Drogues : canaliser les voix de la société civile en Europe

La réunion annuelle du CSFD s’est déroulée à Bruxelles fin octobre afin de débattre des défis actuels en matière de drogues sur le territoire de l’UE

Réunon du CSFD à Bruxelles

Le CSFD est composé de 45 organisations de la société civile provenant de toute l’Europe et représentant une variété de domaines de la politique des drogues, et une variété de positions dans ces domaines – photo : CSFD

Par Lucía Goberna – La reprise rapide de l’offre et de la consommation de drogues au lendemain de la pandémie, l’évolution de la production de drogues, à proximité, ou même sur le territoire européen, l’absence d’une offre de services de réduction des risques dans les pays limitrophes de l’Ukraine accueillant un grand nombre de réfugiés, ou encore les changements à la réglementation du cannabis effectués par certains pays de l’UE sont quelques-uns des grands défis liés au phénomène des drogues au plan européen. Ces défis nécessitent une réponse coordonnée entre les pays européens et les organes de l’UE.

Le Forum de la société civile de l’UE sur les drogues

Dans le cadre institutionnel, la participation de la société civile au niveau de l’UE émane du Forum de la société civile sur les drogues (CSFD). Après deux années de pandémie, le Forum s’est réuni pour débattre sur la façon de renforcer la réponse des organisations de la société civile européenne et de contribuer au positionnement et à l’action des organes de l’UE.

Le CSFD est un groupe d’experts de la Commission européenne et sert de plateforme de dialogue entre les quelque 40 organisations de la société civile qui en sont membres et la Commission européenne. Il est actuellement organisé en quatre groupes de travail afin d’organiser leurs contributions aux organes européens en matière de :

  • Stratégie et plan d’action de l’UE
  • Relations avec les institutions internationales
  • Participation des organisations de la société civile à la politique nationale en matière de drogues
  • Questions émergentes : le forum travaille actuellement sur la décriminalisation et sur la perspective de genre dans les politiques des drogues.

La réunion annuelle du CSFD s’est déroulée les 25 et 26 octobre 2022 à Bruxelles (Belgique). Cette réunion est essentielle pour obtenir des informations de première main de la part de la Commission européenne et de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), pour organiser le travail des groupes de travail thématiques, et pour aborder les questions stratégiques du forum. Comme à l’accoutumée, elle s’est conclue par une réunion conjointe avec le Groupe horizontal « Drogues » du Conseil de l’Union européenne (GHD).

Le contexte

Les représentants de la Commission européenne ont d’abord présenté les principales actions menées à bien au niveau de l’UE, tandis que l’OEDT a présenté le panorama européen actuel en matière de drogues et l’impact de l’agression russe en Ukraine sur les drogues et sur les services de traitement et de réduction des risques destinés aux réfugiés au sein des pays limitrophes à l’Ukraine. Des représentants d’organisations de la société civile travaillant dans la région ont partagé des informations de première main afin de mieux comprendre l’ampleur de la situation.

Activités des groupes de travail

Par la suite, les quatre groupes de travail se sont réunis afin d’analyser le travail effectué, planifier les actions à mener pour l’année à venir et rassembler des idées. Il faut mentionner que le CSFD n’est actuellement financé par aucun projet européen (comme c’était le cas lors de la période précédente). En raison de ce manque, nous ne pourrons pas maintenir le nombre d’activités, de projets, de rapports et de recherches initialement prévus. Toutefois, le fait d’être constitué en tant que groupe d’experts de la Commission européenne garantit la tenue d’une réunion présentielle par an (coûts pris en charge par la Commission européenne).

Dianova participe activement au groupe de travail sur les relations avec les institutions internationales et au groupe sur les questions émergentes, notamment sur la perspective de genre. À cet égard, nous avons ces derniers mois travaillé à l’élaboration d’un rapport – présenté lors de la réunion annuelle – sur comment renforcer la perspective de genre au sein de la stratégie européenne et du plan d’action en matière de drogues, soit les documents d’orientation et de référence de l’UE en la matière.

Améliorer les échanges entre organisations de la société civile

L’une des nouveautés de cette réunion était l’organisation du « World Coffee », soit un processus de débat structuré permettant de discuter de sujets spécifiques avec un petit nombre de personnes. Les sujets abordés allaient de questions de fond, comme la décriminalisation, le continuum de services, l’abstinence, ou encore la réduction des risques, aux questions stratégiques et organisationnelles. Dianova a animé l’une des tables de concertation du World Coffee, ce qui s’est révélé un exercice très intéressant.

Mise en commun avec les représentants du Conseil de l’UE

La réunion s’est terminée par une rencontre avec les représentants du HDG, soit les représentants des États membres (principalement des ministères de la Santé et de la Justice) en charge de coordonner la question des drogues au sein du Conseil de l’UE. Le CSFD apprécie particulièrement l’organisation d’une telle rencontre, à laquelle ont participé plus de cinquante représentants des organisations de la société civile, de la Commission européenne, du HDG et de l’OEDT.

Dianova renouvelle son engagement en tant que membre du forum et remercie la Commission pour l’organisation de cette rencontre. Après des années de réunions virtuelles, travailler ensemble en personne s’est avéré beaucoup plus efficace, plus motivant et surtout, plus humain.

Pour conclure, nous condamnons bien entendu l’attaque russe contre l’Ukraine et déplorons ses conséquences humaines, sanitaires, sociales et économiques particulièrement tragiques. C’est une agression injustifiée et absolument contraire aux valeurs européennes.