“Il est crucial d’aborder l’impact de la violence”

Evénement parallèle CSW65: aborder les violences sexistes : un élément clé des programmes sexospécifiques de traitement des addictions

No to violence against women

« Quand tu es entouré seulement de femmes, des femmes qui ont vécu la même chose que toi, tu as tendance à vouloir partager. Tu entends les témoignages des autres et tu te dis : « Mais j’ai vécu la même chose ! » – Image: « No to Violence against Women », François Decaillet, licence CC

Par María Victoria Espada – A l’occasion de la 65ème session de la Commission de la Condition de la Femme (CSW65), Dianova co-organisait le 22 mars dernier un événement parallèle intitulé : « Aborder les violences sexistes : un élément clé des programmes sexospécifiques de traitement des addictions ». L’événement s’est déroulé dans le cadre du Forum virtuel des ONG (NGO CSW65).

Une femmes sur trois…

Selon ONU Femmes, dans le monde une femme sur trois subit des violences physiques ou sexuelles, principalement de la part d’un partenaire ou d’un ex. Depuis le début de la pandémie, les violences contre les femmes se sont intensifiés, en particulier les violences conjugales. En parallèle, les études montrent une relation étroite entre comportements addictifs et violences : d’une part les femmes qui utilisent des drogues sont davantage susceptibles d’être victimes de violences conjugales, et d’autre part, l’usage de drogues représente souvent une stratégie pour faire face à ces violences.

Tenir compte des besoins des femmes

Pourtant, 80 pour cent des patients en traitement sont encore des hommes et les besoins spécifiques des femmes qui utilisent des drogues sont ignorés. Comme le souligne Gisela Hansen, coordinatrice thérapeutique des programmes de traitement de Dianova : « Il est crucial d’identifier, d’intégrer et de traiter l’impact de la violence sur la vie des femmes dans les programmes de traitement des addictions, car la violence et les drogues génèrent des dynamiques spécifiques et complexes ».

 

Il faut commencer par repenser les services traditionnels dans cette perspective et reproduire les bonnes pratiques existantes. En préalable au développement de ces services, il faut aussi assurer la formation des équipes et la mise en œuvre de groupes de soutien pour les femmes.

Conférencières

Les conférencières, dans le sens des aiguilles d’une  montre: Shawny Robey, M.S, M.B.A., Responsable opérations, Odyssey House Louisiana; Gisela Hansen Rodriguez, Ph.D., Psychologue clinicienne, Dianova; Jorgelina Di Iorio, Ph.D., Coordinatrice programmes réduction des méfaits, Intercambios Asociacion Civil; et Nazlee Maghsoudi, BComm, MGA, Présidente, comité exécutif, NYNGOC

Violences et minorités ethniques

Aux États-Unis, les minorités ethniques sont davantage confrontées aux violences et aux problèmes liés à l’usage d’alcool et de drogues en raison en raison d’une plus grande pauvreté, de foyers instables et de niveaux d’éducation plus faibles. Selon Shawny Robey, directrice des programmes de l’association Odyssey House Louisiana : « L’impact de la violence chez les personnes doit être abordé dans un cadre sécurisant, avec des patients qui partagent un parcours similaire, afin d’aborder les problèmes sous-jacents et identifier une voie vers le rétablissement. »

 

Selon Shawny, l’association  pourrait mettre en œuvre des programmes complémentaires pour les femmes ayant des enfants à charge, avec des impacts très positifs pour elles et pour leurs enfants.

Stigmatisation et rejet social

Les femmes ont encore peur de parler de ce qu’elles vivent. Elles ont peur de demander de l’aide à cause de la stigmatisation et du rejet social, y compris venant des professionnels de la santé. Il y a aussi le risque d’être arrêtées et de perdre la garde de leurs enfants. Sans parler des difficultés financières qu’elles rencontrent. Tous ces éléments constituent autant d’obstacles à l’accès aux services de traitement, comme l’explique Jorgelina Di Iorio, coordinatrice du programme de réduction des risques chez Intercambios Asociación Civil.

Selon Jorgelina, au vu du nombre élevé de femmes utilisatrices de drogues dans la région  Amérique latine et Caraïbes, il faudrait approfondir les recherches sur les liens entre femmes et usage de substances.

 

Il faudrait aussi se pencher sur les conséquences négatives que les politiques et les lois punitives ont sur elles. Enfin, selon elle : « Il est fondamental d’impliquer les femmes dans la prestation de services, de favoriser les associations de femmes utilisatrices de drogues, et surtout, de décriminaliser la consommation ».

Écouter la société civile

Si l’on veut des politiques sur les drogues plus efficaces, il est essentiel de tirer parti de l’expérience des organisations de la société civile dans les discussions qui se tiennent au sein des organisations internationales. Le document final de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies consacrée au problème mondial de la drogue (UNGASS 2016), en est un exemple. Ce dernier comprend un chapitre dédié aux questions transversales relatives aux drogues et aux droits humains, jeunes, aux enfants, aux femmes et aux communautés. Selon Nazlee Maghsoudi, présidente du New York NGO Committee on Drugs (NYNGOC) : « C’est une grande réussite de la société civile ».

Pour la société civile organisée, la pandémie de Covid est une somme de défis, mais aussi d’opportunités.

 

La participation en ligne, qui a augmenté considérablement, est une opportunité d’élargir son engagement au plan mondial, même si la fracture numérique et les restrictions d’accès aux différentes plateformes virtuelles restent une  menace. Comme l’a souligné Nazlee, il est essentiel que la société civile maintienne et améliore sa capacité d’action au sein des organisations internationales : l’élaboration de politiques efficaces en dépend.

Voir l’événement

 

Citatio de Valeria C.,  cliente de ‘Sober Living’, Odyssey House Louisiana

Voir la vidéo de Odyssey House Louisiana