47ème assemblée générale de l’OEA

47ème Assemblée générale de l’Organisation des Etats Américains: « Renforcer le dialogue et la concertation pour la prospérité », Cancun, Quintana Roo, du 19 au 21 juin 2017

Assemblée générale de l'OEALa 47e Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) s’est déroulé dans la station balnéaire de Cancun (Mexique) du 19 Juin à 21 Juin, avec des mesures de sécurité renforcées . Plus de 1000 participants de 34 pays membres étaient présents, incluant les observateurs permanents, les invités extraordinaires et les organisations de la société civile, à l’exemple de Dianova International, représentée par  Alberto León – Lire le rapport ci-dessous.

Au nom de Dianova International, nous sommes satisfaits du plus grand rôle que joue la société civile à l’Assemblée, mais il reste pourtant beaucoup à faire pour faire réellement entendre sa voix. Pour cette raison, nous soutenons la proposition de créer une commission permanente entre l’OEA et la société civile dans le but de suivre l’agenda 2030 pour le développement durable.

 

47ème assemblée générale de la OEA

Participation de la société civile à l’assemblée, un rapport d’Alberto León

 

Alberto León Gómez est psychologue clinicien et organisationnel, spécialiste des addictions. Expert en psychologie du comportement, il possède plus de 15 ans d’expérience en développement personnel et en thérapie individuelle et de groupe. Alberto collabore avec Dianova depuis 14 ans, au sein de divers programmes et projets; il est actuellement membre du Conseil d’assemblée de l’organisation.

Jour 1 – Dialogue avec la société civile et autres parties prenantes

Une forte pluie caribbéenne a souligné l’ouverture de la 47ème assemblée de l’Organisation des États américains (OEA), tandis que tous les participants étaient rassemblés dans un hôtel de la ville de Cancun (Quintana Roo, Mexique), anxieux d’éviter la pluie et quelque peu émus de rencontrer tous les délégués, les invités extraordinaires et autres membres de la société civile.

L’événement a débuté par un discours d’ouverture du Secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, qui, lors d’un dialogue avec la société civile, a souligné les éléments suivants :

  • Nous sommes la région ayant le plus grand taux d’inégalité dans le monde ;
  • La société civile est essentielle au dialogue, à la recherche de solutions et à la démocratie ;
  • Nous ne serons pas toujours d’accord sur le débat, nos points de vues seront différents, mais c’est de cette façon que l’on trouve des solutions:
  • Nos plus grands défis sont les droits humains, le développement et la sécurité ;
  • Les droits humains ne sont pas seulement un discours pour quand cela nous arrange ;
  • La sécurité est question de solutions partagées ;
  • J’attends de vous (la société civile) des propositions concrètes ;
  • Notre devoir commun : la charte démocratique.

Après cette cérémonie d’ouverture,  les ambassadeurs de chaque Etat membre et le secrétaire général se sont donnés pour tâche d’écouter les points de vue et les propositions de la société civile. La dynamique a permis de regrouper en trente commissions les visions des différentse Amériques. Chaque commission a exposé durant cinq minutes le résumé technique de ses membres. Il serait difficile de résumer chaque exposé, mais il est important de souligner les points communs des principaux sujets de préoccupation de la société civile :

Les droits des filles, des garçons et des adolescents

  • Cette population est la plus vulnérable, il faut donc redoubler d’efforts pour apporter des conditions favorables au plan humain ;
  • Les enfants ne sont pas une propriété, ce sont des citoyens ayant des droits ;
  • Les premiers mille jours sont essentiels à une croissance saine ;
  • L’OEA doit écouter la voix de ses enfants.

L’éducation

  • Réduction de l’écart éducatif entre le secteur public et le secteur privé ;
  • Accès à la technologie : nous faisons face à une génération du savoir;
  • Modernisation et renouvellement des enseignants pour le 21e siècle ;
  • Pratiques professionnelles prises en compte en tant qu’expérience de travail.

Les droits humains

  • Stopper l’épidémie de violence (146 000 personnes meurent chaque année en Amérique) ;
  • Les migrants forcés et les populations victimes de violences: Afro-Américains et autochtones ;
  • Le rôle principal des Etats membres est de préserver la vie… ce qui n’est pas respecté ;
  • Il faut mettre un terme aux crimes envers les femmes  dès maintenant (violence, prostitution forcée, abus des enfants, achat et vente des enfants, des adolescents et des femmes) ;
  • Accès à la justice pour les populations vulnérables et amélioration des systèmes administratifs.

