Les objectifs du traitement sont, en général, d’aider la personne à arrêter de consommer des substances et à retrouver une autonomie et une qualité de vie satisfaisantes

Il existe des méthodes éprouvées pour aider les personnes à cesser de consommer des substances ou de s’engager dans des activités qui leur posent problème – Photo Shutterstock
Le traitement des personnes présentant des troubles addictifs repose en général sur l’association d’un accompagnement social plus ou moins soutenu, d’un suivi psychologique individuel et/ou collectif et d’un traitement médicamenteux éventuel. On dit alors que l’accompagnement est pluridisciplinaire et global, afin de répondre au mieux à une problématique dont les facettes sont multiples, l’addiction n’étant jamais un facteur isolé dans la vie d’une personne.
Sans aide extérieure, il est très difficile d’arrêter seul l’usage d’une substance ou d’un comportement addictif, c’est pourquoi les personnes concernées doivent commencer par rencontrer un professionnel (addictologue, tabacologue, etc.) chargé d’évaluer leur consommation ou leur comportement (prise en charge des addictions comportementales, « sans substances »), ainsi que leur niveau de dépendance et ses conséquences aux plans personnel, familial et social. Le premier entretien ou entretien d’évaluation est une étape importante: il permet de dresser un profil précis de la situation de la personne et de ses motivations à arrêter, puis d’établir un protocole d’arrêt puis de traitement adapté à son cas.
Lors du premier entretien, le professionnel évalue:
- La fréquence, les modalités et les doses de substances consommées, ou, dans le cas d’une addiction sans substances, la fréquence de ses pratiques d’usage (par exemple, les jeux d’argent). De plus, il détermine l’âge d’initiation et vérifie l’association éventuelle d’autres drogues et/ou médicaments.
- Les conséquences et les risques associés à la consommation ou à la pratique potentiellement addictive aux plans individuel, familial, social et professionnel.
Les différentes modalités de traitement
La motivation d’une personne à mettre un terme à ses troubles addictifs est souvent fluctuante. Les adolescents par exemple sont souvent adressés aux services de traitement par leurs parents, ou par la justice. Leur motivation est alors limitée et ils sont souvent dans une position de déni vis-à-vis de leurs troubles addictifs et de refus de toute forme d’aide.
On entend souvent dire que: Si la personne n’est pas motivée, ou consciente de son problème, on ne peut pas l’aider. Pourtant, pour les professionnels, accroître la motivation individuelle est aussi un objectif, avant la mise en œuvre du traitement proprement dit. Le rôle du professionnel est alors d’accompagner la personne jusqu’à ce qu’elle réalise l’intérêt d’un arrêt de sa consommation de substances ou de sa pratique comportementale. Par la suite, tous deux peuvent définir un certain nombre d’objectifs à atteindre dans une atmosphère apaisée.
La phase de désintoxication ne traite pas les problèmes psychologiques, sociaux et comportementaux liés à l’addiction; elle ne constitue qu’une petite partie du processus de traitement.
La phase de désintoxication concerne les consommateurs physiquement dépendants (alcool, tabac, opiacés) et vise à atténuer les symptômes et les malaises physiques et psychologiques associés à l’arrêt de la consommation: le syndrome de sevrage.
Il faut souligner que ces protocoles d’accompagnement du sevrage ne concernent que les dépendances aux substances; à l’heure actuelle il n’existe pas de médicaments permettant d’accompagner l’arrêt des addictions comportementales, telles que le jeu compulsif.
La phase de désintoxication consiste à « nettoyer » l’organisme de toutes les substances consommées jusqu’alors. Elle peut être effectuée dans un hôpital ou dans le cadre d’un programme de traitement spécialisé et doit toujours faire l’objet d’une supervision médicale, afin d’aborder au mieux les conséquences physiologiques désagréables et potentiellement dangereuses de l’arrêt de certaines substances. Les médicaments utilisés dans le traitement du syndrome de sevrage dépendant du type de drogues utilisé, par exemple, dans le cas d’une forte dépendance aux opiacés (hors traitement de substitution) ces médicaments incluent, en fonction des symptômes, des antalgiques non-opiacés, des antispasmodiques, antiémétiques, antidiarrhéiques et anxiolytiques.
Un cas particulier est celui du sevrage aux barbituriques ou aux benzodiazépines. Ces deux classes de médicaments font l’objet d’un sevrage progressif par lente diminution des doses. Ces types de médicaments ne doivent jamais être arrêtés brutalement, car il existe des risques de complications graves.
Si les programmes à court terme ne sont pas toujours avantageux dans le cas d’une addiction installée de longue date, ils peuvent être suffisants dans le traitement des patients présentant un niveau de dépendance moindre. De plus, beaucoup de ces patients doivent pouvoir rapidement revenir vers leurs responsabilités professionnelles ou familiales et ne peuvent s’engager que dans l’un de ces programmes à court terme. C’est la raison pour laquelle les personnes les plus motivées au traitement peuvent tirer profit d’un programme de traitement de 28 jours et d’un programme de suivi ambulatoire postérieur.
De façon typique, les programmes de traitement de 28 jours incluent une période de sevrage médicalement supervisé de 7 jours, suivi d’une phase de 21 jours réservée à l’évaluation et au counselling intensif. Au cours de cette période, les patients s’efforcent de connaître les raisons de leur addiction et apprennent diverses stratégies visant à éviter les rechutes. Ces programmes sont fondés sur des thérapies cognitives et comportementales.
Ces programmes résidentiels sont souvent plus fructueux que des programmes à plus court terme. Lorsqu’une personne est aux prises avec une addiction, c’est sa vie tout entière qui s’en trouve bouleversée. Les conséquences émotionnelles, physiques, comportementales et sociales de l’addiction sont profondes, c’est pourquoi, il est nécessaire de prévoir un traitement d’une durée suffisante pour donner aux personnes l’accompagnement, les outils et l’encouragement nécessaires pour améliorer leur estime de soi, leur bien-être et leur qualité de vie dans son ensemble.
Ces programmes utilisent les mêmes stratégies que les programmes à plus court terme. Après la phase de désintoxication puis d’évaluation, un plan de traitement individuel est mis en place. Par la suite, grâce aux thérapies cognitives et comportementales, le patient apprend à modifier ses processus de pensée autodestructeurs, puis en analysant les causes profondes de son addiction, il parvient à découvrir des mécanismes lui permettant d’affronter son stress, sa colère, ou d’autres émotions, sans avoir à recourir à l’usage de substances ou à d’autres comportements addictifs. Les programmes résidentiels à moyen terme ont une durée de 60 à 90 jours et les programmes à long terme ont une durée de six mois, voire jusqu’à 12 mois dans les communautés thérapeutiques.
Les programmes ambulatoires de traitement conviennent souvent mieux aux personnes occupant un emploi ou bénéficiant d’un soutien social adapté. Ces programmes peuvent varier selon le type et l’intensité des services offerts. Certains programmes de faible intensité consistent avant tout à apporter une information en matière de drogues, tandis que les programmes intensifs en traitement de jour offrent des services comparables à ceux qui sont fournis par des établissements résidentiels.
Tous ces programmes sont adaptés aux caractéristiques et aux besoins de chaque personne. Beaucoup de programmes ambulatoires de traitement s’appuient sur des activités de counselling de groupe, souvent très efficaces. Enfin, certains programmes ambulatoires sont aussi conçus pour traiter les patients souffrant de problèmes médicaux ou de problèmes de santé mentale en plus des troubles liés à l’usage de substances.