Contribution de l’ONG Dianova aux défis identifiés dans la Déclaration ministérielle de 2019 pour alimenter le processus préparatoire de mars 2024
Contribution au défi:
Les services de santé et de traitement des addictions ne répondent toujours pas aux besoins et les décès liés à l’usage de drogues ont augmenté
Développements positifs au cours des dernières années
- Meilleure visibilité de la nécessité de fournir des services de traitement fondés sur une approche de santé publique et de droits humains. Importance significative de la reconnaissance du « manque et de l’inégalité d’accès au traitement et à la réduction des risques » comme un défi en matière de droits humains, tel que mentionné dans le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme intitulé « Enjeux en matière de droits de l’homme de la mobilisation et de la lutte contre le problème mondial de la drogue sous tous ses aspects« , présenté lors de la 54e session du Conseil des droits de l’homme – Lire l’article
- Compréhension du traitement comme devant être centré sur la personne, avec l’objectif de répondre aux différents besoins et rythmes avec différents programmes et modalités au sein d’un continuum de soins, ainsi qu’une plus grande reconnaissance de l’importance des services de réduction des risques et des dommages.
- Une plus grande reconnaissance de la nécessité d’intégrer la dimension de genre dans les politiques et les services en matière de drogues (ce qui devrait se traduire par des actions concrètes sur le terrain).
- Les innovations issues des réponses données au COVID-19 : une plus grande flexibilité dans la prescription de méthadone et la reconnaissance du soutien communautaire.
Les évolutions négatives de ces dernières années qui requièrent plus d’attention
- Comme le montrent les dernières données du Rapport mondial sur les drogues 2023, il n’y a pas assez de programmes de traitement des addictions pour répondre à la demande. De nombreux services ont été sérieusement affectés par les contraintes budgétaires de l’ère post-COVID. Bien que les services de traitement de la demande de drogues soient de plus en plus considérés sous l’angle de la santé publique, ces mêmes services ne sont toujours pas considérés comme essentiels dans de nombreux pays, ce qui risque de compromettre leur fonctionnement, leur viabilité et leur stabilité. Les services de traitement des addictions sont généralement sous-financés, ce qui se traduit par un manque de ressources, de personnel spécialisé et de programmes adaptés à la situation actuelle.
- Les options de traitement sont non seulement rares et difficilement accessibles, mais de nombreux endroits présentent de longues listes d’attente dans les services d’attention primaire, y compris la désintoxication et l’admission précoce en traitement, tandis que les programmes spécialisés sont notoirement difficiles d’accès.
- Dianova a été témoin du faible soutien accordé aux services résidentiels par les autorités publiques. Si l’offre de services ambulatoires est aujourd’hui plus importante, ce qui est très positif, il est important de rester vigilant sur le fait que les services résidentiels sont cruciaux pour une partie de la population qui ne répond pas efficacement aux services ambulatoires, et qu’il est donc nécessaire de garantir ces services. La logique économique ne doit pas être le seul principe directeur de l’allocation des fonds aux différentes méthodes de traitement.
- Il existe une énorme lacune en ce qui concerne la fourniture de services de réintégration. Cette lacune met en péril l’efficacité des services de traitement. Dans l’ensemble, il devrait y avoir une plus grande coordination entre les services, y compris ceux consacrés à la santé mentale, à la violence fondée sur le genre, au sans-abrisme, entre autres.
- La prévention, en tant que domaine essentiel et éprouvé de la réduction de la demande de drogues, mérite une attention et un investissement accrus. Ce domaine de travail a un impact direct sur les questions liées à la santé et devrait être renforcé, compte tenu de la terrible réalité et des projections futures en matière de consommation de drogue.
- La stigmatisation associée à l’usage de drogues – en particulier à l’égard des femmes – persiste à tous les niveaux. Il a été démontré que la stigmatisation des addictions empêche de nombreuses personnes de se faire soigner ou de demander de l’aide. Il est essentiel de s’attaquer à ce problème, en déployant des efforts particuliers pour éliminer la stigmatisation parmi les professionnels de la santé.
Recommandations de Dianova
- Il est nécessaire d’améliorer et d’étendre l’offre de traitement des addictions dans le monde, notamment en promouvant des modèles de financement durables pour les services de réduction de la demande.
- Promouvoir la mise en œuvre d’une perspective de genre dans les services sur le terrain et encourager le développement de services réservés aux femmes.
- Améliorer l’accessibilité des services de traitement pour les populations en situation de vulnérabilité, en particulier les femmes, les réfugiés, les migrants sans papiers, les sans-abri, etc.
- Investir dans la formation des professionnels dans tous les domaines liés à la réduction de la demande de drogue, y compris la santé mentale, l’attention primaire, les services pour les femmes victimes de violence physique et sexuelle, les services de soutien aux sans-abri, etc.
- Dianova estime que la prévention doit être considérée comme un défi supplémentaire pour l’avenir du travail de la CND.
- Prendre des mesures au niveau international pour promouvoir la décriminalisation de la consommation de drogues pour usage personnel, ce qui aurait des conséquences positives en termes de santé publique et de droits humains.
- Il convient d’accorder une plus grande attention aux comportements addictifs sans substances, en particulier chez les jeunes.
- Il est essentiel de renforcer la réponse à la crise des opioïdes dans le monde en adoptant une perspective holistique qui englobe tous les aspects de la réduction de la demande de drogue, y compris le traitement et la prévention, la réduction de l’offre, les réponses judiciaires, etc.