Immigration: Interview de Mathilde, travailleuse sociale au CAH Dianova

Mathilde

« Je rêve d’un monde où les gens n’auraient plus à courir des risques insensés pour une chose aussi simple que de vouloir améliorer leur vie »

Depuis le mois d’août dernier, l’association Dianova Espagne a ouvert un nouveau centre d’accueil humanitaire dans la région de Madrid, afin de répondre aux besoins du nombre croissant d’immigrés arrivés sur les côtes espagnoles. Le centre propose un ensemble de services d’accueil d’urgence visant à aider les personnes immigrées en situation de grande vulnérabilité. Les services incluent: logement, alimentation et autres besoins de base, ainsi qu’un ensemble d’outils sociaux visant à favoriser leur intégration et leur autonomie: apprentissage de la langue, accompagnement social et juridique, aide à la recherche d’emploi, développement des habiletés sociales, etc.

Interview de Mathilde Sardet, travailleuse sociale au centre d’accueil humanitaire de Dianova

En quoi consiste ton travail dans le centre d’accueil humanitaire?

Je m’occupe de préparer la phase de pré-accueil de la personne immigrée et du suivi de la phase d’accueil proprement dite. Par exemple, c’est moi qui réalise la première entrevue afin de recueillir les informations personnelles concernant la personne: son nom, d’où elle vient, les papiers d’identité dont elle dispose et quelles sont ses adresses de contact éventuelles. Dès son arrivée chaque personne se voit remettre un kit d’hygiène et on les informe des services proposés par le centre, ses activités, ses horaires, etc.  À partir de là, chaque personne s’intègre à la routine quotidienne du centre et à ses activités.

Quel a été ton parcours professionnel?

Mon travail est depuis assez longtemps en lien avec les questions d’immigration. J’ai par exemple travaillé pour la Croix-Rouge où je m’occupais de coordonner des services d’aide humanitaire et de suivi de dossiers d’asile politique. Durant toutes ces années, j’ai accumulé une expérience que j’applique maintenant à mon travail dans le centre de Dianova. Une chose qui m’a frappée chez les personnes immigrées, c’est le décalage existant entre l’idée qu’elles se font de l’Europe et la réalité qui les attend. Tous ceux qui arrivent dans notre pays ont une idée totalement fausse sur les opportunités qui les attendent en Europe. Ils s’attendaient à ce que tout soit bien plus facile pour eux que ça ne l’est en réalité.

Que faudrait-il faire à ton avis pour changer un peu les choses?

Je pense qu’il faudrait dédier plus de ressources pour pouvoir aider les personnes et améliorer leur situation et leur donner la chance d’accéder à un véritable projet de vie. C’est dans ce sens que l’engagement humanitaire de l’association Dianova Espagne est important, car le centre d’accueil ne se limite pas à répondre aux besoins de base des personnes immigrées. Il s’occupe aussi du suivi psychologique, des services sociaux, de l’accompagnement juridique et en matière d’emploi. Pour les bénéficiaires, c’est une offre professionnelle de grande valeur.

Pour revenir à ta question, il faudrait que les administrations publiques accordent plus de ressources aux services d’aide directe aux personnes immigrées, mais aussi qu’elles aident à faire évoluer les mentalités. Par exemple, il faudrait mener des actions de sensibilisation afin que le public en général connaisse mieux les problèmes liés à l’immigration.

Et si tu avais un rêve?

Ce serait un monde où le problème de l’immigration ne serait pas porteur d’autant de préjugés, un monde où l’on en reconnaisse aussi les aspects positifs. Je rêve aussi d’un monde où les gens n’auraient plus à courir des risques incroyables pour une chose aussi simple que de vouloir un peu améliorer leur vie.