu’en Asie du Sud-Ouest et est associée à l’utilisation non médicale d’un autre opioïde synthétique. Cette épidémie ne fait pas les gros titres et reçoit relativement peu d’attention médiatique. Le responsable ici, ce n’est pas l’héroïne coupée de fentanyl, ni même l’hydrocodone ou l’oxycodone, mais un analgésique beaucoup moins puissant: le tramadol. Cet opioïde de prescription est non seulement bon marché mais aussi très facilement disponible, ce qui en fait une drogue de choix pour les jeunes.
Prévenir les overdoses, c’est possible!
Toutes les overdoses de drogues peuvent être évitées. Il existe des stratégies pratiques pour inverser et prévenir les surdoses et réduire les dommages associés à l’usage problématique de drogues. L’un des objectifs de la Journée internationale de sensibilisation aux surdoses est de mieux faire connaître les stratégies et les outils fondés sur des données probantes qui peuvent contribuer à prévenir les surdoses, c’est-à-dire à prévenir les dommages et les décès dus aux surdoses.
Pour apporter une réponse efficace à l’épidémie mondiale actuelle, plusieurs facteurs doivent être réunis. Cela passe par le fait d’activer les communautés pour sensibiliser et lancer des actions de plaidoyer en faveur du changement, de générer des idées et des connaissances par l’écoute de ceux qui ont une expérience vécue des overdoses et des personnes qui consomment des drogues, d’utiliser des solutions culturellement appropriées, et bien plus encore.
Les overdoses représentant un problème complexe impliquant la stigmatisation, la discrimination et un certain nombre de malentendus sur les drogues et sur les personnes qui en consomment. Beaucoup ont été mal informées ou n’ont jamais été informées des risques liés à la consommation de drogues, y compris l’alcool et les produits pharmaceutiques. Par conséquent, notre réponse collective à la prévention des surdoses exige une réponse globale de la part des gouvernements, des organisations au sein et au-delà des secteurs de la santé, et d’une communauté bienveillante et informée.
Sources:
- Penington Institute (2022). Global Overdose Snapshot
- UNODC (2022). World Drug Report 2022