Le Centre de recherche en gestion du risque (GRISC) de l’Université autonome de Barcelone organisait les 20, 21 et 22 octobre dernier, sur le campus de l’UAB de Bellaterra, le premier congrès européen sur La Resilience, grandir malgré l’adversité. « Tel père, tel fils disait-on. J’ai passé des années à me justifier de vouloir changer! » – Tim Guénard: « Plus fort que la haine » – Premier congrès européen sur la résilience
Le modèle éducatif et thérapeutique de Dianova permet-il de promouvoir la résilience?
Tim Guénard va de conférences en écoles pour parler de son histoire, expliquer que oui, il est possible de surmonter celle-ci.
Enfant abandonné par sa mère, maltraité par son père, il est passé par des dizaines d’institutions et autres centres d’éducation surveillée, il a vécu dans la rue. Il a volé, été violé, a connu la prison.
Mais il a changé sa vie.
La vision que Dianova a de ses services est aussi une déclaration d’intentions: avec l’aide adéquate, chacun peut trouver en lui-même les ressources nécessaires à un développement personnel et une intégration sociale réussis.
Nos écrits défendent une vision positive de l’adolescence (1). Nos présentations publiques montrent combien le respect et la confiance mutuelle qui existe entre le professionnel et l’usager favorise le changement et la croissance personnelle.
S’agit-il d’une attitude partagée par tous les professionnels de Dianova?
J’écoutais Tim Guénard affirmer: « Il y a des mots qui sont plus durs que les coups. Ceux qui m’ont le plus maltraité furent les éducateurs qui me disaient: « Pour toi, c’est génétique. Les parents qui maltraitent donnent des enfants qui maltraitent. Encore une fugue? Celui-là ne changera jamais! » Ceux-là m’ont fait plus de mal que les coups que m’ont donnés mes parents… »
Et je me suis souvenu de nos discussions internes sur le besoin « d’être tolérants » avec nos ados.
Face aux profils toujours plus exigeants des jeunes que nous recevons, il apparaît que les équipes manquent souvent d’outils de référence. C’est la raison pour laquelle nous devrions peut-être nous souvenir que notre modèle d’intervention renferme certains principes fondamentaux qui procèdent de la culture thérapeutique ou bioéthique (ne pas nuire, l’autonomie, la justice).
La valeur de notre modèle thérapeutique et éducatif dépend en tous temps du discernement des professionnels de Dianova et de notre conviction qu’il représente un outil-clé de promotion du changement.
La responsabilité qui est la nôtre consiste à éduquer émotionnellement et cela va beaucoup plus loin que le simple fait « d’éduquer socialement ». Elle est d’accompagner nos adolescents sur le chemin du pardon, à les aider à construire leur moi propre afin de leur permettre d’accepter et d’être accepté, à les aider à croire en eux-mêmes et en leurs capacités afin de se projeter dan l’avenir.
Il s’agit en d’autres termes d’élaborer un processus de construction de sens.
« Je ne savais pas que j’étais une bonne personne avant que quelqu’un me le dise. Ce fut une juge. Et c’est pour elle que j’ai fait des efforts » nous raconte Tim Guénard.
Nous travaillons avec des jeunes « en rupture ». En rupture émotionnelle et sociale. C’est pourquoi nous ne pouvons accepter aucune stigmatisation des personnes ou des comportements au sein de nos équipes.
Nous devons au contraire remettre en question les éléments susceptibles de réduire notre modèle à des routines éducatives dépourvues de sens.
« Ce n’est pas la quantité des relations qui donne un sens à la vie, mais la qualité des liens et la tendresse humaine que nous donnons en partage. » (Francesc Torralba)
Lucía Muñiz
Responsable de l’observatoire Dianova
(1) Apellániz, A.; Gómez, M.; Moreno, M.C.; Muñiz, L. “La intervención educativo- Terapéutica para menores con problemas de consumo en los centros residenciales” dans « Autores Varios » (2010), Manuel de travail en centre résidentiel: la méthodologie de la communauté thérapeutique – Madrid, Fundación Atenea/UNED, 2010 (version espagnole sous presse).