"Une once de prévention vaut une livre de traitement" Est-ce toujours vrai?
Prévenir, c'est empêcher une chose de se produire. Au niveau des systèmes de santé, la prévention n'implique pas seulement l'action d'éviter ou de retarder la survenue d'une maladie, c'est aussi améliorer le bien être social dans son ensemble. C'est pourquoi, la prévention englobe un ensemble de valeurs ajoutées, aux plans économiques et sociaux.
A l'heure actuelle, 63% des décès dans le monde sont dus à des maladies qui pourraient être évitées. Par exemple, 75% des maladies liées aux complications cardio-vasculaires, le diabète, etc., et 40% des cas de cancer pourraient être évités ou retardés grâce à mesures de prévention et un mode de vie sain.
La crise économique a porté un coup très dur au domaine de la prévention. Depuis 2009 en fait, la prévention a été la cible première des coupes budgétaires qui ont impacté le secteur de la santé. C'est la raison pour laquelle il apparaît essentiel se sensibiliser les décideurs sur l'avantage d'investir dans des approches de prévention qui ont fait leurs preuves. Nous parlons ici d'investir dans des approches efficaces et efficientes. En un mot, c'est le moment de faire pression pour améliorer la qualité des interventions.
Les différents états pourraient mettre en place différentes mesures afin de faire face aux pratiques dangereuses de consommation, mesures qui peuvent aller de l'interdiction pure et simple jusqu'à l'information ciblée – même si ce genre de menaces pour la santé publique impliquent avant tout un changement de comportement, ce qui est le plus difficile à réaliser. De plus, les intérêts économiques mondiaux des marchands d'alcool et de tabac sont généralement à l'opposé des objectifs de prévention. En bref, les structures économiques actuelles n'ont pas à cœur de veiller à notre santé.
Du 16 au 18 octobre dernier, la Société Européenne de recherche en prévention organisait à Palma de Majorque une conférence visant à relancer le débat et la recherche en matière de prévention. Sous le titre "Une once de prévention vaut-elle encore une livre de traitement?", la conférence a présenté les toutes dernières découvertes, méthodes et controverses en la matière. Entre autres participants, la rencontre a réuni quelques 200 acteurs de la recherche. Elle était co-organisée par l'Institut Européen des Etudes de Prévention (IREFREA), avec la collaboration du Plan d'action contre les drogues du gouvernement espagnol.
L'un des principaux sujets abordés a été l'analyse coûts/bénéfices des interventions de prévention. Les décideurs doivent comprendre la pertinence de la prévention et être en mesure de la quantifier en termes économiques et sociaux. Il est important de souligner les multiples conséquences de certaines politiques. Par exemple, les programmes de prévention des drogues illicites ont des impacts positifs sur les personnes qui s'abstiennent de consommer et affectent positivement le système de santé, mais dans le même temps ils ont aussi des répercussions sur le système de justice pénale, étant donné que les personnes concernées sont moins susceptibles de commettre des crimes.
Alors que de nombreux chercheurs se sont plaints de l'absence d'analyse coûts/bénéfices des interventions de prévention, une bonne pratique de l'Institut des politiques publiques de l'état de Washington a démontré qu'il était possible de progresser dans ce domaine. L'institut, qui est au service des décideurs politiques, analyse l'effectivité, les risques et les coûts/bénéfices des différentes mesures.
En bref, dans ces moments de crise économique où les ressources sont plus rares et où les interventions doivent être particulièrement efficaces, une once de prévention vaut toujours une livre de traitement.