Les droits en matière de sexualité et de reproduction

  • Droit à l’information et l’utilisation des contraceptifs ;
  • Droit à l’identité et à la préférence sexuelle, incluant les droits des personnes LGBTTI (inclure ces droits dans la législation des États) ;
  • Plusieurs groupes ont proposé la dépénalisation de l’avortement dans les neuf pays du continent qui continuent à le sanctionner, et amélioration des soins de santé et d’accompagnement dans les pays où l’avortement thérapeutique est autorisé ;
  • D’autres groupes ont défendu la vie depuis la fécondation jusqu’à la mort : « Plus aucune mère d’enfants morts ».

Sécurité, démocratie et population

  • La population n’est pas le problème, mais bien les inégalités… S’il n’y a plus de naissances, il n’y aura plus d’écoles à construire ;
  • Les États de départ doivent se développer afin d’éviter les migrations ;
  • Les populations autochtones sont vulnérables face : à certaines entreprises qui les exploitent, au trafic de drogue, à la destruction des ressources naturelles et aux conflits armés ;
  • Les mandats de l’OEA doivent être agréés et ratifiés par les Etats membres, et non pas sous influence des États-Unis ; la charte démocratique n’est pas respectée ; ils ont outrepassé leur fonction (y compris le secrétaire général).

Après plus de six heures d’écoute des différentes commissions et autant de pluie (coïncidence ?), il a été décidé de rédiger un procès verbal, dans le quel les réponses des délégués seront incluses dans les prochains jours.

Avec moins de précipitation (dans tous les sens du terme), nous, les membres de la société civile, avons quitté le forum en étant plus solidaires, conscients de l’importance d’avoir pu nous exprimer et nous faire entendre… le dialogue s’intalle.

Alberto Leon (gauche) et Luis Almagro Lemes, Secrétaire général de l'OEA

Deuxième jour

 “La tempête prend de l’ampleur”

Après plus de sept heures d’échanges et l’exposition des cruelles réalités des pays d’Amérique, entre les différents délégués invités et la chancelière du Venezuela recherchant un moyen de sortir son pays de la crise son pays, la représentation du Venezuela décide de se retirer de l’OEA.

Développement intégral et prospérité dans l’hémisphère: « Plus de droits pour plus de personnes »

Contrairement aux autres journées, ce forum était présidé par des experts de différentes spécialités qui ont animé les différentes participations et exposés sur le thème du développement durable avec une grande rigueur scientifique. Ces exposés ont mis en lumière les points suivants :

  • Nous devons reconnaître que l’agenda 2030 et les dix-sept objectifs de développement durable sont les plus ambitieux jamais présentés et l’Amérique doit être à la hauteur de ces défis. Par conséquent, l’OEA doit être le promoteur et le garant de leur mise en œuvre et de leur suivi.
  • Un défi majeur dela région est l’inégalité sociale – 40 % de la population de la région vit dans la pauvreté. Le budget actuel de la BID est de 10 milliards, alors qu’il devrait être au moins de 120 milliards; des ressources devront être allouées.
  • Notre hémisphère doit travailler avec de bonnes pratiques reconnues et grâce à l’échange de technologies propres afin de ne pas détruire l’environnement, ce qui est possible. Nous devons articuler les bonnes volontés et l’OEA doit être l’interlocuteur entre les États ;
  • Les acteurs de la société civile sont des acteurs clés pour atteindre les dix-sept objectifs du développement durable, d’où l’importance de partager ce forum international décisif ;
  • Il ne suffit pas d’augmenter les budgets financiers, il est essentiel d’investir dans l’éducation et le développement humain ;
  • Pour attendre une certaine croissance économique et la durabilité, il faut travailler sur quatre enjeux fondamentaux : la lutte contre la pauvreté, l’emploi inclusif, le développement partagé des technologies, et le travail avec une énergie propre, efficace et économique.

