Journée de la justice sociale : Une perspective indienne

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La justice sociale est l’un des principes de base d’une société paisible ; il est essentiel que chacun ait un accès égalitaire aux richesses, à la justice, à la santé, au bien-être et aux opportunités

Journée mondiale de la justice sociale

L’oppression des femmes a été omniprésente tout au long de l’histoire de l’Inde et, bien que leur statut ait connu de nombreux changements, elles demeurent encore et toujours victimes de discrimination et exclues des processus décisionnels.

Par Lakshmaiah Janumala – L’Inde fait partie des nations qui défendent le principe de la justice sociale. Parmi les objectifs énoncés dans le préambule de la Constitution, le peuple indien s’est engagé à faire de l’Inde une république souveraine et à garantir la justice sociale, économique et politique à tous ses citoyens, reflétant ainsi les espoirs et les aspirations de tous. Pourtant, énoncer le principe de justice sociale est une chose, mais le rendre effectif en est une autre. Si nous voulons parvenir à la justice sociale, nous, le peuple indien, devons affronter les mille et un problèmes auxquels les gens sont confrontés, notamment du fait de leur caste, de leur sexe, et à cause du poids de la religion, de la culture et de la tradition.

Le principe de justice sociale devient inopérant en l’absence de paix et de sécurité et en l’absence de respect des droits humains et des libertés fondamentales.

Les Indiens sont à juste titre fiers de leur culture, mais il faut pourtant souligner que cette même culture s’enracine dans des siècles d’exploitation de l’autre au nom de la caste et de la religion. L’érudition que les Indiens ont acquise dans les domaines de la musique, de la danse et des autres arts est le résultat de l’exploitation des personnes situées plus bas dans l’échelle sociale. Le système indien de castes, qui divise les Hindous en différents groupes sociaux selon leur naissance et le travail qu’ils occupent, remonterait à quelque 3 000 ans. Dans ce système, les gens étaient divisés en quatre classes : les Brahmanes (la classe sacerdotale), les Kshatriyas (la classe dirigeante, administrative et guerrière), les Vaishyas (artisans, agriculteurs et marchands) et les Shudras (travailleurs manuels). En outre, certains étaient même hors-caste notamment les Dalits, c’est à dire ceux que l’on nommait « intouchables » auparavant.

Après l’indépendance de l’Inde, le pays a adopté des lois pour lutter contre l’oppression, l’inégalité et la discrimination dont sont victimes les castes et les tribus historiquement défavorisées et pour améliorer leur situation socio-économique. Considéré comme une sorte de politique d’action positive, le système indien de réservation a été conçu pour leur donner la possibilité d’accéder aux emplois gouvernementaux et aux établissements d’enseignement supérieur, pourtant les inégalités sont encore très présentes dans l’Inde moderne.

 

L’oppression des femmes a été omniprésente tout au long de l’histoire de l’Inde et, bien que leur statut ait connu de nombreux changements, elles demeurent encore et toujours victimes de discrimination et exclues des processus décisionnels.

Dès leur naissance, les jeunes filles indiennes sont victimes de discrimination et de violence. La violence domestique est particulièrement endémique. En Inde, environ 70 % des femmes sont victimes de violence conjugales. En outre, l’infanticide des filles, l’avortement sélectif, les crimes d’honneur, les violences et décès liés à la dot et le mariage des enfants sont quelques-uns des nombreux maux qui s’avèrent si difficiles à éradiquer malgré les dispositions constitutionnelles et juridiques qui non seulement accordent l’égalité aux femmes, mais donnent également à l’État le pouvoir d’adopter des mesures de discrimination positive en leur faveur.

La justice sociale est-elle possible en Inde ? A cette question, on  peut répondre « oui », mais nous n’y parviendrons qu’en supprimant les inégalités associées au sexe, à la caste, à la religion, à la richesse, au titre ou aux opportunités.

Lakshmaiah Janumala est secrétaire de l’ONG Angels in the Field, membre associé du réseau Dianova