L’anniversaire des conventions internationales est l’occasion de réfléchir à des outils supplémentaires pour répondre à l’évolution du problème mondial des drogues

Le traitement est l’un des maillons faibles des politiques des drogues : à l’heure actuelle, les femmes et les personnes marginalisées n’ont pas suffisamment accès à des services de traitement de qualité et abordables – Photo by the blowup on Unsplash
Par Lucía Goberna – La 64e session annuelle de la Commission des stupéfiants (CND64) a eu lieu du 12 au 16 avril 2021, pour la première fois en format hybride. Des représentants des États membres et un petit nombre de représentants d’autres organisations et de la société civile y ont assisté en personne. Dianova a suivi cette importante réunion de la CND, comme elle le fait depuis dix ans, mais en ligne cette fois-ci.
Six décennies de cadre juridique pour les politiques des drogues
L’année 2021 marque le 60e anniversaire de la Convention de 1961 (Convention unique sur les stupéfiants) et le 50e anniversaire de la Convention de 1971 (Convention sur les substances psychotropes), deux des trois conventions qui déterminent le cadre juridique du contrôle des drogues, ratifiées à l’époque par la plupart des pays. Ces outils classent les drogues devant être placées sous contrôle international ; ils comprennent en outre des dispositions concernant les alternatives à l’incarcération et entendant garantir l’accès aux substances contrôlées à des fins médicales et scientifiques
Malgré tout, le problème mondial des drogues s’est révélé persistant et résistant. Les conventions ne peuvent apporter de réponse spécifique à tous les aspects, tels que, justement, la répartition inégale des substances contrôlées à des fins médicales et scientifiques, l’accès équitable aux services de traitement ou encore le défi posé par le trafic illicite. C’est pourquoi, comme le souligne Cornelis P. de Joncheere, président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants : « (Cet anniversaire) est une bonne occasion de réfléchir à d’éventuels outils et formes de coopération supplémentaires pour répondre à une évolution du problème mondial des drogues non prévisible à l’époque de l’adoption des conventions. »
Pour Dianova il est vital que les normes et réglementations internationales s’adaptent à l’évolution de ces réalités afin d’apporter des réponses plus efficaces.

La 64e session de la Commission des stupéfiants (CND), 2021, s’est tenue en format hybride, soit avec des réunions en personne et en ligne
Les services de traitement, l’un des thèmes de la CND64
Le thème du traitement fait l’objet d’une attention particulière de la Commission. Suite à la session thématique sur le traitement qui s’est déroulée à l’automne 2020, deux des cinq résolutions de cette année portaient notamment sur l’accès aux services de traitement. Le Canada, le Honduras, Malte, les Philippines et l’Uruguay ont présenté une résolution sur l’accès aux services de réduction de la demande pour les personnes socialement marginales. En tant que représentant de l’Union européenne, le Portugal, ainsi que l’Albanie, l’Angola, l’Australie, le Brésil, la Norvège et la Thaïlande ont présenté une résolution en faveur de la promotion de services de prévention, de traitement et de réadaptation de qualité, abordables et complets.
Dans cette optique, Dianova a présenté l’une des six déclarations écrites de la société civile incluses dans la documentation officielle de la session, sur la nécessité d’améliorer les services de prévention et de traitement de la consommation problématique de cannabis.
Participation record aux événements parallèles
Le format virtuel a permis d’organiser un plus grand nombre d’événements parallèles (110 au total tout au long de la semaine), qui ont attiré un nombre record de participants étant donné n’étaient pas réservés aux participants de la CND64.
Dianova a organisé et modéré l’événement parallèle « Renforcer la prévention et le traitement de l’usage problématique du cannabis » en collaboration avec la Fédération européenne des communautés thérapeutiques, le Groupe d’action rotarien pour la prévention des addictions et la Coalition pour des politiques européennes sur les drogues à la fois justes et efficaces.
Notre représentante était également l’une des conférencière de l’événement : « la Voie à suivre : développer des programmes sexospécifiques de traitement pour éliminer les barrières pour les femmes », organisé par la Fédération mondiale contre les drogues en collaboration avec Dianova International, Proslavi Oporavak/Celebrate Recovery et le Committee of Women’s Organizations on Alcohol and Drugs. Une infographie originale préparée par Dianova en collaboration avec la WFAD présentant ces obstacles et les solutions pour les éliminer a été présentée lors de l’événement.
- Télécharger l’infographie en: English – Castellano – Français – Català – Euskera
En tant que membre du Forum de la société civile de l’UE sur les drogues, nous avons indirectement participé à l’événement « Promouvoir des politiques de drogues basées sur des preuves et des interventions basées sur les droits humains en Europe », organisé par l’association Proyecto Hombre avec le soutien de l’UE, du Portugal, de l’Espagne, du Conseil de l’Europe et du Forum de la société civile européenne sur les drogues.
De plus, les représentant·e·s de Dianova ont participé à d’autres événements parallèles sur des sujets variés tels que les stratégies de réduction de la demande sur le continent américain, les droits humains dans les politiques de drogues, la stigmatisation liée à l’usage de drogues, l’impact du COVID-19, ainsi que l’analyse de la situation cinq ans après l’UNGASS 2016.
Réunion annuelle du VNGOC
Le Comité des ONG de Vienne sur les drogues (VNGOC) est l’interlocuteur de la société civile auprès des agences des Nations unies travaillant sur la politique en matière de drogues. Chaque année, le comité profite de la CND pour réunir ses membres lors d’une assemblée générale virtuelle et organiser des élections. Cette année, la moitié des membres du conseil d’administration ont été élus. Dianova souhaite féliciter la nouvelle équipe composée de : Jamie Bridge (Royaume-Uni, président), Matej Kosir (Slovénie, vice-président), Hellen Lunkunse (Ouganda, trésorière), Heloisa Broggiato (Brésil, vice-trésorière), Ergin Beceren (Turquie, secrétaire) et Penny Hill (Australie, vice-secrétaire).
Le VNGOC occupe une position reconnue auprès des interlocuteurs de l’ONU et s’est révélé être un comité équilibré, opérationnel et efficace.
Dialogues informels avec la société civile
Comme c’est une pratique courante, le VNGOC organisait un dialogues de la société civile avec le président de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, le président et le secrétaire de la CND, le président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants et des représentants de l’Organisation mondiale de la santé.
Dianova a soulevé plusieurs questions sur la manière de donner davantage de visibilité aux questions de santé mentale et de leurs liens avec les troubles de l’utilisation de substances par l’Organisation mondiale de la santé et sur la nécessité faire des recommandations aux prestataires de services de traitement sur la meilleure façon de traiter ces doubles problématiques.
Dianova remercie le VNGOC et l’équipe de la société civile de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime pour leurs efforts pour aider la société civile à avoir accès aux sessions annuelles de la CND. Techniquement, cela s’est bien passé, mais nous espérons pourrons nous revoir bientôt à Vienne… en personne!