Dès 1945, les ONG obtiennent une forme de reconnaissance officielle au sein d’une organisation internationale : en vertu de l’article 71 de la Charte des Nations Unies, les ONG peuvent se voir accorder un statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) de l’ONU. Par la suite, afin de répondre à la diversité, à l’ampleur des compétences et aux moyens croissants dont disposent les ONG, l’ECOSOC adopte en 1996 une nouvelle résolution qui actualise les dispositions antérieures et ouvre la voie à des partenariats plus étroits. La résolution 1996/31 de l’ECOSOC constitue la base juridique actuelle qui régit les « relations aux fins de consultation entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations non gouvernementales »
Aujourd’hui, plus de 3700 ONG disposent d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC et leur nombre a doublé entre 2000 et 2010. Au-delà de ce nombre en croissance constante, il faut noter que les ONG ont une influence active dans le fonctionnement de l’ensemble des organisations internationales, selon des modalités très variables. Ces ONG peuvent ainsi être consultées, voire associées aux délibérations et à la mise en œuvre de certaines décisions des organisations internationales. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) collaborent par exemple avec plusieurs centaines d’ONG.
Les ONG ont durant longtemps tenu un rôle simplement consultatif et/ou opérationnel au sein du fonctionnement ou du processus décisionnel des organisations internationales. Aujourd’hui, en revanche, un grand nombre d’entre elles sont désormais associés à la définition des politiques et des priorités des programmes des organisations internationales.
Rôle de la société civile organisée
Certaines ONG ont acquis des compétences opérationnelles et une maitrise de différents secteurs d’activités, générant une expertise technique indispensable à un débat bien informé et à l’exercice d’un contre-pouvoir performant. Ces ONG jouent un rôle de diplomatie non gouvernementale qui élargit les fonctions qu’elles sont susceptibles de jouer sur la scène internationale (rôles traditionnellement réservés aux acteurs souverains), comme la médiations des conflits, l’action humanitaire, etc.
Ce rôle dévolu aux ONG est un acquis irréversible. Par le biais de leurs acteurs organisés (les ONG) la société civile et l’opinion publique deviennent de plus en plus actifs sur la scène internationale avec des moyens de plus en plus performants (moyens techniques, expertise, moyens d’information et de communication). La société civile organisée réclame de pouvoir participer à la résolution des problèmes internationaux, qui avec la mondialisation, deviennent aussi des problèmes régionaux, nationaux et locaux.
Mettre en oeuvre des alliances et des projets communs
Les ONG et le tiers secteur en général naissent souvent dans le but de voir disparaître le problème même pour lequel elles sont créées – « drogues, sida, pauvreté ou exclusion sociale ». Ce principe caractérise un comportement de développement et de croissance propre aux organisations, en impliquant pour ces dernières la nécessité de continuellement s’adapter à leur raison d’être propre et à leur sentiment d’être utiles. C’est pourquoi nous croyons que la nature même de nos organisations s’inscrit dans le développement, celui-ci étant compris comme l’ensemble des processus de maturation et d’apprentissage au moyen desquels une organisation parcourt son cycle de vie et renouvelle son potentiel dans le but d’évoluer et de s’adapter aux nouveaux besoins, et non en vertu d’un développement organisationnel dénué de sens.
Après une première époque marquée par la spontanéité et l’esprit pionnier, nombre de ces organisations ont connu d’importants processus de professionnalisation et d’institutionnalisation qui, peu à peu, leur ont permis de passer de la culture de l’héroïsme à celle de la responsabilité sociale et de se positionner en tant qu’interlocuteurs fiables et crédibles.
Dans ce contexte, le développement de projets communs et d’alliances entre les organisations du tiers-secteur représente la meilleure garantie d’un développement cohérent qui évite les comportements autoréférentiels ou une trop grande fragmentation qui font trop souvent obstacle à l’unité d’action du tiers-secteur, condition nécessaire à l’obtention résultats probants dans la poursuite d’un objectif de changement social.
Une société plus inclusive et plus juste grâce au tiers secteur
Nous vivons une période de transition historique entre l’âge de l’excès du 20ème siècle et celui de la modération du 21ème. À présent que le mythe de la croissance infinie a montré ses limites, nous devrons désormais apprendre à vivre autrement.
C’est la raison pour laquelle un défi immense nous attend : garantir un système de santé et de protection sociale juste, solidaire et soutenable, dans un contexte économique différent. C’est là qu’entrent en jeu la société civile organisée, le tiers-secteur en général. Ce dernier peut mobiliser des ressources et des moyens avec une moindre dépendance à l’argent, car il sait le compenser (et parfois le remplacer) par la passion, la compétence, la générosité et l’engagement. La synergie du secteur public et du tiers-secteur est une réponse essentielle au défi qui nous attend, celui de la soutenabilité des systèmes de santé et de protection sociale.
Le tiers secteur peut devenir un acteur fondamental de l’évolution et du développement des communautés et pour aider à maintenir le lien de solidarité qui unit les Etats et leur population, dans l’objectif de construire une société plus inclusive, plus juste et plus équilibrée.