 

Une fois le dialogue ouvert avec les délégués de chaque État, les tâches principales suivantes ont été suggérées à l’OEA dans le cadre de sa fonction exécutive:

  • Promouvoir et fournir des incitations pour le développement économique des TPE et PME ;
  • Être consultant en haute technologie auprès des pays pauvres (coordination avec le monde scientifique et technologique) ;
  • Inviter les Etats-Unis à reconsidérer son abandon de l’accord de Paris pour le changement climatique ;
  • Notre région n’est pas la plus pauvre, cependant, elle est celle dont le fossé en matière d’inégalités est le plus grand (dans le monde entier, huit personnes possèdent autant d’argent que la moitié la plus pauvre de la population – OXFAM 2016) ;
  • Étudier comment nos économies (Observatoire) se comportent et promouvoir et soutenir le secteur privé en tant que moteur de l’économie de la région ;
  • Examiner l’impact de la longévité des populations de la région sur la sécurité sociale, afin de ne pas surcharger le secteur privé (pensions), qui pourrait finir par s’effondrer ;
  • L’OEA peut demander aux institutions financières d’investir dans les énergies renouvelables pour protéger l’environnement dans chaque pays membre ;
  • La société civile a pu réaliser une unique intervention et sa recommandation a été : « Il faut créer une commission permanente entre l’OEA et la société civile afin d’assurer le suivi de l’Agenda 2030. »

Opportunités et défis pour le leadership des femmes dans les Amériques

« Nous ne pourrons aller de l’avant qu’avec l’égalité, ni plus ni moins » (Institut mexicain de la femme)

Ce troisième forum était présidé par cinq femmes (Vice-présidentes, Chancelières et CEO) et quatre hommes (Luis Almagro, le Chancelier du Mexique et deux Chanceliers), le quota d’égalité des genres était donc couvert. Les expériences des pays où l’égalité entre les sexes progresse et les obstacles qui subsistent dans d’autres ont été mis en évidence. L’importance des femmes dans les différentes sphères de la société a été soulignée, ainsi que, comme le titre du sujet l’indique, les différentes opportunités et défis dans la question de l’égalité. Les points suivants ont été soulignés:

Opportunités

  • Nous, les femmes, avons démontré que nous sommes capables d’occuper des fonctions électives dans le secteur public comme dans le secteur privé ou des postes décisionnels ;
  • L’égalité des genres est à l’avantage de tous : il a été démontré que lorsque les femmes occupent des postes à responsabilités, le PIB augmente et la sortie de la crise économique est plus rapide ;
  • Le Chili, l’Uruguay et le Canada incluent déjà un chapitre sur l’égalité des genres dans les accords de libre-échange ;
  • Il y a actuellement des progrès dans les fonctions parlementaires dans l’hémisphère (28%), juste en-dessous des pays nordiques (44%), et six pays ont déjà ajouté la question de la parité des genres (50/50) dans leur constitution;
  • L’inclusion des femmes est non seulement positive pour celles-ci, mais elle l’est aussi pour tout le monde :  États, employeurs, politiques publiques, économie… et planète ;
  • Il faut préciser que c’est la première fois que l’OEA aborde la question de l’égalité des genres et du  leadership des femmes.

Défis

  • Maintenant que les femmes ont plus facilement accès à la fonction publique, elles ont plus de visibilité, ce qui les expose au harcèlement et à la violence politique ;
  • Accélérer la mise en place de quotas dans les différents secteurs de la société est la clé de l’égalité des genres. Si nous continuons à ce rythme, il faudra 170 ans pour atteindre l’égalité;
  • Chercher l’équilibre des quotas dans les postes de prise de décisions, actuellement à 80-20 ;
  • Trouver la parité dans la vie publique, les avantages de la présence de femmes (démontrés) : a) renforcement des États – ce sont les plus stables, b) niveaux plus élevés de légitimité et de participation, et c) construction de démocraties pacifiques, libres et durables ;
  • Nous ne pouvons pas aborder le sujet du développement durable si nous continuons à restreindre le potentiel de la moitié de la population mondiale : les femmes ;
  • Travailler sans relâche pour réduire la violence, le fémicide et les grossesses non désirées chez les ados. La législation n’est pas le seul facteur, il faut éduquer à l’égalité des genres, l’intégrer à notre culture. Ne pas le faire, c’est risquer de voir perdurer le sexisme encore longtemps