Drogues et médias

Utiliser le pouvoir des médias pour aider à la prévention de l’usage de substances et en finir avec la stigmatisation des usagers

Conférencier-res de l'événement

Quelques-uns des conférencier-res de l’événement, de g. à d.: Lucía Goberna (Chargée des relations institutionnelles, Dianova), Rebecca Jesseman (CCSA), Kenneth Arctander (Directeur de la communication, RIO), Stephanie Nairn (coordinatrice, hôpital mère-enfant de Sainte-Justine, Montreal) et Kristina Stankova (assistante de recherche, Dianova) – photo: Dianova, CC

L’année dernière, Dianova International a lancé la campagne « Mettre fin à la stigmatisation ». Nous avons identifié les médias comme l’un des acteurs de la société ayant le plus de préjugés et qui créaient et perpétuaient la stigmatisation des personnes souffrant de troubles liés à la consommation de drogues. Parallèlement à la campagne, une série de recommandations ont été publiées pour mettre fin à la stigmatisation dans les médias, les services de santé et dans le milieu de travail.

Cette année, nous voulons examiner le rôle que jouent les médias dans tout ce qui se rapporte à la drogue, et nous aimerions renverser ce rôle et l’envisager sous un angle différent : comment pouvons-nous vraiment exploiter le pouvoir des médias afin de promouvoir des modes de vie sains, prévenir la consommation de drogues, défendre le droit à la santé et réduire la stigmatisation envers les consommateurs de drogues.

D’une part, et ce dans le cadre de la 63e session de la Commission des stupéfiants des Nations Unies, Dianova a publié l’une des six déclarations écrites par des organisations de la société civile, intitulée « Appel à une meilleure coordination pour exploiter le pouvoir des médias » (disponible aussi en anglais sur le site de l’UNODC). Ce rapport fait partie de la documentation officielle de la session des Nations Unies.

D’autre part, le 4 mars 2020, nous avons organisé un événement parallèle en marge de la 63e session de la Commission des stupéfiants intitulé, « Les médias, un acteur clé dans le domaine des drogues ». L’événement fut organisé par Dianova International et coparrainé par le gouvernement du Canada, le Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (CCLAT), l’Organisation norvégienne d’intérêt pour les utilisateurs de drogues (The Interest Organisation for Substance Misuers, RIO), l’association Proyecto Hombre d’Espagne, ainsi que la Turkish Green Crescent Society de Turquie. L’événement a réuni une soixantaine de personnes, qui ont activement participé à la séance de questions.

 

Rebecca a également évoqué l’importance de la proactivité des personnes travaillant dans ce domaine et a présenté la publication du CCLAT : « Se servir des mots pour surmonter la stigmatisation », une ressource très utile. Elle a aussi présenté la campagne #StigmaEndsWithMe.

Puis, Kenneth Arctander, de l’organisation RIO (membre associé de Dianova), a présenté la situation actuelle en Norvège. Le pays se penche actuellement sur une proposition de réforme politique en matière de drogues visant à dépénaliser la consommation et la possession de toutes les substances à usage personnel. Étant donné qu’il s’agit d’un sujet d’actualité dans le pays, Kenneth s’est appuyé sur des exemples d’articles au langage très péjoratif qu’ont pu publier certains médias ayant comme sujet des personnes consommant des drogues. Il a ensuite montré comment RIO a agi pour déconstruire l’imaginaire social négatif et présenter une vision plus humaine de la question.

Ensuite, Stéphanie Nairn, doctorante en sociologie à l’Université MCGill et coordonnatrice et chercheuse à l’Hôpital pour enfants Saint-Justine de Montréal (Canada), a abordé la perception des opioïdes par les jeunes dans les médias contemporains (Youth perceptions of opioids in contemporary media). Lors de cette présentation, Stéphanie a présenté les résultats préliminaires du projet « Menace sanitaire émergente » (Emerging Health threat) qui vise à identifier des stratégies pour promouvoir la prévention et l’intervention rapide chez les jeunes qui risquent de consommer des opioïdes. Les résultats préliminaires de l’étude suggèrent que les jeunes ne s’identifient pas à la représentation que font les médias des opioïdes et de leur consommation (allant de l’usage médical, créatif ou addictif), certains créant leur propre contenu. Il est important d’impliquer les jeunes dans les actions de prévention et d’intervention afin que celles-ci soient effectives.

Enfin, Kristina Stankova, assistante de recherche chez Dianova International, a présenté les menaces et opportunités que représentent les réseaux sociaux ainsi que les médias alternatifs. Parmi les sujets abordés, on retrouve des éléments tels que la diffusion d’informations erronées, le rôle des personnes célèbres sur les réseaux qui font la promotion de modes de vie malsains ou l’influence de la publicité trompeuse sur les réseaux sociaux. Pour finir, Kristina a identifié certains moyens qui permettraient d’exploiter le pouvoir de ces médias pour, par exemple, toucher davantage de personnes, mobiliser des soutiens, gérer les contenus dangereux ou promouvoir la recherche.

Dianova souhaite remercier les partenaires de l’événement et les conférenciers-ères pour avoir ouvert un débat qui apporte des perspectives différentes, mais surtout qui d’exiger que mettre en oeuvre des actions proactives destinées à exploiter le potentiel des médias dans ce domaine.