Femmes et addictions
1 sur 3 usagers de drogues ayant besoin d’un traitement est une femme
Mais seule 1 personne en traitement sur 5 est une femme
Les femmes font face à de multiples obstacles à l’accès et à l’adhésion au traitement et demeurent sous-représentées dans les espaces d’intervention.
Au plan général, 1 personne présentant une consommation problématique sur trois est une femme, mais seulement une personne en traitement sur cinq est une femme, accentuant l’écart entre les sexes au sein des programme résidentiels de réadaptation et en particulier les femmes qui font usage de stimulants de type amphétamine: 1 sur 2 est une femme, mais elles ne réprésentent qu’une personne sur 4 en traitement
Source: World Drug Report 2023
Accès au traitement:
Les barrières auxquelles les femmes font face
Les femmes sont confrontées des obstacles qui peuvent avoir un impact significatif sur leur capacité à rechercher et à poursuivre un traitement, ce qui, en fin de compte, entrave leur rétablissement et leur bien-être général. Ces obstacles comprennent:
Manque de services adaptés à leurs besoins – les femmes qui utilisent des drogues sont susceptibles d’être affectées par d’autres facteurs nécessitant une attention particulière dans le cadre d’une approche globale, par exemple les survivantes de violences sexistes et de traumatismes, les femmes souffrant de comorbidité (addictions et problèmes de santé mentale), les travailleuses du sexe, les femmes privées de leur liberté et les femmes racialisées.
Stigmatisation sociale accrue et double stigmatisation – les femmes peuvent hésiter à se faire soigner par crainte d’être jugées et mises à l’écart ; en outre, les femmes qui utilisent des drogues sont confrontées à une double stigmatisation, d’une part parce qu’elles consomment des substances, et d’autre part parce qu’elles ne respectent pas les rôles de genre que l’on attend d’elles.
Attentes et responsabilités familiales – les femmes sont traditionnellement celles qui s’occupent des enfants et qui jouent un rôle central dans l’organisation de leur famille ; elles sont donc plus susceptibles que les hommes d’éprouver des difficultés à participer à des sessions de traitement régulières en raison de ces responsabilités.
Absence de services de garde d’enfants dans les programmes – peu de programmes proposent des services de garde d’enfants et nombreuses sont celles qui ont du mal à trouver des solutions abordables et fiables ailleurs, ce qui rend plus difficile pour elles d’entrer en traitement et d’y rester.
Peur des conséquences juridiques – les femmes peuvent avoir peur de parler de leur problème d’addiction par crainte de perdre la garde de leurs enfants.
Violence du partenaire intime – certaines femmes qui utilisent des drogues peuvent être piégées dans des relations abusives et ne disposent pas du soutien et des ressources nécessaires pour quitter leur partenaire et suivre un traitement.
Obstacles socioculturels – les femmes qui utilisent des drogues peuvent être confrontées à des obstacles au sein même du réseau de services de traitement, notamment un manque de services adaptés à leur culture, de moyens de transport, d’horaires d’ouverture inadaptés, de services de garde d’enfants, etc.
Supprimons les obstacles qui empêchent les femmes
d’accéder aux services dont elles ont besoin
En tant que société, nous devons faire davantage pour améliorer l’accès des femmes aux programmes de traitement des addictions, notamment en relevant les principaux défis auxquels elles sont confrontées, à savoir:
- LE MANQUE DE SERVICES ADAPTÉS AUX BESOINS DES FEMMES
Il est urgent de développer des services adaptés aux besoins spécifiques des femmes en termes d’accès, d’heures d’ouverture, de transport, de localisation, d‘activités, d’infrastructures, de garde d’enfants, etc. En outre, d’autres mesures de soutien doivent être proposées, notamment des services de santé sexuelle et des options sexospécifiques telles que le logement, les groupes de soutien par les pairs et les équipes féminines.
- INVISIBILISATION DE L’USAGE PROBLÉMATIQUE DE DROGUES CHEZ LES FEMMES
Pour surmonter cet obstacle, il est essentiel de mieux comprendre les caractéristiques de l’addiction chez les femmes, d’adapter les protocoles, de former le personnel et, enfin, de collecter des données ventilées par sexe.
- ATTITUDES ET CROYANCES DES PRESTATAIRES DE SERVICES
Il est essentiel de sensibiliser et de former le personnel aux aspects sexospécifiques de l’addiction, afin que chacun puisse remettre en question ses propres stéréotypes et améliorer ses interventions, garantissant ainsi un soutien efficace.
- STIGMATISATION ET DOUBLE STIGMATISATION
Il faut s’interroger sur le rôle joué par les médias dans la stigmatisation sociale des femmes qui utilisent des drogues, mettre en œuvre des campagnes de prévention sexospécifiques plus susceptibles d’atteindre les femmes et les jeunes filles, rendre les centres de traitement plus flexibles et plus ouverts, et fournir aux professionnel·les une formation appropriée sur les questions de genre.
Photo de Suhyeon Choi sur Unsplash