Dianova participait à la 2ème édition du « Symposium international sur la politique des drogues et la santé publique » à Istanbul (Turquie)
Symposium international politiques des drogues et santé publique – Istanbul
Par Rita Ferendeles – Le symposium s’est déroulé les 26 et 27 novembre dans le cadre magnifique de la ville d’Istanbul, grâce à l’organisation exemplaire de Yesilay/Green Crescent Society, une ONG active dans le domaine de la prévention et de la réhabilitation des dépendances. L’événement a rassemblé un grand nombre d’intervenants venus du monde entier – incluant professionnels, experts et représentants du monde scientifique et universitaire – et a bénéficié de la participation active d’un public nombreux. Outre la richesse des interventions, il faut noter les nombreuses contributions scientifiques (environ soixante) faites lors des sessions parallèles.
Gilberto Gerra, responsable de la prévention de la santé et de l’abus des drogues à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), a ouvert la séance par un discours sur le thème de « la vulnérabilité neurobiologique complexe liée aux troubles de l’utilisation des drogues: un aspect qu’il reste à explorer mais qui s’avère essentiel pour la prévention et le traitement. »
L’événement a été aussi l’occasion d’échanger des expériences et des pratiques dans le domaine des addictions, en particulier en matière de prévention, de traitement, de réadaptation, de suivi et d’évaluation. Les débats également mis l’accent sur différents thèmes comme l’addiction chez les jeunes ou la mise en œuvre d’une approche différenciée, dite « de genre » dans les programmes destinés aux femmes.
L’alliance thérapeutique en traitement résidentiel
En tant que représentante de Dianova, mon intervention avait pour thème: « le rôle central de l’alliance thérapeutique durant le traitement résidentiel ». En premier lieu, l’intervention s’est attachée à souligner la mission, la vision et les valeurs partagées par les membres du réseau Dianova avant d’expliquer comment les communautés thérapeutiques de l’organisation répondent au caractère complexe des dépendances grâce à la mise en œuvre de programmes résidentiels individualisés, élaborés à partir d’une évaluation fine des besoins et des attentes des personnes, sur la base d’une approche biopsychosociale centrée sur la personne.
L’intervention s’est poursuivie par une digression sur le processus de changement à l’œuvre dans le modèle d’intervention en communautés thérapeutiques – qui à l’heure actuelle s’adressent à une clientèle aux besoins différents – afin de tirer profit de leur caractère résidentiel comme d’une ‘compétence distinctive’ dans le réseau de soins. Ce processus vise en outre à attirer davantage de soutien scientifique et professionnel grâce à la mise en œuvre de pratiques scientifiquement validées.
L’intervention a mis en évidence l’aspect multidimensionnel de l’alliance thérapeutique comme base d’un processus de traitement incluant les usagers eux-mêmes, mais aussi le groupe, les services de référence et le réseau de soins en général. Mise en œuvre dès le début du programme, cette dynamique se poursuit jusqu’à la phase délicate qui précède la sortie de la communauté thérapeutique, moment où le système démontrer toute sa maturité de par sa capacité à favoriser le processus de différenciation, dans la perspective d’une alliance qui devient l’instrument de l’émancipation de la personne, soit sa capacité à atteidre la plus grande autonomie possible.
Enfin, dans ma conclusion, j’ai évoqué les dynamiques émotionnelles à l’œuvre dans la relation entre l’usager et le thérapeute et leurs implications dans la construction de l’alliance thérapeutique. En résumé, j’ai voulu transmettre le message suivant : nous devons travailler à construire une alliance thérapeutique de relever les défis quotidiens du « labyrinthe » de la dépendance, tout en amenant les personnes à trouver leur fil d’Ariane qui leur permettra de trouver la sortie, vers la plus grande autonomie possible.
La question des addictions est toujours plus vaste et plus complexe. Les abus vont augmentant et concernent de plus en plus les très jeunes. Les dépendances concernent toujours plus de domaines, depuis l’abus de substances jusqu’aux cyberaddictions. À ce stade, il est donc sans doute utile d’élargir la réflexion. Il existe un malaise profond impliquant plusieurs facteurs : le mode de vie, la distanciation de la société et la solitude sont souvent les prémices d’une addiction. C’est pourquoi il nous revient de penser aux plus fragiles et de réfléchir à la mise en œuvre d’interventions intégrées.
Le symposium nous a permis de travailler ensemble et nous a indiqué la direction à prendre : faire plus et faire mieux avec l’ensemble des thérapeutes et des services, rassembler les compétences permettant d’accompagner les personnes dans leur parcours de vie.
Nous devons travailler bien, avec passion, détermination et volonté. Nous devons travailler pour nous sentir utile, en lien avec le monde qui nous entoure et qui attend de nous des réponses concrètes. Nous devons tirer profit de notre potentiel éthique, moral et culturel pour continuer d’agir ensemble.
Ce qui nous unit c’est cette passion pour notre travail. Et conserver cette passion est notre plus gros défi.
« La marche pour la paix » avec la participation du personnel et des usagers de la CT de Palombara (Rome, Italie)
